Prologue

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Je réalise enfin. J'ai compris. J'ai compris que c'est dans l'obscurité que se forgent les amitiés les plus flamboyantes.Il n'y a aucun intérêt à créer des liens lorsque tout coule de source. L'être humain déteste gaspiller de l'énergie inutilement. Il est ainsi fait. Parce que oui, ce sont dans les moments les plus tragiques, les plus sanglants que se tissent les liens les plus solides.


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À travers les pleurs.Les moments de paix.La peur d'avoir peur.Je me suis trouvé.J'ai souffert, terriblement souffert.J'ai perdu tout ce qui m'était le plus cher.C'est probablement la dernière fois que je peux respirer l'air de cet univers.Admirer la beauté de ce monde, son harmonie parfaite, sa douce lumière.Et pourtant, je continue d'avancer dans la brume, pas à pas.Rien ne m'arrêtera. C'est ma dernière mission, quoi qu'il m'en coûte, je l'accomplirai.Je montrerai à tous ces gens que ce n'est pas impossible.Merde. Mes amis ne sont pas morts pour rien. Je n'ai pas souffert pour rien. Ces dilemmes inhumains et tortueux n'ont pas été placés sur mon chemin pour rien.Je n'ai plus peur, je suis sûr de moi.Il va payer, et je le sais. Il va prendre cher. Cette abomination, cette chose, ce truc, je ne le laisserai pas s'en tirer comme ça.Je suis rassuré, parce que j'ai compris.J'ai compris la capacité extraordinaire des humains. La force phénoménale ayant anéanti tous ceux qui s'étaient dressés sur son chemin, quel que soit leur nombre ou leur détermination.Cette force, c'est la capacité incroyable d'adaptation de l'espèce humaine, qui leur permet de faire subsister le groupe, quel que soit le danger, quel que soit le nombre de morts.Lorsque l'humanité est acculée, elle finira toujours par riposter et s'en sortir. C'est une loi de l'univers. Les menaces finiront toujours par être annihilées. Parce que cette force inébranlable est absolue ; je sais que je peux y aller.Je profite une dernière fois de la sensation de l'air frais qui caresse ma peau, c'est tellement agréable, je ne l'avais jamais remarqué avant. Et cette herbe qui chatouille mes mollets, c'est tellement doux et gracieux. La nature est si parfaite, quand on y pense...Et eux, ne le voient-ils donc pas ? Pourquoi a-t-il fallu que des enflures dans son genre tentent d'enlaidir ce monde ?La pression monte en moi, je peux la sentir, elle s'approche. Autour d'elle, tout semble mourir, comme écrasé par son envie de destruction.Je ferme les yeux, prends pour la toute dernière fois une grande inspiration, puis les ré-ouvre avant de m'arrêter. Elle est là, juste en face de moi.

Weida CladéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant