Une vie en soi

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PDV Aïlla


Je ne comptais plus les jours, je ne savais même plus quel jour on était. Je tombais lentement dans une profonde et triste mélancolie. Le noir qui m'entourait m'étouffait, je ne pouvais rien faire sans tomber ou me prendre quelque chose. Mais le pire c'était de ne pas l'avoir au près de moi. Il m'avait abandonné au moment où j'avais le plus besoin de lui. Il était mon repère. Et pourtant, il n'était plus là, il m'avait laissé. Je me rappelai très bien de ce moment de trouble quand je m'étais réveillée en France et non à Dielli. Les pleurs de ma mère résonnaient encore dans ma tête. Mais c'était surtout l'incompréhension qui m'avait gagné qui restait coincée dans mon cœur. Je ne voyais rien, ce qui rendait mon mal être beaucoup plus intense. J'avais dû rester 2 mois de plus à l'hôpital pour qu'ils me surveillent et voient l'évolution de l'œdème étant la cause de ma cécité. Laina était venue me voir mais j'avais refusé qu'elle se montre à moi. En réalité, j'avais éloigné tout le monde de moi, même Jeremy. Je me levais de mon lit d'hôpital, je levais un peu la main droite pour me guider. Je m'accrochais à un des meubles et me déplaçais avec difficulté jusqu'à la fenêtre. Quand je sentis le verre frais de celle-ci, je soupirai en collant mon front dessus. Mon bandage me faisait mal, l'infirmière l'avait beaucoup trop serré. En même temps, je pouvais la comprendre, j'étais exécrable. Je voulais enlever ce bandage et me plonger dans la lumière du soleil mais c'était impossible. La télé était allumée, j'entendais au loin des voix, mais je n'y faisais pas attention. La porte s'ouvrit et je reconnus la personne par ses pas et sa canne: Jeremy. Je n'avais pas pu voir l'état de ses blessures, pourtant je pouvais sentir qu'il souffrait encore. Il essayait de cacher sa douleur quand il était avec moi, cependant je n'étais pas dupe.

_ J'ai pourtant demandé à ce que j'ai aucunes visites.

_ Aïlla... ton oncle est là.

_ Raison de plus. Je ne veux plus entendre parler de qui que ce soit. Au moins j'ai une chance dans mon malheur... je n'ai pas à vous voir !

Je me retournai et je me mordis fortement les lèvres. Les ténèbres s'empressèrent de me rappeler à l'ordre. Je perdis un peu l'équilibre et me rattrapai au rebord de la fenêtre. Un pas de plus. Je levais la main pour le stopper ou stopper mon oncle. Je ne savais pas qui était près de moi. Je me laissai glisser contre le mur et ramenai mes genoux jusqu'à ma poitrine. Je cachai ainsi ma tête, je me créais ainsi un bouclier. Des bottes vinrent vers moi. Akash, je pourrais reconnaître sa démarche sure et puissante. Je sentis rapidement sa présence près de moi. Je me décalais un peu gardant mon visage caché. Les larmes commencèrent à monter et me brûlèrent les yeux. Sa main se posa sur mon épaule et j'eus un sursaut.

_ Tu vas pouvoir sortir aujourd'hui. Ton père devait rester au Royaume pour le...

_ Le couronnement de Baskar, je sais pas besoin de me le rappeler.

_ Aïlla, tu te fatigues. Je n'aime pas te voir comme ça. Tu refuses même que le docteur t'ausculte. Tu te mets en danger et je suis sure que tu t'en rends pas compte.

Je relevais la tête et la tournai vers ce qui me semblait être son côté. Il déglutit avant de poser une main sur mon visage. Je l'attrapai doucement et l'écartai de moi. Mon geste devait l'avoir fais mal. Mais je ne ressentais plus rien, pas même sa tristesse.

_ Pourquoi penses-tu que je ne m'en rends compte ? Et si je faisais ça en parfaite conscience ?

_ Aïlla...

_ Je sais, j'agis comme une enfant ! Vous n'arrêtez pas de me le dire ! Pourtant je n'arrive pas à l'oublier et on me dit d'un coup qu'il faut j'abandonne toutes idées de le revoir. Ça fait mal, c'est déchirant. Akash, je pense que les plus aveugles entre nous, c'est vous tous.

L'âme du désertWhere stories live. Discover now