CHAPITRE XVI : ÉTERNELLEMENT

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Kadvael tomba à genou, les mains dans les graviers et les yeux rivés au sol, écarquillés. La douleur en lui s'étendit comme un incendie de forêt et il poussa un hurlement de tous les diables. Il lui sembla que son être se consumait, qu'une lave ardente coulait à flot dans son corps, fondant sa chair. Tout partait de son cœur, tout partait de cette forme chaude et palpitante qui s'agitait dans sa poitrine.

- Kadvael !

Evan s'élança hors de la maison, dévala les marches du perron et se dépêcha auprès de Kadvael.

- Kadvael, souffla-t-il en le saisissant aux épaules. Kadvael, qu'est-ce qui t'arrive ?

- Evan... murmura le démon.

Il leva les yeux vers son amant. Ils étaient entièrement rouges, luisants comme les flammes de l'enfer et lâchaient des larmes de sang sur ses joues hâlées. Evan eut un mouvement de recul, l'air horrifié, la figure de Kadvael ne traduisait plus qu'une profonde douleur. Sous ses vêtements noirs, une forme rougeoyante palpitait à tout rompre et ses battements frénétiques émettaient des chocs sourds. Evan tendit deux mains tremblantes et empressées vers lui, puis arracha les pans de sa chemise noire, dévoilant son torse.

- Kadvael... souffla-t-il, non, non, non...

Sa peau s'était fendue au niveau de son cœur, une crevasse sanglante et fragmentée se répandait sur son corps en de multiples fissures, semblables aux cratères d'un volcan en fusion. La plaie, brillante comme une lumière, irradiait d'une énorme chaleur.

- Je t'en prie... ! geignit Evan, les larmes aux yeux. Dis-moi ce qui t'arrive !

- Evan... Je suis désolé. (Deux nouvelles larmes rouges percèrent les yeux de Kadvael et roulèrent sur ses joues.) Je ne pensais pas que le mal se propagerait si vite.

Une expression déchirante transfigurait Kadvael. Evan lui jeta un regard perdu, plein d'incompréhension et d'une tristesse grandissante. Il tenta de prendre le démon dans ses bras mais le relâcha immédiatement, poussant un cri de surprise. Kadvael était brûlant, comme le feu, intouchable.

- Je... Je... (Il gardait les mains autour de Kadvael, sans savoir où les mettre, désirant plus que tout de le toucher. Evan assistait, impuissant, à sa lente désagrégation.) Kadvael je peux plus te toucher ! T'es en train de...

- Mourir.

Evan leva deux yeux larmoyants vers son amant et toute sa physionomie sombra dans la douleur.

- C'est à cause de moi ! lança-t-il brutalement. C'est à cause de moi, c'est ton cœur, c'est moi j'ai...

- Evan, souffla Kadvael d'une voix rauque. Evan, je t'en supplie arrête.

- Je suis désolé... répondit mécaniquement le jeune homme et des larmes lui débordèrent sur le bord des yeux.

- Evan, la dernière chose que je souhaite c'est de te voir souffrir... (Il grogna et réprima un cri de douleur.) Alors, s'il te plaît, cesse de croire que c'est de ta faute.

- Mais... Je veux pas que tu meurs. (Deux nouvelles larmes dévalèrent sur ses joues.) Pourquoi tu meurs... ?

Les fissures continuaient de s'étendre sur le corps de Kadvael, elles se craquelaient et dévoilaient un dessous en feu, comme des braises rougeoyantes. Il suffoquait, toussait et crachait des gerbes de cendres.

- S'il te plaît, ne m'en veux pas, chuchota Kadvael, je n'ai pas voulu te le dire tout de suite. (Il eut un sourire ironique.) Tu semblais tellement heureux.

Be my slave and I'll be your loverWhere stories live. Discover now