19. Souvenirs douloureux

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MAX

Voilà dix jours que Marie ne m'a pas parlé une seule fois. Dix jours que je suis un légume.

Après qu'elle m'ait dit ne pas être amoureuse de moi, j'ai senti mon coeur se briser en un milliards de petits morçeaux. Et puis merde; d'habitude ce sont les femmes qui tombent amoureuse en premier! Pff, tu parles ouais.

Je n'ai même pas essayé de comprendre, ma voisine étant bien trop têtue . J'ai juste senti mon coeur se briser. Et ça m'a fait un mal de chien.

Deux jours plus tard, Marc est passé me voir; et je lui en ai parlé. Je lui ai aussi dit que ma chère voisine était aussi son employée. Et , c'est assez bizarre , parce que j'ai eu l'impression qu'il le savait déjà. Mais bon , je suis tellement paumé que je me suis sûrement fait des films.

Depuis , je ne fais rien. Enfin , mis à part dormir ; quand j'y arrive. Je n'ai même plus l'envie de peindre. À vrai dire ; je n'ai aucune inspiration.
Car tout me ramène à elle.

Et surtout , parce que je souffre à en crever.

Putain ; je savais qu'il ne fallait pas que je tombe amoureux , je savais que j'en paierai le prix.

Mais vous savez-ce qu'on dit ; le coeur à ses raisons que la raison ignore ...

MARIE

Ça fait excactement dix jours que je n'ai pas parlé à Max.
Je me sens tellement honteuse. Tellement mal. Tellement coupable.

Je n'arrive toujours pas à croire que j'ai osé lui dire que non , je n'étais pas amoureuse de lui.

Alors que si. Je le suis. Je n'avais juste pas le courage de lui dire.

Dix jours que je ressemble à un légume. Je ne fais rien. Je ne lis plus. Je ne mange plus. Ne dors plus.
Bref , dix jours que je me déteste.

Pour ne rien arranger , ma meilleure amie débarque ce soir ; avec son mari ; et même si je suis ravie de les voir , je sais aussi que de la voir enceinte jusqu'au cou va me faire de la peine.
Oh , je sais , je devrais être heureuse pour elle , et c'est le cas ; seulement, ça ne me rappellera que trop bien ma propre grossesse.

Je sens déjà les larmes me monter aux yeux. Une fois de plus. Je ne sais pas combien de litres d'eau contient un corps, mais le mien doit être sacrèment rempli ; puisque je passe mon temps à pleurer.

Je me fatigue. Ouais, c'est sur que si j'avais pris mon courage à deux mains et que je lui avait avoué mes sentiments pour lui, on en serait pas là.

Je suis irrécupérable. Ouais. Du grand n'importe quoi. Marie dans toute sa splendeur. Ou toute sa connerie, c'est comme vous voulez.

Vers 18h00, Lila et Paul, son mari ; toque à ma porte. Ça va bien se passer, je me convainc intérieurement.

- Marie ; s'exclame cette dernière.

Ouais, elle est bel et bien enceinte jusqu'au dent.
Et la voir dans cet état me fait souvenir de la période la plus belle de ma vie.

4 ans auparavant.

Ça y'est. Je l'ai vu. J'ai vu mon bébé à l'écran. J'ai vu mon bonheur bouger dans mon ventre. C'est drôle parce qu'il suçait son pouce.
Il est en bonne santé. Enfin, c'est ce que la gynécologue m'a dit.
C'est une petite fille. J'ai prévu de l'appeler Melody. C'est jolie, Mélody. C'est ... mélodieux, radieux.
La gynécologue a paru étonnée que je sois seule pour cette troisième échographie, mais en même temps; qui aurait bien pu m'accompagner?
J'aurai rêver de partager ce moment avec Carlos, mais celui-ci est aux abonnés absents. Et je le deteste encore plus de manquer ça.
Il aurait dû être présent. Il aurait dû partager les premiers moments avec moi. Il aurait dû partager les nausées du matin, les envies, les coups de pieds senti dans mon ventre. Il aurait dû partager l'annonce de ma grossesse ; les doutes, les peurs. Les joies. Il aurait dû être là, jusqu'au bout.
Mais je suis seule. Enfin , plus pour longtemps; car dans six mois et demi, ma petite fille sera à mes côtés et je sais que je serais la plus heureuse des femmes .
Papa a tellement hâte de tenir sa petite fille dans ses bras qu'il m'appelle tout les jours, il est désolé de ne pas être là à mes côtés, mais je ne lui en veux pas. Je sais que, quand mon bébé sera née; il fera un grand-père merveilleux

