Le mouton qui rêvait d'être un loup [Fable]

2.

C'était un petit cœur fragile et flamboyant, comme il existe dehors de jolies fleurs. Déjà tout bébé, aveugle et sourd, ne pouvant se douter que la lumière existât, le petiot allait vers le jour, comme attiré par l'espace qui se trouvait hors de la tanière, et dont il respirait le mystère. Mais, trop faible sur ses coussinets, toutes tentatives pour remonter la pente et se hisser hors du nid le revoyaient rouler au fond du berceau. De ses aventures, il rata plusieurs tétées, manqua d'un peu de lait, mais entêté comme il était, il développa une force en son petit cœur que n'avait pas ses frères et sœurs.

Le louveteau était curieux et téméraire, il voulait saisir ce qu'il sentait, goûtait et touchait du bout de sa truffe, sa langue et ses coussinets. Il voulait se rapprocher, être au plus près de ce qui se passait, voulait mettre du sens à ses sens, et bien sûr, il voulait voir ; il en avait assez de l'obscurité.

Ses pattes le poussaient vers la sortie, d'où l'air et les odeurs venaient, allant chaque fois un peu plus loin, chaque fois se rapprochant de la lumière, mais sa faiblesse de corps le renvoyait, comme toujours, à son berceau. Pourtant, jamais il ne désespéra, il se savait près du but, et quand enfin ses yeux s'ouvrirent à la lumière, il était dehors, arrivé au sommet.