Patte de Lapin

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Il était une fois, dans une belle et calme forêt, une fille dotée de deux longues oreilles de lapin à la fourrure caramel se détachant sur ses cheveux blancs à la délicatesse d'une crème sucrée. Elle avait de beaux yeux curieux fixés sur ses sujets qui l'entouraient, une bonne vingtaine de petits lapins qui faisaient des cabrioles. Deux fois par jour, elle venait et s'assaillait comme maintenant sur le rocher siégeant au milieu de cette clairière. Elle posait ses pieds nus sur la souche qui se trouvait contre le rocher et elle les appelait à elle. Ainsi elle était assise sur un trône comme une véritable princesse.

Quand elle voyait arriver ses amis à oreilles venant de toutes parts, elle ne pouvait s'empêcher de pousser un petit rire joyeux et ses joues devenaient roses de bonheur. Derrière cet aspect enfantin, on pouvait se rendre compte qu'elle était bien plus âgée qu'elle ne le paraissait comme souvent d'autres êtres du peuple des fées. Depuis combien de temps cet esprit de la forêt entretenait ce rituel ? Depuis bien avant que les Humains s'installent sur ses terres en tout cas, il y a fort longtemps. Une fois que tout les lapins semblaient être arrivés, elle les appelait chacun par leur prénom. « Vous êtes tous là ? » leur demanda-t-elle. « Aria, Bouton, Claire, Douceur... » Commença-t-elle à énumérer. Quand un lapin entendait son nom, il se dressait sur ses pattes arrières attentif. « Espoir, Filou, Gabri, Hiro ... » Continuait-elle alors que d'autres lapins se redressaient à la prononciation de leur nom. « Iris, Joue, Kyla, Langue, Mystère, Noreille, Ortance Patrick, Quinoa, Ruut, Silb, Térance, Urz, Velu, Willy, Xu, Yule... » Elle avait presque récité toute la liste qu'elle se rendit compte qu'il semblait en manquer un !

-« Noreille, où est ton frère Zoreille ? » Demanda-t-elle à une lapin noir avec une tâche blanche autour des yeux. Noreille baissa ses oreilles et se mit à trembler avant de pousser un cri aigu. « Que se passe-t-il ? » S'inquiéta la fée lapine. Le Lapin bondit trois fois, se mit à remuer le derrière, tapa sa patte sur le sol puis croisa ses pattes arrières. « C'est vrai ? Où ça s'est passé ? » Hurla-t-elle la voix pleine d'inquiétude. La petite bête bondit au dessus de l'assemblée et montra la direction du village des hommes avec l'une de ses pattes. « Vite ! Nous devons le sauver ! » S'écria-t-elle en bondissant du rocher. Elle couru vers un buisson de fougères et bruyères et y attrapa un chapeau qu'elle mit sur sa tête pour cacher ses oreilles. Une fois coiffée, elle s'élança au secours de Zoreille. Elle se déplaçait avec la vitesse du Vent dans les champs et retrouva rapidement son infortuné compagnon. Il était enfermé dans un piège. Vous savez, ces petites cages en bois ou osier. L'animal est attiré par un appât, il rentre dans la cage et bim ! La porte de la cage se ferme ! L'animal est prisonnier. Parfois il meurt de faim malgré l'appât. Mais nous sommes pas là pour parler de la cruauté de la chasse. L'Esprit lapin se rua sur la cage pour libérer son sujet. Avec la rage et monstruosité d'un démon, elle agrippa avec ses pattes, mordit et mit en pièce l'horrible machinerie de bois. Une colère muette suivi d'un cri de joie. Agenouillée dans les feuilles mortes, elle serrait un petit lapin blanc avec une tâche noire autour de l'œil. « N'est plus peur, c'est finit... » Le rassurait-elle en lui faisant des bisous dans sa fourrure douce et tremblante.

Pendant qu'elle berçait le petit animal, quelqu'un s'approchait d'entre les arbres... Un jeune garçon venant du village.

-« Hé ! Toi ! Qu'est ce que tu fais près de mon piège ? » L'apostropha-t-il.

La fille entendit le jeune garçon dans son dos et se leva et retourna.

-« C'est toi l'odieux mortel qui a osé faire du mal à l'un de mes amis ? » S'écria-t-elle en colère.

Les Contes des Forêts et des ChampsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant