Chapitre 21 - Ni vu ni connu

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Athalia laissa la voiture sur le parking de l'église pour marcher jusqu'à chez elle dans les rues désertes. Il était minuit et demi, pas la peine non plus de se dépêcher... Un mouvement dans un buisson derrière attira son attention et elle la fit s'arrêter. Du coin de l'œil, elle aurait juré voir quelqu'un se cacher dans le feuillage.

- Qui est là ? demanda-t-elle à voix haute.

Évidemment, personne ne répondit. Elle s'avança en affichant une attitude sûre d'elle ; en réalité elle mourrait de trouille. Elle avait beau être une sorcière et connaître des sorts, il n'empêchait que se promener en pleine nuit dans une banlieue vide aurait fichu la frousse à n'importe qui. Enfin, presque n'importe qui. Elle se sentit très stupide en ne trouvant personne dans la haie... adossée à un mur. Personne ne pouvait s'y cacher.

Elle repartit aussitôt. Heureusement, personne ne l'avait vu discuter avec un buisson.

Le salon et le couloir étaient plongés dans la pénombre lorsqu'elle ouvrit la porte. La jeune fille s'avança à pas prudent pour ne surtout pas réveiller ses parents dont la chambre donnait au le rez-de-chaussée, quand soudain une silhouette assise dans l'obscurité se redressa et s'approcha.

– Athalia, fit son père, les sourcils froncés et le ton sévère. Je t'attendais. Depuis au moins une heure.

Elle se figea et examina toutes les possibilités. S'enfuir et fuguer comme l'aurait fait Max n'était pas la meilleure solution bien que ce soit la plus tentante. D'un air piteux, elle vint s'installer sur le fauteuil en face de lui. Il était en pyjama et robe de chambre mais affichait une étrange expression qu'elle ne lui connaissait pas... Impossible de savoir à quelle sauce elle allait être mangée.

« Je t'ai attendu toute la nuit. Je me suis inquiété, asséna-t-il d'une voix dure.

– Je suis désolée, papa. Je ne voulais pas te causer du souci.

– Encore heureux. Ce que tu as fait était irresponsable et particulièrement stupide.

– Oui...

– Qu'est ce qu'il se serait passé s'il t'était arrivé quelque chose ? On ne l'aurait appris que le lendemain matin par les infos, c'est ça ?

– Pardon, souffla-t-elle en baissant les yeux.

– Tu avais rendez-vous avec un garçon, c'est ça ? C'est ton petit copain ? C'était ça ta sortie si importante qui ne pouvait pas être remise à une autre fois ?

Athalia ne savait plus quoi répondre. Son père lui parut d'un coup plus préoccupé qu'en colère : il avait eu très peur pour elle. Elle devait jouer franc jeu.

– Oui. Il s'appelle Matthew et il est très gentil. Il ne me force à rien, s'empressa-t-elle d'ajouter en espérant le rassurer.

Il ouvrit de grands yeux et son sourire se transforma en rictus.

– Ah... Tant mieux. C'est... C'est bien ma chérie.

– On est seulement allé au cinéma.

– Ta mère n'est au courant de rien, dit-il pour changer de sujet. Elle comptait discuter avec toi de ta vie à Swanson mais je l'ai convaincue à temps d'attendre demain. De toute évidence tu as l'air de mieux aller puisque tu retrouves l'envie de sortir, grinça-t-il.

– Merci de n'avoir rien dit.

– En revanche c'était la dernière fois que je laisse passer une telle bêtise. Je ne répéterais rien à maman seulement parce que je trouve la punition trop dure ; ne me fais pas regretter cette décision.

Swanson, Oregon [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant