CHAPITRE XI : UN COEUR

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Evan toisa les marques de crocs qui constellaient son torse avec un air désabusé, puis les fit disparaître sous son t-shirt. Sur sa poitrine reposait, petit poids encore froid, le collier de sa mère et il le serra dans son poing fermé. Vers dix heure, avant que les deux jeunes gens ne s'en aillent, Kadvael fit venir une infirmière jusque dans l'hôtel pour que celle-ci change le bandage d'Evan. Puis le parfait petit faux couple quitta les lieux.

Le soleil était au rendez-vous lorsqu'ils débarquèrent devant l'hôtel. La longue voiture noire se présenta bientôt un peu plus loin, sur le bord de la route.

- On marche plutôt ? lança Evan en s'éloignant. J'ai envie de profiter du soleil.

Kadvael se détourna de son véhicule et se dépêcha de rejoindre le jeune homme qui était déjà loin.

- Où est-ce que tu vas ?

- J'ai besoin de vêtements, répondit-t-il avec un air affecté, tout est chez mon père.

Kadvael haussa un sourcil et secoua la tête. Evan ne s'arrêtait jamais d'avancer.

- Si ce n'est que ça, il n'y a qu'à envoyer Blair te chercher des vêtements c'est...

- Non, coupa Evan avec désinvolture, elle va me ramener des costards ou ce genre de trucs pourris. J'ai juste besoin de fringues à me mettre sur le cul, tu comprends ?

- Oui je comprends, répondit Kadvael en s'efforçant d'ignorer le ton condescendant du jeune homme, et il me semble que tu n'es pas obligé de faire ça toi même. Je t'ai dit que... Evan !

Evan accélérait la cadence et Kadvael avait l'impression grandissante de le suivre. Pire, il l'obligeait à lui courir après comme un teckel apeuré à l'idée de perdre son maître. Cette pensée piqua en plein dans son orgueil, aussi il attrapa brusquement le bras d'Evan et le tira un bon coup.

- Je te parle, siffla-t-il sur un ton menaçant.

Le jeune homme s'arrêta net et fixa sur lui un regard de chiot battu. Kadvael s'immobilisa, le bras d'Evan toujours dans sa main, il jeta un œil aux alentours et vit que l'attention des passants était rivée sur lui. Il serra les dents, relâcha le jeune homme, puis força un sourire.

- Excuse-moi, dit-il doucement, où souhaites-tu que l'on aille ?

Evan fixait Kadvael, son expression s'adoucit comme si elle n'eut été que calme, mais une lueur finaude lui passa dans le regard et agaça le démon. Il le faisait exprès. Il avait encore mal au niveau du bassin, plus encore au niveau du cœur et avait bien l'intention de lui faire payer.

- Je ne sais pas, minauda-t-il. On va aller de magasin en magasin comme les petits pédés que nous sommes et moi, je vais explorer les limites de ton compte en banque.

Kadvael reçut la pique bien droit dans son amour-propre. Les provocations d'Evan, aussi frivoles soient-elles, titillaient son orgueil démesuré de démon. Il n'avait absolument pas le droit de faire payer au jeune homme son insolence, ou du moins, pas pour le moment.

- Très bien mon amour, soupira-t-il en lui prenant la main, on fait ce que tu veux.

Evan lui adressa un large sourire, toutes dents visibles et entraîna le magnifique démon par la main. La matinée fut longue, beaucoup trop longue, Evan traînait le pas entre les étalages et piquait toutes sortes de vêtements dans les rayons, des choses sur lesquelles jamais il n'aurait posé la main si ce n'avait été pour ennuyer son accompagnateur. Il prenait son temps pour les essayer, tournait sur lui même, dans un sens puis dans l'autre, demandait son avis à Kadvael, décrétait que tel ou tel vêtement n'était pas à sa taille et, dans ce cas, envoyait son obligé du jour lui en chercher d'autres. Il sortait des boutiques avec des paquets de sacs et les refourguait à Kadvael, arguant qu'il pouvait bien l'aider à porter.

Be my slave and I'll be your loverWhere stories live. Discover now