— Non ! me renfrognai-je, vexée. À vrai dire je voulais juste te voir et je te le répète, j'ai frappé avant !

— Pourquoi ? grommela-t-il.

— Pourquoi quoi ?

— Voulais-tu me voir ?

Je déglutis ne sachant pas quoi lui répondre, mon pouls s'accéléra. Je ne connaissais moi-même pas la réponse.

— Te dire bonne nuit, répliquai-je timidement.

Bon sang Zoé, tu n'aurais pas pu trouver mieux ! Honteuse, j'aurais voulu disparaître au fond de mon siège.

— Ne refais plus jamais ça ! m'avertit-il.

Au fond de moi, j'essayai de me convaincre avec conviction que ça serait l'unique fois. Nous finissons le trajet dans le silence, Faïz disparut dans ses pensées, l'humeur de nouveau sombre.

Baylor university était écrit en gros sur le bâtiment devant nous. Son style néoroman rendait la bâtisse imposante. L'architecture soignée à l'allure bucolique, embellie par d'innombrables statues, dominée par un campus gigantesque. Quelques mètres plus loin, j'aperçus une église, je trouvai ça étrange que les deux édifices se mélangent dans cet environnement si différent. Devant l'entrée de l'université, Faïz retrouva l'usage de la parole :

— Envoie un message s'il y a le moindre souci, surtout tu n'hésites pas, d'accord ?

— Sinon, je peux aussi courir. Je n'ai pas encore changé mon forfait pour ici, je comptais résoudre ce problème dans la semaine, grimaçai-je.

— Très bien, alors il te faudra courir vite.

Avant de se retourner, il m'adressa un clin d'œil, il n'en fallut pas plus pour que je me retrouve sur un petit nuage. Je n'avais qu'une hâte, c'était de le retrouver après les cours.

À l'intérieur de l'amphithéâtre, le cours de science sociale n'avait pas encore commencé. Debout, près de l'entrée, j'étais rassurée de passer complètement inaperçue. Ça grouillait de partout avec des éclats de voix de toute part. Un véritable bordel artistique ! Je ne m'installai ni trop près ni trop loin de l'estrade. Au moment de sortir mes affaires sur la table, je laissai malencontreusement tomber mon classeur par terre. En me baissant pour le ramasser, j'aperçus de longs ongles rouges magnifiques me le redonner.

— Tu es nouvelle toi ?

Des yeux pétillants et amusés m'interrogèrent.

— Oui, dis-je, si heureuse de me présenter à quelqu'un.

— Je suis Asarys Anderson, je viens de New York.

— Zoé Reyes...

— Excuse-moi, tu portes des lentilles de contact, non ? s'empressa de m'interrompre cette dernière.

La question devait lui brûler les lèvres.

— Non, c'est ma vraie couleur, lui affirmai-je, habituée à cette réflexion.

— Incroyable, souffla-t-elle abasourdie. Tu viens d'où sinon ?

— Paris, en France.

— Paris ! s'écria-t-elle avec un grand sourire.

— Oui, tu connais ? Je suis là avec un programme d'échange universitaire.

Asarys, au physique de rêve et aux origines afro-Américaines, arborait des yeux noisette, clairs, qui rendaient son regard bien particulier. Son rouge à lèvres foncé semblait être son seul maquillage sur son teint mat parfait et sans défaut. Debout devant moi, elle paraissait grande, sa silhouette en courbe, tel un sablier, revêtait un style vestimentaire chic et sobre à la fois. D'un geste de main, elle héla une autre fille se trouvant à l'autre bout de l'amphithéâtre afin que celle-ci nous rejoigne.

— Zoé, je te présente Alexia.

Asarys se tourna vers son amie en ajoutant :

— Elle vient de Paris et non ce ne sont pas des lentilles de contact, lui révéla-t-elle prenant ainsi de l'avance sur des possibles questions récurrentes.

Je ne pus m'empêcher de sourire.

— Super, une Française ! s'exclama la jeune femme, apparemment heureuse de cette nouvelle.

— Tu peux m'appeler Lexy, ajouta-t-elle, moi je suis de Bordeaux. Es-tu venue aussi avec un programme ? me demanda-t-elle.

— C'est ça, affirmai-je.

Asarys regarda son amie tout en souriant :

— Comme toi, Lexy. Vous avez des points communs toutes les deux.

Lexy avait une silhouette aux courbes légèrement rondes et une taille moyenne. Ses grands yeux noirs soulignés par un léger trait d'eye-liner mettaient en valeur son teint clair. Ses cheveux mi-longs, méchés caramel lui retombaient sur les épaules. Son look glamour, simple, lui donnait un sexe-appeal fou.

— Je vais chercher mes affaires et venir m'installer à côté de toi, Zoé, entre Frenchy ! déclara-t-elle en français.

Tout en s'éloignant, elle tira la langue à Asarys. Celle-ci lui renvoya un faux regard rageur en reprenant sa place devant moi, ce qui me fit sourire.


Dark Faïz : Tout héros a sa légende [ Terminé ]Where stories live. Discover now