Chapitre 9 : la cruauté dans la peau

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Les petites hésitaient. L'attitude renfermée de Hank ne devait pas les aider en soit. Mérine avait l'air prête à venir se réchauffer, mais Osho, la plus grande, restait sur la défensive. Elle avait parfaitement conscience de la petite boule inquiète dans son dos qui ne bougerait pas facilement. Elle comprenait que cet homme, Marc, allait sans doute s'approcher de Cassy. Elle avait tout fait pour protéger, mais elle s'était retrouvée impuissante la majorité du temps. A présent, elle n'était pas prête à l'abandonner.

- Ça va aller. Je ne vais pas faire de mal à ta copine, je te le promets. Il faut juste que je vérifie si elle va bien et j'ai encore pleins de pansements pour la soigner si ça ne va pas. Comme j'ai fait pour vous deux. Tu peux rester là si tu veux, mais tu serais mieux près du feu, au chaud.

Osho hésita. Vraiment. Le froid engourdissait ses mains et ses pieds, sans parler de son nez ou ses oreilles. Près du feu, elle pourrait juste "avoir moins froid", ce serait tellement bien. D'un autre côté, là-bas, il y avait cet autre homme. Elle avait eu très très très peur quand il était apparu de nulle part. Il ne semblait pas remuant, mais il était énorme à ses yeux. Moins que celui qui les soignait, mais bien assez pour lui faire vraiment très mal.

- Je reste avec Cassy., affirma-t-elle.

Si Osho ne bougeait pas, Mérine ne bougerait pas non plus visiblement. Les petites étaient soudées. C'était peut-être comme ça qu'elles avaient survécu à leurs périples : en se serrant les coudes. Marc ne put s'empêcher de penser que malheureusement, elles allaient encore devoir le faire. Ils étaient toujours loin de la civilisation, sans aucun moyen de contacter les secours. Sauf qu'en attendant, il allait devoir négocier. C'était une aptitude qu'il n'était pas certain d'avoir face à l'intransigeance enfantine.

- D'accord, je comprends. Je comprends. Tu es très courageuse. C'est très bien. Est-ce qu'on pourrait négocier toi et moi ?

Osho leva fièrement le menton dans une attitude de défi qui lui donna envie de sourire. Quoi qu'elle ait subi, ses bourreaux n'avaient pas réussi à briser totalement cette petite dame. Marc reprit, avec lenteur, en cherchant ses mots.

- J'ai marché très longtemps pour vous trouver. Je veux vous mettre en sécurité et que plus rien de mal ne vous arrive. Alors, je peux mettre des pansements, mais il fait très froid quand ...

Il suspendit sa phrase. Les petites n'étaient pas nues. Elles étaient très mal habillée pour le lieu et la saison par contre. La nuit avait dû être rude. Il supposait qu'elles s'étaient glissées là pour dormir mais qu'au petit jour, elles n'avaient plus eu assez d'énergie pour repartir.

- Quand on est pas équipé pour. Il faut vraiment que vous vous réchauffiez. C'est très important. Du coup, si tu veux, tu peux emmener Mérine et Cassy près du feu. Elles doivent avoir vraiment très froid, comme toi.

- Et Cassy ?, demanda l'enfant.

- Je ne vais pas faire de mal à Cassy, répondit-il.

Ce n'était pas évident. A chaque fois qu'il posait les yeux sur elle, la petite tremblait comme une feuille. Elle semblait complètement traumatisée. L'approcher lui ferait du mal, il n'avait juste pas le choix. C'était important.

- Il faut vraiment que je vérifie. Est-ce que tu sais si elle est blessée ?

Osho ne lui répondit pas. Elle se mordilla la lèvre, puis se tourna vers la plus petite. Elle était plus menue qu'elle et encore plus mal habillée. Même sous les doigts d'Osho, pourtant glacé, Cassy semblait froide. Des larmes de terreurs roulaient à présent sur ses joues à grosses gouttes.

- Me laisse pas !, réussit-elle à glisser entre deux sanglots.

- On reste ensemble. Viens, on va près du feu. Tu as froid. Il faut que tu viennes. Je reste juste à côté de toi.

L'homme de la montagneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant