PROLOGUE

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C'est toujours pareil. Le même rêve encore et encore.

Des arbres à perte de vue et les étoiles pour seule compagnie. Une course à perdre haleine. Une terreur sans nom et puis... cette sensation d'urgence.

À chaque fois, j'essaie de fuir quelque chose... Quelque chose d'innommable et de menaçant. Et à chaque fois, je ne suis pas assez rapide. Les ombres se referment sur moi. J'ai beau me débattre, crier, rien n'y fait.

Pourtant, je tente de changer les choses. Je tente de démêler le vrai du faux lorsque je m'abandonne au sommeil. Lorsque mes rêves prennent possession de moi.

C'est comme si j'étais coincée avec moi-même. Et ça me tue !

J'ai conscience d'être bien sagement en train de dormir dans mon lit, alors que je vogue vers des lieux et des temps inconnus. Et chaque fois, mes visions ont tendance à prendre vie dans la réalité. Je déteste cette mystérieuse faculté. Je déteste me sentir impuissante tout en sachant ce qui va advenir. Longtemps, je me suis battue, tentant de modifier le cours des choses, mais j'ai vite compris que c'était sans espoir. Mes rêves ne sont qu'un miroir parallèle de notre réalité. Ils me montrent une version de l'avenir, une possibilité de ce qui pourrait être. S'il y a quelque chose à changer, c'est notre destin et non mes visions.

Je redoute de plus en plus ce que je vois.

Au fur et à mesure que je grandis, je sens les Ténèbres se refermer sur moi. Je n'ai aucun contrôle. Ma peur s'intensifie chaque nuit un peu plus et mes rêves deviennent des cauchemars monstrueux.

Mais cette fois, c'est différent, tout droit sorti d'un conte fantastique tant j'ai du mal à y croire. Dans un premier temps, je ne fais que courir encore et encore. C'est un besoin. Une nécessité. Et puis, j'entends un bruissement d'ailes, des feuilles qui s'agitent au-dessus de ma tête.

Je suis perdue !

Peu importe. Je continue coûte que coûte. Je n'ai qu'une certitude : le trouver à tout prix. Avant qu'il ne soit trop tard.

Il faut qu'il aille bien. C'est tout ce qui compte !

J'accélère l'allure avec la force du désespoir, jusqu'à ce que l'on me saisisse à bras-le-corps. Une main griffue étouffe mon cri de panique et me maintient ainsi jusqu'à ce que je suffoque et perde conscience.

Encore...

Tout reste noir durant un long moment. Je suis dans l'attente de reprendre mes esprits, d'ouvrir les yeux. Je suis toujours inquiète de la suite. C'est idiot. Parce que je suis déjà venue. Parce que j'ai déjà vécu cette situation. Je sais déjà quels mots sortiront de ma bouche. Je sais précisément à quel moment je vais bouger et à quel point je suis en mauvaise posture.

Le danger est comme une aura autour de moi. Et surtout... Il m'est familier.

J'ouvre les yeux et retiens mon souffle. Je contemple bêtement mon environnement, une impression de déjà-vu au bout des lèvres. La première fois, j'ai paniqué. La seconde et troisième fois aussi. La quatrième fois, j'ai laissé ma colère et ma frustration me submerger. Mais maintenant, à la vingt-deuxième ou vingt-troisième fois, j'ai épuisé mes réserves. J'attends juste la suite avec fatalité.

Mon épaule blessée me fait grimacer lorsque je me relève. J'essuie machinalement le sang que je sais couler le long de ma tempe. J'aurais tout donné pour me réveiller dans mon lit... Que rien de tout ceci ne se produise encore. Je retiens mes larmes, déterminée à faire face. Pourtant, je suis lasse de cet endroit sombre et humide. Lasse de cette grotte obscure.

La Prophétie des Anges 1.TraquésWhere stories live. Discover now