II. Rituel.

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Un léger rayon de soleil traverse le store de la fenêtre et vient de tout son long au pied du lit. Je le fixe un instant adossé contre le mur. Encore une nuit blanche. Je craque lacement les articulations de mes doigts et me lève pour commencer mon rituel de chaque matin. Déjeuner, me doucher, m'habiller, et me brosser les dents. Je m'admire brièvement en planquant mes cheveux vers l'arrière, plisse ma chemise blanche et laisse quelques boutons ouverts. Je hoche la tête en me persuadant que je suis prêt, j'enfile ma bandoulière et me dirige vers le campus à environ 20 minutes de voiture de là. Je me gare sur le parking des élèves, et m'enfonce dans le couloir principal. Neuf heure trente sonnait sur l'horloge géante de la grande cours alors que je venais tout juste d'arriver dans la salle de cours où je devais être depuis à présent trente minutes. Règle sept, toujours se faire attendre.

« Oh, qui voilà ! Monsieur Tomlinson daigne se présenter à mon cours ? »

J'ignore le sarcasme de mon professeur et m'installe à une table vide au fond du local. Je l'entends soupirer bruyamment d'exaspération et reprendre son cours de lettre. Je sors mon carnet d'essai et recommence à griffonner dessus, un de mes autres rituels. Je lève les yeux un instant vers l'assemblée alors que je réfléchissais sur quel nom j'allais bien pouvoir donner au personnage principal de mon nouveau roman Thriller. Mes yeux glissèrent furtivement de visage en visage, l'inconnu d'hier n'est pas présent. Il n'est donc pas en filière littérature. Je repose mes yeux sur ma feuille et me décide de finir le dernier chapitre de ma création précédente.

Le cours se termine deux heures plus tard, les étudiants rangent leurs affaires et se dirigent vers la sortie. Troisième rituel : j'attends le départ de chacun pour pouvoir à mon tour m'en aller.

Les rituels, ce sont mes repères. Les rituels sont un rappel que mes journées bien quelles se succèdent, son identiques. Chaque matin est le même, chaque midi est le même, chaque soir est le même. Les rituels, c'est une base. Le tronc d'un chêne, qui lui permet d'ouvrir sereinement ses feuilles au printemps arrivant. Seulement moi, je ne fleuris pas quand la saison y advient. Je fane chaque jour un peu plus, je pense. Je fane d'indifférence.

Je me dirige hors du campus ayant une pause de quatre heure avant de reprendre par un cours de langue. Je me dirige à pied vers un petit café non loin de l'université et m'assois en terrasse. Troisième rituel de la journée : boire mon thé seul avec mes pensées.

« - Que puis-je pour vous ?

Une jeune femme, plutôt svelte aux cheveux d'or me regarde souriante, un carnet dans la main prête à écrire ma commande.

- Un thé aux fruits rouges, ça suffira. »

Elle hoche la tête avant de se diriger à l'intérieur de la bâtisse. Son regard en disait long, je lui plais. Et je sais pertinemment qu'à la fin de mon passage, elle glissera son numéro au revers de mon addition. Je sais comment plaire, et j'en joue énormément.

Étant en pleins cœur de Londres, j'observe les passants plus ou moins... Pressés je dirais. Certains sont des touristes, avec leurs appareils photo jetables et leurs yeux ébahis à chaque coin de rue qu'ils aperçoivent. D'autre sont des hommes d'affaires, ayant leurs cellulaire collé à l'oreille, leurs mallettes à la main et leurs pas toujours un peu plus rapide que le précédent. La serveuse me sort de mes rêveries en venant apporter ma commande. Celle-ci se penche excessivement devant moi, m'incitant surement à descendre mon regard vers son décolleté plus prononcé qu'il était il y a quelques minutes. Je n'y prête aucune attention et lui fait comprendre d'un signe de mains qu'elle peut à présent disposer. Celle-ci grimace légèrement avant de se re-diriger à l'intérieur.

« Attendez.»

Cette voix m'est familière, pourtant je ne saurais y mettre un visage dessus. Je lève les yeux et remarque que le jeune homme bouclé de la dernière fois retient la serveuse par le bras.

Let Me Feel.Where stories live. Discover now