La porte émet un grincement avant de s'ouvrir lentement devant moi. Je recule de quelques pas, prête à toute éventualité mais rien ne se passe. Malgré la pénombre qui règne je vois clairement que c'est un débarras. Un simple débarras, mon cœur se remet à battre à un rythme normal. J'observe une seconde ce qu'il s'y trouve, rien de bien intéressant, de l'équipement militaire en piteux état et quelques cartons. J'allais partir quand l'un d'eux attire mon attention. Il est en dessous de la pile mais l'inscription : "D'origine" y est inscrite.

Je sors tant bien que mal le carton sans faire tomber tous les autres et l'ouvre délicatement. Je comprends vite à quoi l'inscription fait référence, dans la boîte des dizaines de papiers très abîmés. Ce doit être les restes de la guerre. Peut-être que quand ils ont récupéré le bâtiment, il restait quelques objets et en l'occurrence ces papiers. J'en prends délicatement dans mes mains. Parmi les feuilles certaines sont complètement illisibles. Mais j'arrive finalement à en trouver une en meilleur état : "Pensionnaires du deuxième étage".

Je ne sais pas tout sur cet endroit mais si j'en crois ce que papa m'a raconté, ils enfermaient provisoirement les prisonniers au deuxième étage. Et ils en finissaient au premier. Le terme "pensionnaire" n'est donc pas le plus approprié. Je continue de fouiller dans les papiers et tombe sur des lettres. Des lettres des prisonniers. J'en regarde quelques-unes avant d'en trouver une plus lisible:

"Ma chère Amélie,

Si je t'écris aujourd'hui ce n'est malheureusement pas pour te donner de bonnes nouvelles. Je pense d'ailleurs que cette lettre est la dernière que je pourrai t'envoyer. L'espoir ici n'est plus permis, les cris, les pleurs, le bruit incessant des pas. Jamais je ne pourrai les oublier, même si je sortais un jour, je ne vivrais plus jamais comme avant. Je sais que la mort est proche, elle est partout autour de moi, de nous. Aujourd'hui je suis nostalgique, je me souviens de ce jour, il y 6 ans quand je t'ai vue pour la première fois. Tu étais belle, comme je jour, plus rayonnante que le soleil. C'est ce que j'aurais pu dire mais tu étais tellement plus que ça. Toi, ton sourire, ta bonne humeur, tes petites colères et ta tête le matin quand tu me souhaitais une bonne journée, c'est tout ça qui m'a sorti de ma torpeur, des ténèbres qui m'entouraient. Tu m'as sauvé la vie alors que je n'avais rien à faire dans la tienne. Tu m'as aimé comme j'étais, chéri quand j'allais mal, et malheureusement je sais que tu vas me pleurer quand je ne serai plus là. Je t'aime tellement, si tu savais à quel point, et je me sens terriblement mal de te laisser ainsi. Je n'ai même pas été capable de réaliser ton rêve, fonder une famille avec toi. Il y aurait eu une autre personne dans ma vie que j'aurais aimé au moins autant que toi et ce petit bonhomme ou cette adorable jeune fille t'aurait appelée maman. Je suis pitoyable dans ce cachot, faible et affamé mais je vois ton sourire dans mes rêves et c'est bien la seule chose qui m'empêche de devenir fou. Tout cela est bientôt terminé, je le sais, je le sens. Une nouvelle ère commencera et je compte sur toi pour vivre pour nous deux. Prends soin de la meute, tu es leur Luna et bientôt leur Alpha alors sois forte et fais-leur oublier cette stupide guerre. N'oublie jamais que je serai toujours avec toi, dans ton cœur et je vivrai à travers tes yeux. Trouve une autre personne qui méritera ton amour, réalise ton rêve avec elle et tu feras de moi le plus heureux des hommes. Rien ne peut me faire plus plaisir que de voir la femme que j'aime épanouie. N'ai pas peur, tu seras la plus parfaite des mamans et la plus adorable des femmes, n'en doute jamais. Nous nous reverrons un jour j'en suis persuadé, alors ne perds pas espoir, et retrouvons-nous dans quelques années au milieu des anges. Je ne sais pas si cette lettre te parviendra mais je l'espère de tout cœur. S'il y a une dernière chose que je peux te dire avant de partir alors sache que je t'aime comme jamais je n'ai aimé personne. Je t'aimais, à l'instant ou je t'ai vue. Je t'aimerai, pour toujours et à jamais. Tu es mon cœur, mon âme, mon oxygène et par-dessus tout, tu étais ma raison de vivre.

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