Je n'ai même pas pris la peine de prévenir les parents de Carlos, je sais quelle aurait été leur réaction. Ils auraient sans doute pensé que c'était n'importe quoi d'avoir un bébé à mon âge, que j'avais encore le temps.
Mais je m'en fiche. Ce qui compte désormais; c'est ma petite princesse.
Rien ne pourra m'enlever ça.
Je l'aime déjà tellement.

********
10 jours avant la fausse-couche.

J'ai de plus en plus mal au ventre, mais les médecins disent que c'est normal. Alors; je vais tacher de ne pas trop m'inquiéter. De toute façon, je suis dans la fin du troisième mois alors ; tout ira bien.
J'habite à côté de Paris, alors je sais qu'au moindre problème, je pourrai appeler Lila qui me conduira à l'hôpital. Heureusement que je peux compter sur elle.

Ces derniers jours, ma petite princesse bouge de moins en moins, mais ça aussi c'est normal; paraît-il. Les médecins ont beau me rassurer; je suis quand même inquiète.

Tout ira bien. Tout ira bien. Tout ira bien.
******

2 jours avant la fausse couche.

Je n'ai pas senti mon bébé bouger de la journée. Je suis de plus en plus inquiète. Et si tout n'allait pas bien? Si je ... non, je refuse d'y penser. Elle dort sûrement. Je devrais en faire autant.

*****
Deux jours après la fausse-couche.

Je me réveille , une fois de plus à l'hôpital. Je n'arrive toujours pas à réaliser que j'ai perdu mon bébé. J'aurai du m'inquièter bien avant; et me rendre aux urgences. Ils auraient peut-être pu éviter ça.
Papa est au courant. C'est le seul à l'être.
Il a pleuré quand je le lui annoncé au téléphone. Il ne pourra même pas venir; il est bloqué du dos. Il m'a dit qu'il viendrait quand même; je lui ai répondu que c'était inutile. Je n'ai envie de voir personne.
Je voulais simplement voir mon bébé.
Mais , ça n'arrivera jamais; et je vais devoir m'y faire...
*****

Six moisaprès la fausse couche.

J'essaie de survivre. C'est difficile, mais j'y parviens.
J'ai déménagé dans l'appartement de mes grands-parents à Paris, et au moins; je m'y sens moins seule. Je sais que Lila pourra venir me voir quand elle aura du temps, et ça me rassure.
Pour garder la tête haute; je fais ce que j'aime le plus au monde : je lis. Des tonnes et des tonnes de roman.
J'en ai partout chez moi, et je les dévore.
Pour me défouler; j'écris l'avis que j'ai eu de tel ou tel livre, sur un blog que j'ai crée il y a peu. Ça me fait du bien et ça a l'air de plaire puisque j'ai plus de 500 visiteur en peu de temps.
Je m'accroche à ces petites choses. Mais pas une seconde ne passe sans que je ne pense à ce que serait ma vie si ma petite Mélody était née.
Elle aurait à peine une semaine aujourd'hui...
Et ça me brise le coeur de savoir que je ne la verrai jamais. Que jamais je n'embrasserai son petit visage. Que je ne lui donnerai jamais le biberon. Que je ne la bercerai jamais. Que je ne jouerai jamais avec elle. Que je ne lui dirai jamais que je l'aime. Ça me brise de savoir qu'elle ne connaîtra jamais la vie et ses joies. Que mon père ne connaîtra jamais sa petite fille tant attendue.
Mais je dois faire avec. Ou sans. Je ne sais plus. Je suis si perdue que j'oublie tout.
Mais c'est ainsi, la vie est cruelle.

Maintenant.

J'ai passé une agréable soirée en compagnie de mes amis, même si je dois avouer que j'ai pensé à Max la majeure partie du temps .
Il doit être tellement furieux contre moi.
J'ai encore tout gâché.
Et j'ai tellement peur de l'avoir perdu définitivement; que je décide qu'il est temps de lui reparler ...

Mon cher voisinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant