La Prophétie des Anges 1.Traqués

PROLOGUE

L'antre du monstre.

La chaleur y est oppressante et l'air suffocant. Comme d'habitude, je regarde autour de moi, en quête d'une sortie. C'est là que je l'aperçois. Lui...

Il semble sans connaissance mais bien vivant. Mon cœur bat la chamade, ma gorge se dessèche. C'est notre énième rencontre et pourtant, je suis toujours chamboulée jusqu'aux tréfonds de mon âme. Un élan irrépressible me pousse vers lui sans que je ne puisse m'en empêcher. Parce que je devine qu'il est tout pour moi.

Il faut que je le sorte d'ici. Le fait qu'il soit enchaîné au mur, n'arrange pas les choses. Je me sens pâlir en voyant sa chemise en lambeaux complètement tachée de sang.

Je m'approche avec précaution et tente de le faire revenir à lui. En vain. Les émotions que je ressens à son contact se déversent en cascade dans tout mon être. Je sais que s'il meurt maintenant, ça me brisera.

— Zeke, murmurai-je dans la pénombre.

Lui seul a réellement la force de rompre ses chaînes. Avec dévotion, je plonge mes doigts dans la douceur de ses immenses ailes turquoise. Elles me fascinent chaque fois un peu plus.

« Comment croire à tout ça ? »

Je sens bien dans mon cœur que c'est réel comme je sens qu'il se réveillera si je continue de le toucher ainsi. Parce que ça nous connecte. C'est sensible et intime.

Enfin, je croise son regard aux iris de la même teinte étincelante et je suis soulagée comme jamais. Il est vivant !

Ma joie est de courte durée. Je n'oublie pas ce qu'il doit advenir. Zeke n'a pas totalement émergé mais il ne lui faudra pas plus de quelques secondes. C'est un Ange puissant.

Mon Ange.

Un courant d'air s'élève dans mon dos et m'incite à me retourner, prête à affronter la menace familière. Un homme d'une trentaine d'années me fait face. Je sais que ce n'est qu'une enveloppe, mais l'on s'y tromperait. Il est plutôt séduisant d'ailleurs. Son crâne complètement rasé et sa peau d'un hâle caramel lui confèrent un certain charme. Ses yeux noirs évoquent pourtant l'obscurité des Enfers et son sourire, la cruauté du Démon. Je frissonne sous l'insistance de son regard. Il est impossible d'ignorer la menace sous-jacente qu'il représente pour nous. J'ai eu le temps de le découvrir.

— Bonsoir, Hannah...

— Balthazar.

Son sourire suffisant et sa prestance, pareille à celle des hommes de pouvoir, m'avertissent depuis longtemps qu'il est le maître des lieux. Discrètement, je m'avance afin de masquer Zeke à sa vue. Le sourire de l'homme s'élargit.

— Que voulez-vous ? demandé-je, sur la défensive.

— Tu sais très bien ce que je veux... Je suis venu te chercher.

La terreur me paralyse à nouveau. C'est plus fort que moi. Rien ne parvient à m'en défaire. J'ai beau savoir que je rêve, cet être maléfique représente l'incarnation la plus pure de ma peur. Derrière moi, Zeke grogne, tousse et crache un peu de sang. Il émerge enfin. Après s'être essuyé le visage, il relève la tête et nous aperçoit. Il ne lui faut pas longtemps pour comprendre ce qu'il se passe. Il se redresse si brusquement qu'il en brise ses chaînes. Sa fureur semble à son apogée. Je lui fais signe de se calmer. Il faut qu'il préserve ses forces pour la suite.

Sa voix résonne alors dans ma tête :

« Fuis Méa, fuis pendant que tu le peux encore ! »