Chapitre 20

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Sélène avait suivi sa marraine qui lui servit de guide à travers la cité elfique. La jeune fille découvrit les endroits où sa mère aimait venir durant son séjour à Aldhébaran. Elle fut même émerveillée par la beauté et la richesse de l'architecture des bâtiments. Elle pouvait presque croire être à Fondcombre1 ou en Lothlorien2. Elle rencontra par la même occasion des personnes ayant connu Arinna. D'après eux, la princesse était une femme toujours souriante, généreuse et d'une grande bonté. On répéta assez souvent à l'adolescente qu'elle avait le même sourire et le même regard que cette dernière. Un peu plus tard, Tïriel emmena sa filleule dans une petite clairière où se tenait en son centre un miroir. Sélène s'imagina un instant qu'il s'agissait du fameux miroir de Rised3. Mais ce n'était pas le cas. Enfin, pas vraiment.

- On le nomme le « miroir de Vaïwen ». Expliqua l'elfe. Il te permettra de discuter avec un être cher disparu.

L'envie de régler ses comptes avec sa mère adoptive effleura un bref instant la jeune fille. Surtout qu'elle n'avait plus revu Hélène depuis la mort de son grand-père. Pendant qu'elle contemplait le miroir tout en réfléchissant, elle ne vit pas la dame elfe quitter la clairière silencieusement. Tïriel ne voulait pas déranger la demoiselle et la laisser profiter de ses retrouvailles. Quel que soit la personne qu'elle ferait apparaître sur l'objet. Finalement, la gardienne pensa à son grand-père. L'image du vieil homme se refléta dans le miroir. Sélène fut folle de joie de le revoir et de pouvoir à nouveau lui parler. Elle ne put hélas retenir une larme coulée. Tout à coup, Joseph sortit de l'objet au grand étonnement de sa petite fille. Il la prit ensuite dans ses bras avec douceur, comme il le faisait autrefois de son vivant. L'adolescente éclata alors en sanglot en se serrant contre lui. Oui, il lui avait vraiment beaucoup manqué son pépère. Plus que les autres. Elle aurait très bien pu désirer revoir son mari, son grand amour et le père de ses filles. Mais ça n'aurait pas été la même chose. Et puis, peut-être avait-elle besoin de sages conseils et que son grand-père était la personne idéale pour ça.

- Tu m'as trop manqué pépère !

- Toi aussi m'bio ! Toi aussi ! L'citerne est nié co vide d'puis l'temps ?

Sélène lui fit un grand sourire. Quand elle était enfant, elle était en fait très pleurnicharde. La plupart du temps, c'était en se faisant peur ou mal. Même pour un simple petit bobo. Son grand-père disait toujours qu'à force de braire4, elle n'aurait plus de larme quand il sera mort. Si elle avait pu assister à l'enterrement du vieillard, je pense qu'elle aurait tout de même pleuré.

- Ben, apparemment, non. Répondit-elle en s'écartant légèrement de lui pour s'essuyer les yeux. Qu'est-ce que tu veux ? Brayou un jour, brayou toujours !

Voyant un petit banc, qui ressemblait de plus à celui qui se trouvait en face de la maison de ses grands-parents, la jeune fille proposa à son pépère de s'asseoir pour mieux discuter, mais aussi pour lui éviter de se fatiguer en restant trop longtemps debout. Une fois assis l'un à côté de l'autre, ils se mirent à parler, de tout : comment cela s'était passé à l'annonce de la mort de Joseph, sa vie à Londres, l'été qu'elle venait de passer ainsi que de ses retrouvailles avec son père, le fait qu'elle soit retournée à l'école et qu'elle apprenait progressivement la vérité sur ses origines. Elle avait encore un peu de mal à se faire à l'idée que sa vraie mère était une princesse, donc qu'elle-même en était une.

- Ça ne m'étonne pas ! Quand tu étais petite, il te fallait toujours te déguiser en princesse !

- Ouais, c'est vrai ! Je me souviens que je voulais la même robe que la Belle au bois dormant quand on avait été à Disneyland ! Seulement, maman n'avait pas voulu !

- Et tu l'as eu finalement ?

- Non mais j'en ai acheté pour Loretta et Lindsey. L'une voulait celle d'Elsa et l'autre celle d'Anna.

Trop heureuse, Sélène ne pouvait plus s'arrêter de sourire. Cependant, ce sourire s'effaça soudainement. S'il y avait bien une chose qu'elle regrettait le plus, c'était de ne pas lui avoir rendu un dernier adieu. Elle lui demanda donc pardon. Joseph fut un peu surpris car pour lui, elle n'avait rien à se reprocher. Ce n'était pas de sa faute si son imbécile de beau-père n'avait pas fait les choses correctement avec elle. Il lui conseilla plutôt de faire la paix avec son passé et de penser au présent et à l'avenir. Effectivement, c'était un bon conseiller, sage et réfléchi. Aussitôt, Sélène sourit de nouveau.

- Eh ben, j'suis content de t'revoir, m'belle !

- Et en plus, j'ai battu votre record à mamie et toi ! J'ai dépassé les dépassé les quatre-vingt-huit ans ! J'ai eu nonante ans cet été !

- Tu es aussi toujours aussi jeune d'esprit. Pourvu que ça dure ! dit-il en souriant. Et montre à c'tte biesse de reine de pacotille de quoi tu te chauffes !

- Promis pépère !

- Allez, au revoir ma petite Sélène des Bois !

C'était le surnom qu'il lui avait donné depuis qu'elle avait quatre ans. A l'époque, ce n'était pas encire Peter Pan qui berçait ses rêves de petites filles. C'était le hors-la-loi le plus connu de toute l'Angleterre : Robin des Bois. D'ailleurs, elle avait même voulu avoir son propre arc et quand elle jouait dans le fond du jardin, elle disait qu'elle allait dans la forêt de Sherwood.

Elle salua une dernière fois son grand-père en lui donnant un énième câlin avant de le laisser partir. Le vieil homme retourna dans le miroir, lui faisant un petit signe de la main lorsqu'il fut à l'intérieur. Son reflet finit par disparaître progressivement jusqu'à ne plus laisser que celui de Sélène sur la vitre. La demoiselle resta plusieurs minutes à regarder son propre reflet et pleurer à chaudes larmes. Cela lui avait tout de même fait du bien de le revoir, lui parler et le serrer une dernière fois contre elle. Puis, elle se décida enfin à rejoindre Tïriel. Celle-ci l'avait attendue à l'entrée de la clairière. Levant les yeux au ciel, la princesse elfe suggéra qu'il était temps pour elles de regagner le palais, en espérant que son frère et le père de sa filleule ne se soient pas entre-tués. Elles se mirent en route.

- Merci ! lâcha Sélène en souriant à sa marraine.


1. Cité elfique dans la saga « Le seigneur des anneaux », dirigée par le seigneur Elrond.

2. Cité elfique dans la saga « Le seigneur des anneaux », dirigée par le siegneur Celeborn et Dame Galadriel.

3. Objet magique dans « Harry Potter »

4. Pleurer, en Wallonie et dans le nord de la France.

Nowhereland (Terminé & étape de correction)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant