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Dimanche 2 septembre, 23h47 – J'appréhende. Demain, c'est ma rentrée à la fac. Je suis dans mon lit depuis une heure, mais le sommeil ne me trouve pas. Je ne peux pas m'empêcher de me faire des films, de penser à l'immensité du campus dans lequel je vais atterrir. Je vais être comme un poisson au milieu de l'océan ; seule, anonyme, et invisible. Je pourrai enfin prendre mes libertés.

Lundi 3 septembre, 5h45 – L'alarme de mon réveil sonne. Je n'ai pas l'habitude de me lever si tôt, surtout que j'ai pas mal cogité hier soir. Je me prépare, avale quelques biscuits fourrés aux flocons d'avoine (mon péché mignon) et file. Le trajet est long, il faut alterner entre les bus et les tramways pour passer d'un bout à l'autre de l'agglomération. Apolline vient me dire bonjour devant le bâtiment d'accueil.

– Roxane !

– Salut, ça va ?

– Très franchement ? Je vais voir flou avec 400 élèves dans le même amphi. Pense à moi qui n'arrivais même pas à retenir les noms des 30 élèves de ma classe de Terminale.

– On va plus exister pour personne, de toute façon. 

– C'est triste.

– Je trouve ça cool, perso', de se fondre dans la masse.

La première journée de présentation se déroule calmement, selon le protocole ; de nombreuses informations émanent des enseignants et des anciens étudiants. Trouver mes repères est mon nouvel objectif. Je passe le reste de la semaine dans un état relativement passif, puisque celle-ci est entièrement dédiée à l'accueil des nouveaux arrivants.

Lundi 10 septembre, 7h43 – Aujourd'hui, les vrais cours débutent. Je dois être devant la salle A193 à 8h00 et il ne me reste qu'une poignée de minutes pour arriver à destination. Quelle idée de donner aux salles des noms si loufoques ! J'arpente un couloir, une porte sur laquelle est écrit W10 en colle une autre qui affiche J57. Je ne comprends pas la logique. J'avance de façon hésitante en tournant le plan du campus dans tous les sens ; lire ce plan est pire que lire du Chinois. Pourtant, au collège, la course d'orientation était mon cycle sportif préféré. Je sens le stress monter crescendo ; arriver en retard au premier cours serait dramatique. Et, cerise sur le gâteau : Apolline n'a pas reçu le même emploi du temps que moi.

– Excuse-moi, tu as l'air perdue.

A193Where stories live. Discover now