Passé

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Sur les collines de Kinshasa, mont-ngafula, très loin du centre-ville, c'est là que Stacy vit avec sa petite famille.

En pleine saison sèche, nous entendons à peine le troisième cri du coq que toute la maisonnette est éveillée. Chacun vague à sa routine matinale.

Madame Nawej, sa mère d'une trentaine d'âge, est une femme d'une tendresse et d'un amour remarquables. Elle est la cheffe de la maison car son mari après une mission de guerre n'est plus revenu il y a de cela plus de cinq ans.
Elle donne donc les directives pour le commencement de la journée...

Son allure de femmes fortes attire le respect de ses voisins malgré sa petite taille.

-Jasmine- dit-elle quand la petite réunion matinale est finie-mets le chauffe-eau en marche, je dois me rendre au travail à temps aujourd'hui-

-D'accord maman- dit Jasmine , l'aînée de deux qui, il y a deux mois, a atteint sa majorité. Elle est une fille pleine de vie et d'enthousiasme. C'est elle qui fait la gaieté de toute la maison.

Nawej munie de son balai, passe un coup à sa cour tout en fredonnant l'un de ces cantiques qu'elle a appris quand elle était choriste dans sa paroisse ...

Stacy, de son côté , sait clairement ce qu'elle doit faire car depuis le commencement de ses grandes vacances, elle a une passion acharnée de plantes. Elle s'est créé un petit jardin dans lequel elle a divers types de semences. Elle a des ciboulettes, des céleris, des tomates, des piments, les haricots et sa paillote est couverte du maracouja ( fruit de la passion ).
C'est chaque matin à son réveil qu'elle examine l'etat de sa plantation.

Jasmine, elle, est en vacances aussi et ses vacances sont plus prolongées que celles de sa sœur car elle a présenté ses examens de fin d'études secondaires (le baccalauréat) et elle est à l'attente des résultats pour l'Université. Elle atteint environ 1m72 avec des cheveux bien plus longs que ceux de sa sœur.

Elle chauffe donc l'eau pour sa mère et se plonge dans sa routine matinale consistant à préparer le petit déjeuner, faire un peu de ménage, nourrir la basse-cour et préparer le repas pour sa petite famille.

L'ambiance est froide aujourd'hui, c'est à peine si on se parle. Chacune fait ce qu'elle a à faire ; la routine ...

Le petit déjeuner fini constitué de trois pains ( baguettes ), des plantes naturelles ( sinda ) ainsi que de la margarine.

-alors les filles , je vous laisse. Que Dieu veille sur vous- dit Nawej en se forçant de sourire.

-qu'il veille sur toi aussi maman. Et pour le manger ne t'inquiètes pas, je vais rassembler tout ce qu'on a gardé dans le congélateur comme ça, ça nous fera un repas- dit Jasmine à sa mère d'un air protecteur

-Oui , tu as raison- dit Nawej à sa fille. Elle a toujours pensé que Jasmine prenait beaucoup de maturité.-Allez , Stacy viens dire au revoir à maman -

-au revoir, maman - dit-elle


Après le départ de Nawej, la journée se déroule dans une bonne ambiance surtout parce que Jasmine avait son premier téléphone et avait une liste de musique vraiment longue.

Elle a aidé sa soeur dans son jardin après avoir fini tout son travail. Elles se sont amusées comme de malades ; oubliant leurs peines et soucis.
Jasmine adore se donner cette liberté de temps en temps et elle aime la partager avec sa soeur.


Le soir venu, Nawej est de retour avec un sourire qui se veut contagieux.

-Mais maman, qu'est-ce qu'il y a?- lui demande Jasmine toute heureuse de voir sa mère sourire

-J'ai des très bonnes nouvelles à vous annoncer- dit Nawej avec la même excitation-Premièrement, j'ai eu une promotion à mon boulot ce qui implique que j'aurai un salaire plus élevé et implique encore qu'on va déménager de cet endroit car la société m'accorde un logement à son frais et en plus, deuxièmement, Jasmine tu vas enfin aller étudier à l'étranger, ta demande de bourse a enfin été accepté ! Je suis trop heureuse mes enfants-

-Non, mais maman c'est vrai ???? Je vais enfin quitter le pays? Je vais travailler dur pour vous faire sortir de cette merde- dit Jasmine en sautant sur elle-même

-Je suis trop heureuse, je vous jure- continue Nawej en chantant une louange à Dieu.


Voilà un des souvenirs qui reviennent encore à Stacy de son enfance.
-nous étions pauvres mais nous étions bien heureux et libres- pensa-t-elle en fermant son journal








Less Than Perfect, Isn't He ?Where stories live. Discover now