Chapitre 26

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Le retour à la maison avait été reposant, Levi avait ouvert son cœur devant la tombe de Farlan, lui demandant mille fois pardon pour les visites qu'il n'avait pas faites.

La nuit s'annonçait paisible pour une fois, et malgré les températures basses et le vent qui n'en finissait plus de souffler, il dormit étrangement bien. Son esprit s'était allégé d'un poids qu'il trenait depuis beaucoup trop d'années.

Il n'avait pas rêvé, il s'était seulement reposé. Levi avait dormi comme un bébé. Et pour une fois, il était réellement en forme. Dimanche étant le seul jour de la semaine où il n'avait pas d'élève, et il en profita pour reprendre sa routine.

Tout d'abord il s'assit devant son instrument et frappa les gammes d'échauffement. Ses doigts engourdis par le sommeil se réveillèrent avec son esprit qui se concentrait sur les notes. Il trouva ensuite une ancienne partition à lui, restée sous le piano. Le souvenir de sa rédaction lui pinça le cœur, c'était l'un des très rares morceaux où chantonnait un air heureux ; les zéphyrs du mois d'avril, qui faisaient s'envoler les fleurs pâles des cerisiers, lui avaient inspiré cet air doux et chaud, agréable à l'oreille, comme l'étaient ces vents d'est. Ses pieds se positionnèrent sur les pédales et ses yeux parcoururent la partition. Après une relecture rapide, ses fins doigts commencèrent à glisser sur les touches blanches du clavier, en rythme avec un métronome imaginaire que le Pianiste faisait battre dans sa tête. Ses mains se souvinrent petit à petit de la musique tant de fois retravaillée et bientôt ses yeux se fermaient pour se concentrer uniquement sur la mélodie du morceau. Une fois la longue partition finie, il se leva et partit en direction de son placard à balais, afin de continuer tranquillement sa routine, passant la maison au peigne fin.

Le chat fit son apparition en début d'après-midi, alors que Levi finissait sa vaisselle du midi. Effronté de chat qui se ramène seulement pour vider la moitié de sa gamelle sur le sol lustré le matin même et en manger l'autre moitié. Levi poussa un soupir d'exaspération, pourquoi avait-il adopté cette créature du diable ? Personne n'était d'accord pour le l'adopter par hasard ? La petite, grosse, boule de poil vint se frotter doucement contre sa cheville, miaulant tendrement. L'homme sourit et secoua la tête. Pourquoi devait-il être si mignon et pourtant si pénible ?

La nuit tomba rapidement ce soir là, en effet l'hiver prenait calmement la place de l'automne, et les nuages de pluie recouvraient bientôt entièrement le ciel noir. Il était dix-huit heure et le souvenir de sa promesse faite à Farlan la veille le fit se jeter sur son téléphone. Levi fit défiler ses anciens appels, se souvenant que l'adolescent l'avait appelé deux semaines plus tôt. Retrouver son numéro serait du gâteau, il n'avait pas eu beaucoup de coup de fil depuis. Seulement, il se surprit à découvrir un nombre incalculable de numéro sans propriétaire, des numéros qu'il n'avait pas ajouté à son carnet d'adresse. La tache serait donc moins facile que prévue...

Il essaya donc tous les numéros qui l'avaient appelé mercredi. L'homme appuya sur le plus ancien, et tomba directement sur la messagerie d'une mère d'un de ses élèves. Il sauta le second, reconnaissant une pub et cliqua sur le troisième. La sonnerie se déclencha pendant plusieurs secondes, et enfin quelqu'un décrocha.

" Allô ? Ackerman-sensei ? Vous voulez quelque chose ? la voix d'Eren retentit dans le téléphone
- Eren ? Oui je... "

Le Pianiste ne savais plus quoi dire. Comment aborder le sujet ? Il n'allait pas tout simplement lui lâcher qu'il l'aimait, comme s'il lui jetait un mouchoir à la figure. Non, il devait réfléchir à un sujet de discussion...

" Comment tu- Non, non... tu as entendu parlé du concert de Noël ?
- Oui bien sûr ! J'ai écouté la diffusion en direct à la radio le week-end dernier. Je m'ennuyais et je suis tombé sur la station qui diffusait l'avant première du concert. C'était magnifique ! Je vous ai entendu jouer Ackerman-sensei, c'était vraiment... Vraiment touchant. "

Sonate Pour DeuxWhere stories live. Discover now