CH1 - HANNAH

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Havenbroke (Connecticut), 12 Février 2005.

Je me réveillai brusquement, en sueur. Mon corps me brûlait, ma respiration était saccadée et mes oreilles bourdonnaient. J'avais beau être habituée au phénomène, ça ne changeait rien. J'en ressortais toujours dans un état lamentable.

— Bon sang !

J'avais la voix éraillée comme si je venais vraiment d'échapper aux flammes et mon cœur battait à tout rompre. Ça n'était peut-être qu'un rêve mais je restais persuadée d'une chose : je me trouvais vraiment là-bas avec lui.

Je regardai mon réveil : 4 h 45.

Génial !

Trop tard pour se rendormir et un peu tôt pour se lever. Que faire ?

Après un soupir de résignation, je passai les jambes en dehors du lit et marchai jusqu'au grand miroir fixé au mur. J'avais vraiment une sale tête. Méconnaissable ! Je semblais fiévreuse et mes yeux étaient toujours agrandis par l'effroi. Si je continuais sur cette lancée, je ne donnais pas cher de ma peau. Soit les Démons avaient raison de moi, soit je finirai par m'effondrer d'épuisement.

Satané cauchemar !

Ça devenait vraiment invivable. Après un coup d'œil maussade à mon reflet, je me glissai dans la salle de bains. Heureusement, l'étage de la maison avait été aménagé spécialement pour moi. Nous avions suffisamment d'espace pour que mes grands-parents se contentent du rez-de-chaussée sans problème. Et de cette façon, je gardais une vraie intimité. Depuis quelques mois, c'était plus que bienvenu avec toutes ces visions. Je refusais de les inquiéter plus qu'ils ne l'étaient déjà.

Je retirai mon tee-shirt de nuit et m'approchai de la douche pour faire couler l'eau chaude. C'est alors que je remarquai les brûlures qui recouvraient mes deux mains.

Bon sang !

Depuis toute petite, je voyais les évènements avant qu'ils ne se produisent : des rêves, des cauchemars, des visions éveillées. Je ne souhaitais à personne de naître avec de telles facultés.

Maudites soient-elles !

Avec le temps, j'avais fini par considérer ce don comme une partie de moi-même. Évidemment, ça avait eu quelques conséquences sur ma vie sociale. Dans une petite ville comme Havenbroke, impossible de conserver le moindre secret. Les habitants m'observaient avec méfiance et m'évitaient. Ils prétendaient que j'étais damnée qu'il ne fallait pas s'approcher de moi.

À l'école, les autres enfants m'avaient longtemps persécutée. Ils disaient que j'attirais le malheur sur leur ville, que j'étais une fille du malin, une sorcière. À de nombreuses reprises, j'étais rentrée de l'école en larmes. Personne ne désirait jouer avec moi. J'étais trop différente, pas comme il fallait.

Predenna et Charles Davidson, mes grands-parents, souhaitant me protéger à tout prix, décidèrent de m'offrir un enseignement à domicile. Ils évitaient également les grandes occasions telles que les fêtes traditionnelles, les défilés de Main Street*, les rassemblements d'East Green*, ou tout ce qui pouvait me mettre en relation avec nos voisins superstitieux et bornés.

Seulement, me « dissimuler » envers et contre tout, n'avait pas arrangé les choses. Loin de là. Je savais maintenant, avec le recul, que ça n'avait fait qu'amplifier cette image sombre que l'on avait de moi.

Hélas, ma grand-mère était entêtée. Bien plus que moi. Impossible de la faire changer d'avis à ce sujet ! Ses origines irlandaises sans doute !

La Prophétie des Anges 1.TraquésWhere stories live. Discover now