J'en fus soulagée. Mon regard dévia sur mon amie qui l'était autant que moi. Je lui fis un grand sourire afin de dissiper le reste de ses doutes.

- On y va ? Lui demandai-je.

Même si nous manquions de temps, je ne souhaitais pas la brusquer. Si elle avait encore besoin de quelques secondes, je ne voulais pas l'en priver. Aurore se contenta de hocher positivement la tête et nous nous levâmes.

Au loin, on pouvait déjà entendre les sirènes de police se rapprocher du bâtiment. Très vite, tout le campus allait être au courant de la terrible nouvelle : deux semaines après la mort de deux étudiantes aux abords du campus, deux nouveaux jeunes venaient d'être retrouvés dans le gymnase. Deux vampires, cette fois.


***


20 heures 30 - Pauline

- Combien de fois allons-nous devoir répéter les mêmes choses ? Dis-je exaspérée.

- Jusqu'à ce que je vous croie, mademoiselle Blackwell, répondit le shérif.

Je posai nerveusement mes mains sur les accoudoirs de ma chaise, tentant de dissimuler mon agacement. L'homme qui se trouvait devant nous semblait vouloir nous pousser à bout. Il avait une attitude suspicieuse et relevait chacun de nos mots à la recherche d'une faille.

Le shérif Norman n'était pas bien impressionnant. Un homme, tout ce qu'il y a de plus banal, une moustache grisée et des traits marqués par l'âge. Il devait avoir été transformé dans sa quarantaine et paraissait petit, à en juger par la place qu'il prenait sur son siège.

C'était un vampire, peu étonnant. Tous les postes civils plus ou moins élevés étaient occupés par leur espèce, ou parfois dans d'autres contés par des loups. C'était un moyen pour le gouvernement d'avoir des yeux partout.

- C'est pourtant la vérité, affirmai-je en me redressant. Aurore et moi sommes allées aux toilettes du gymnase. Nous avons été alertées par l'étendue d'eau au sol, puis vous connaissez la suite.

Oui. Encore une fois, ce n'est pas tout à fait ce qu'il s'est passé, mais nous nous tiendrons à cette version. C'était la meilleure des choses à faire pour nous protéger, elle et moi.

Durant le trajet, j'avais trouvé le courage de lui demander comment s'était déroulée son arrivée sur la scène de crime, et elle m'avait raconté une histoire semblable à la mienne. Je sentais qu'il y avait anguille sous roche, mais je savais qu'elle était incapable attenté à la vie de qui que ce soit, encore moins d'un vampire. J'avais donc décidé de fusionner nos deux versions des faits, et Monsieur gros-muscles avait rendu le tout plus crédible.

- Toutes les deux ?

- Oui, shérif. Toutes les deux. Aurore m'accompagnait simplement.

- Pourtant, votre professeur nous a assuré que vous n'étiez pas à l'entraînement de ce matin, dit-il en s'adressant à Aurore.

Cette dernière répondit du tac au tac et j'en fus fière. Elle avait écouté mes conseils donnés dans la voiture.

- Oui, j'étais chez moi à m'avancer pour un devoir. Une fois fini, j'avais décidé qu'il serait peut-être temps d'aller en cours, alors je me suis dirigée vers le terrain.

- Et c'est là que nous nous sommes croisées, et que je lui ai demandé de venir avec moi avant de rejoindre le groupe.

Le shérif hocha de nouveau la tête, mais il était clair qu'il ne nous croyait pas. Cela m'angoissa, même si je faisais mon maximum pour ne pas le montrer. S'il ne mordait pas à l'hameçon, les choses allaient devenir compliquées et je n'étais pas sûre de pouvoir improviser dans ce cas-là.

The Big Bad Vampire [BP] Where stories live. Discover now