L'Imprudence du Flamant

Chapitre 2 : Que le jeu commence

— Dommage pour vous, rétorqua-t-il, indifférent.

Il but une gorgée du verre sans la moindre gêne. Ça commençait bien. Je voyais déjà à quel point il pouvait être arrogant. Mais parfait, ça serait d'autant plus amusant.

— Je suis Cole Triaghan, ajouta-t-il d'un ton bien trop aguicheur.

Il agissait comme si je ne pouvais pas le connaître, comme si j'étais bien trop stupide. Je commençais déjà à en avoir marre de son ego de merde. Alors, je n'allais certainement pas me gêner pour montrer un brin de mépris dans ma réponse :

— Je sais qui vous êtes.

— Ça ne m'étonne pas. Et vous êtes ?

Je me retins de lever les yeux au ciel tout en soupirant. Je voyais totalement clair dans son jeu. À ses yeux, j'étais déjà devenue un objet sexuel dont il voulait s'empresser de découvrir dans son lit. Si seulement il savait dans quel jeu il s'apprêtait à tomber...

— Peu importe, rétorquai-je en repoussant quelques mèches de cheveux.

— Alors... Qu'est-ce que tu fais ici ? Dans quoi travailles-tu ? me demanda-t-elle pour faire comme s'il s'intéressait vraiment à moi.

Triaghan... Tu es vraiment un cas désespéré et tu l'ignores probablement.

Il voulait en savoir davantage sur moi, prétendre créer une relation pour mieux m'avoir. C'en était presque risible. Heureusement qu'il avait de l'argent sinon aucune femme n'accepterait de coucher avec un tel énergumène.

En tout cas, j'allais tenter de garder un minimum de contact, au moins pour lui donner envie de rester, mais je ne pouvais pas lui dire que mon père m'accompagnait. D'ailleurs, il n'avait pas fait la moindre remarque sur mon père. Il devait l'ignorer et je pouvais donc l'utiliser en ma faveur.

Pendant un instant, une pensée assez sadique me traversa l'esprit. J'imaginais bien une confrontation entre mon père et Cole. Ce pourrait être assez marrant. Jusqu'où Triaghan était prêt à aller ? Il y avait de quoi s'amuser avec lui.

Mais pour l'instant, laissons planer le doute...

— J'accompagne quelqu'un.

Il afficha un sourire satisfait, pensant que j'étais probablement en couple. Voyons, une femme comme moi ne pouvait pas rester célibataire ! Son ego reprenait sûrement le dessus, voulant probablement me "voler" à un autre homme. J'en serais à peine étonnée...

— Laisse tomber ton petit-ami, ton fiancé ou ton mari... ou même ton plan cul... Peu importe...

J'étais impressionnée, d'une mauvaise manière, de cette drague plus que lamentable. Il ne comptait vraiment que sur son argent pour me soutirer la quelconque faveur sexuelle. J'aurais pu ne pas lever les yeux au ciel pour coller à mon image de "fille naïve", mais je ne pus résister à cette envie.

— Mais ça va pas ? lançai-je en croisant mes bras.

— J'essayais juste d'être courtois et poli, se défendit-il comme s'il ne voyait aucun problème.

— Ce n'est pas ce que j'appelle "courtois et poli". J'appelle ça "un peu trop lourd". Sur ce, je crois que je vais passer la soirée avec des personnes bien plus agréables.

Avant de m'éloigner, je soupirai et ne lui laissai pas le temps de répliquer quoi que ce soit. Nous allions bien évidemment nous recroiser que ce soit dans ses intentions ou non...

*

Assez rapidement, j'avais rejoint mon père et ma mère, toujours en pleines affaires professionnelles. Néanmoins, ma mère ne semblait pas très à l'aise et je me rappelais soudainement qu'il lui avait forcé la main pour qu'elle vienne ici. Après tout, j'étais venue pour une raison assez similaire. Nous devions rester à ses côtés pour qu'il puisse étaler sa réussite.