Robert

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L'infirmière me donnait des médicaments et je lui demanda de me laisser seul.

Je somnolais un peu quand un homme entra dans ma chambre. Il avait des cheveux poivres et sels, plaqués en arrière, un bouc blanc qui décorait son menton. Il portait un costume blanc. Il me souriait.

-Bonjour, Robert.

-Bonjour... ?

-Je sais bien que ce n'est pas encore votre heure de partir, mais je tenais quand même à venir vous voir.

Je ne savais pas quoi répondre à cet homme, que je ne connaissais même pas.

-Et vous êtes ?

-Je suis la Mort.

Je poussai un cri. D'ordinaire je lui aurais ris au nez, mais quelque chose me disait que l'homme disait vrai, n'allez pas me demander pourquoi. Sensation étrange. J'avais tellement de questions à lui poser, mais la seule qui sortit :

-Où est Corentin ? Est-ce qu'il est bien là où il est ?

-Je ne suis pas là pour ce genre de question. Je suis là pour vous annoncer qu'Hantin a été arrêté.

-Mais je le sais déjà, ça... Vous n'avez rien d'autres à me raconter, de plus intéressant ? Qu'est-ce qu'il y a après la mort ?

-Et pourquoi devrais-je tout vous raconter ? Après tout, vous n'avez qu'une seule vie, alors autant y laisser un peu de mystère...

Il partit, fermant la porte derrière lui.

Je me réveilla soudain. Plusieurs médecins m'entouraient. Ce n'était qu'un mauvais rêve. Je fus soulagé. Un des médecins prit la parole :

-Comment vous sentez-vous ?

-Bien... un peu fatigué... un peu le tournis...

-Monsieur, vous avez fait un arrêt cardiaque, vous avez frôlé la mort !

J'avais frôlé la mort ? Non... C'était impossible !

-Je... Je crois que j'ai rencontré la Mort...

Les médecins se regardèrent, incrédules.

-Il... Il est rentré dans ma chambre... et il m'a parlé...

-Monsieur, vous êtes fatigué, et les médicaments que l'on vous a prescrit a peut-être des effets secondaires sur vous... Il faut que vous vous reposiez.

-Je dis la vérité ! Je l'ai vraiment vu ! Il a... Il a... Il n'ait pas comme on l'imagine, il est grand, avec un bouc, des cheveux...

Mais déjà, la plupart des médecins partaient, seul un était resté.

-Il faut que je vous examine pour être sûr que tout va bien.

Et puis... De toute façon personne ne me croirait... Je devais garder ça pour moi.

Si ça se trouve, ils avaient raisons, je n'avais que rêver, ou halluciner.

Il fallait que je prenne du repos, j'étais surmené ces derniers temps, et mon hospitalisation n'arrangeait pas les choses.



Réseau suicideOù les histoires vivent. Découvrez maintenant