4. Handicap

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MAX

Je ne sais toujours pas ce qu'il m'a pris d'avouer à Marie que j'étais handicapé . Quand elle m'a dit qu'elle voulait me faire '' marcher '', je l'ai forcément mal pris. J' ai pensé à ce que ça ferait de pouvoir me resservir de mes jambes, à ce que serait ma vie sans ce foutu fauteuil, sans ce foutu accident. Et j'ai fais quelque chose que je n'avais pas fait depuis très longtemps : j'ai sangloté de tout mon être.
Ça m'a fait mal au coeur tellement j'ai pleuré. Et les excuses de ma voisine n'ont rien pu arranger.
Vous savez; parfois je souffre tellement du manque de ma femme, que j'ai l'impression que mon coeur se broie dans ma poitrine, et dans ces moments-là, je me dis que je ne serai plus jamais heureux.

Quand je repense à la façon dont on s'est rencontrés... Ce soir-là, j'étais dans un café en train de dessiner un croquis, assis tout seul dans ce petit lieu chaleureux à Paris quand je l'ai vu.
Elle était tellement belle que je me suis senti épris d'un sentiment que je n'avais jamais réellement connu. Brune, élancée, sexy, une vraie femme.
J'ai abandonné mon dessin du moment pour la dessiner elle. Je crois qu'elle m'a remarqué puisqu'elle est venue m'aborder. De toute façon, j'étais bien trop timide pour le faire.

<< - Ça va, le modèle vous plaît? Vous savez, je vous ai vu me dessiner. Et pour tout vous dire; même si je trouve ça encore un peu bizarre, vous avez un vrai talent. >>

Je tombai amoureux instantanément.
<< - Euh... Merci; ai-je bafouillé. Il faut dire que ... vous êtes, un très ... un très joli modèle. Bon, il faut dire que je suis du mètier alors... ça aide.
      - Vous êtes peintre? elle m'a demandé, pleine d'admiration. Oh, j'ai toujours rêvé de rencontrer un peintre. Un vrai je veux dire! Au fait; a t-elle poursuivit en me tendant sa jolie main; je m'appelle Laure.
    - Max. Enchanté.
    - Le plaisir est pour moi; a souri Laure. Bon, vous comptez me proposer de m'asseoir avec vous ou je vais devoir rester debout? elle a plaisanté.
   Quel goujat je faisais. J'avais perdu l'habitude!
- Oh, oui; bien sûr. Hum... Laure; me feriez-vous le plaisir de vous installer à ma table?
- Et si on commençait par se tutoyer? Je ne suis pas si vieille que ça.
- Tu es vraiment... Extraordinaire; je lui ai dis d'un coup. >>

Trois heures après, nous étions dans mon petit studio; à refaire le monde, à apprivoiser nos corps; et après ça, on ne s'est plus jamais quitté. Jusqu'à ce jour maudit où j'ai perdu la femme de ma vie.

- Max; je voudrais qu'on se parle... ; m'a soudain interpellé ma voisine, me sortant de mes pensées. Écoutez; vous avez raison, j'aurai dû réfléchir avant de parler. Je suis désolée. Je ne savais pas pour votre handicap. Et je ne dis pas ça parce que j'ai pitié de vous; absolument pas. Seulement; je voulais quand même m'excuser. Parfois; je dis n'importe quoi. C'était maladroit de ma part. Vous voulez bien me pardonner?

J'ai réfléchi quelques instants; et pour la première fois depuis longtemps, j'ai souri. Sa voix était si belle; si touchante; et ses mots si sincères, que je ne pouvais faire autrement. Et je lui ai dis que j'acceptais ses excuses.

Ce que j'ignorais; c'est que j'allais m'attacher beaucoup plus à Marie que ce que je ne l'aurais imaginé.

Mon cher voisinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant