Chapitre 18 : Un bordel sans fin

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– Cole –

Je fermai lentement la porte derrière moi, mais je ne pouvais pas repousser ce moment davantage. Je n'avais pas le choix, je devais l'affronter coûte que coûte et prétendre qu'absolument rien ne s'était passé.

En m'asseyant devant elle, je lui adressai un sourire qu'elle me rendit immédiatement et j'allumai par la même occasion une cigarette. Que ça pue la clope n'avait rien de professionnel, mais peu importe...

— Ça va ? s'inquiéta-t-elle. Tu as l'air assez tendu...

— Juste le travail... Assez épuisant en ce moment, mais rien de grave.

— Tu ne devrais pas fumer dans ton bureau, lança-t-elle d'un ton plutôt réprobateur.

— Tu as un problème avec la clope maintenant ? m'étonnai-je.

Paris n'avait jamais touché à la moindre cigarette de sa vie, même pas pour essayer alors que je lui avais proposé plusieurs fois. Cependant, elle n'avait jamais montré le quelconque dégoût ou la quelconque gêne. Elle n'avait pas non plus essayé de me faire arrêter comme certains avaient pu tenter de le faire. Au contraire, Paris s'en fichait, même si elle s'amusait parfois à me dire que je ferais moins le malin lorsque ça me causerait un cancer.

— En fait, je dois te parler de quelque chose d'assez important pour moi, annonça-t-elle d'un air grave.

C'était bien la première fois que Paris prenait ce ton-là avec moi, quelque chose devait vraiment lui avoir miné le moral pour qu'elle en arrive là.

J'éteignis ma cigarette du bout des doigts, préférant la continuer tout à l'heure, et me penchai vers elle, les coudes sur mon bureau, lui donnant toute mon attention, peu importe de quoi il s'agissait.

Elle baissa sa tête pour éviter mon regard et tritura ses doigts. Sa bouche s'entrouvrait mais aucun son n'en sortit. Elle hésitait vraiment à m'en parler et je ne savais pas vraiment comment réagir. Ce n'était pas son genre de se comporter ainsi, ce pourquoi je me préparais mentalement à quelque chose d'assez perturbant et peu plaisant.

— J'aurais dû t'en parler il y a quelques années... Je n'ai pas saisi l'occasion sur le coup, et puis j'ai préféré ne rien dire. Mais je préfère être honnête avec toi, on a toujours été honnête entre nous alors...

Sa voix s'éteignit et elle releva sa tête. Elle cherchait ses mots, butait presque sur chacun d'entre eux. Je n'avais toujours pas la moindre idée de ce qu'elle voulait me dire, mais je ne pus m'empêcher de sortir une connerie :

— Tu es amoureuse de moi c'est ça ?

— Mais non abruti ! s'écria-t-elle, laissant apparaître enfin un sourire. Ce que tu peux être con des fois !

— Tu peux continuer, je voulais m'assurer que ce n'était pas grave.

Elle secoua la tête en levant les yeux au ciel. Je savais très bien que Paris ne ressentait pas le quelconque sentiment amoureux pour moi et n'en ressentirait jamais. Ça n'avait absolument rien à voir avec une putain d'histoire de friendzone, juste que nous n'étions pas compatibles en tant que couple. Même en tant qu'amis nous étions à la limite de la compatibilité, c'était pour dire...

— Dis-moi Paris, qu'est-ce qui te fout dans un tel état ? m'enquis-je, ne supportant pas de la voir ainsi. Je peux comprendre.

— Il y a quelques années, tu n'aurais pas compris justement.

— Bon, arrête de tourner autour du pot et dis-moi clairement, insistai-je en prenant le ton le plus rassurant que je pouvais. Enfin, si tu as envie de me le dire...

La Décadence des Flamants - Tome 5Where stories live. Discover now