La Décadence des Flamants - Tome 5

Chapitre 7 : Le retour à la réalité

– Cole –

Heather m'observait nouer ma cravate, assise sur le bord du lit.

— Tu es sûre de ne pas vouloir venir ? m'enquis-je.

— Sûre. Je n'ai pas trop envie de croiser Hanna.

— C'est pour Dolly, lançai-je dans un murmure.

Elle baissa son regard et ramena un genou contre elle. Je m'étais peut-être mal exprimé sur ce point.

— Tu présenteras mes condoléances à sa famille et ses proches, ajouta-t-elle en fixant le sol.

Je m'assis à ses côtés, la prenant dans mes bras en espérant la rassurer d'une certaine manière.

— Ce n'est pas grave que tu ne viennes pas...

— Après tout, tu étais plus proche d'elle que je ne l'étais.

— Dolly t'appréciait beaucoup, elle n'a pas hésité à me le dire des tas de fois. D'ailleurs, elle a été la première déçue lorsque je lui ai annoncé notre divorce. Toutes les autres personnes présentes à ce moment se sont amusées de la nouvelle, prétendant que j'étais de nouveau libre... Seule Dolly a compris. Elle a toujours mieux compris que tout le monde...

Quelques jours après que le divorce fut prononcé, j'avais annoncé la nouvelle lors d'une soirée entourée de Mitt, Dolly et d'autres personnes dont je ne me rappelais plus. Ce soir-là, j'avais abusé sur l'alcool jusqu'à m'en faire vomir et finir dans les toilettes à m'en déchirer les tripes. Dolly était venue me voir, prenant le risque de rentrer dans les toilettes pour hommes. Elle avait compris que Heather n'était pas qu'une femme comme une autre à mes yeux. N'importe qui l'avait vu, sauf moi, parce que c'était trop demander pour moi à cette époque d'accepter qu'un sentiment comme l'amour puisse exister.

Elle était restée avec moi le temps que mes haut-le-cœur passent tout en me rassurant. Après avoir torturé mon estomac, c'était au tour de mon visage à coup de larmes. N'importe qui se serait moqué de moi, sauf Dolly.

Elle n'avait pas tenté de me faire accepter le fait que je l'aimais. Elle n'avait pas tenté de me dire que ce n'était rien. Elle avait été là. Elle avait toujours su la souffrance qu'était ma vie sans avoir eu à poser la moindre question.

Puis entre quelques pleurs et avec l'alcool toujours à son summum dans mon organisme, j'avais murmuré que je voulais qu'elle revienne, qu'elle me manquait. En théorie, j'avais Lana, mais j'avais autant de sentiments pour elle qu'une plante verte, et encore...

Dolly ne m'avait pas conseillé d'aller voir Heather en rampant, de m'excuser ou de faire la moindre action dans l'immédiat. Elle m'avait proposé d'attendre, de ne rien faire de manière impulsive. Elle savait à quel point Heather était une femme bien et ne me l'avait pas rappelé pour ne pas me faire culpabiliser. Elle ne l'avait pas insultée par respect.

Puis quand nous avions rejoint les autres, la fête avait repris de plus belle. Bien évidemment, certains avaient émis l'hypothèse que nous avions couché ensemble. Tout le monde pensait même que Dolly trompait Mitt avec moi. Pourtant, c'était une des rares femmes avec qui il ne s'était rien passé. Une des rares avec qui je n'avais pas besoin de coucher pour me sentir proche d'elle et m'assurer de sa présence. Je savais qu'elle ne partirait pas...

— Dolly était une personne formidable, soufflai-je après m'être remémoré ces souvenirs. Foutu cancer...

— Quand on s'est croisé pour la première fois à son mariage, j'ai compris qu'elle t'avait très bien cernée.