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« Eh ben, ce n'est pas gagné. »

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23 heure 00 - Pauline.

- Madame, nous devons rentrée.

Ce fut la seule chose que me dit mon garde du corps sans me donner ni d'explication ni de détail. Je fus presque poussée dans la voiture et avant même que j'aie le temps de riposter, nous étions déjà en route vers mon appartement. Je n'y comprenais plus rien, c'était pourtant lui qui m'avait mis cette idée dans la tête. Celle de traverser la ville à la recherche du vampire suprême pour le convaincre de faire libérer James. À présent, pour une raison inconnue, il changeait d'avis et nous étions obligés de battre en retraite.

Pour être honnête, je n'étais pas mécontente de ce revirement de situation. Je ne pensais pas être prête à me confronter à lui, du moins pas ce soir. J'étais bouleversée et en colère à cause de la scène à laquelle je venais d'assister, et puis j'étais épuisée. Je n'étais clairement pas en état pour me battre, j'avais l'impression d'être un gladiateur s'apprêtant à entrer dans l'arène et qui venait subitement de perdre ses forces. Comme si une entité divine faisait de son possible pour que j'en ressorte perdante.

Pourtant, je ne pouvais pas me le permettre. Il s'agissait de James et de sa vie. En entrant dans mon appartement, je repassai toutes les possibilités qui s'offraient à lui. Il n'y en avait que deux, soit la prison à perpétuité, soit la mort. Et vu que le procureur en charge de l'affaire était un surnaturel, ce serait la chaise électrique à coup sûr. Je sentis mes jambes se liquéfier en imaginant assister à une telle atrocité, le voir perdre la vie devant des milliers de téléspectateurs. Non, je n'y arriverais pas.

Faisant tout mon possible pour ne pas fondre en larmes, je fouillai mon placard à la recherche d'un petit remontant. Quelque chose, de la tequila ou quoi que ce soit d'autre, qui puisse m'aider à survivre à ces dernières vingt-quatre heures. Je jetai mon dévolu sur de la vodka. La bouteille était bien cachée derrière des céréales et des biscottes, mais je réussis à l'attraper. Cela faisait des mois qu'elle était là, depuis mon emménagement pour être exacte. Madison me l'avait offert pour me souhaiter la bienvenue, et je ne l'avais jamais ouverte, enfin jusqu'à maintenant.

Je saisis donc le premier récipient qui me tomba sous la main, à savoir une tasse en porcelaine, et m'apprêtais à me servir lorsque ma sonnette retentit. Au début, je fis mine de ne pas avoir entendu afin que la personne qui était à l'origine de ce dérangement s'en aille par elle-même, mais ce ne fut pas le cas. Au contraire, elle insista de plus belle, ce qui me poussa au bout d'un moment à aller ouvrir. Et lorsque je tirai la porte dans le sens opposé, je sentis mon cœur faire un bond en arrière. Il était là, sur le bas de mon paillasson, le vampire suprême.

Je voulus disparaître, me cacher, ou faire ce que je m'imaginais faire à chaque fois que je me trouvais face à lui, mais je m'y refusai. Je ne voulais plus avoir peur, ou plutôt, je ne voulais plus le lui montrer. J'étais trop fatiguée pour nos jeux habituels, alors je décidai que pour une fois j'allais prendre le dessus. Le fait qu'il soit venu combattre ne voulait pas dire que je devais forcément perdre.

- Vous ne passez plus par la fenêtre ? lui demandai-je après l'avoir salué.

- Je ne pense pas que ta voisine m'aurait laissé faire cette fois-ci.

Je lui souris, n'ayant pas l'habitude de l'entendre jouer de son humour, puis lui cédai le passage. Pendant qu'il s'avançait dans mon salon, j'en profitai pour saluer à leur tour les soldats qui étaient entassés dans mes escaliers. Un service de sécurité digne d'un chef d'État. En fermant la porte, je repensai à Monsieur Gros-Muscle, c'était donc pour ça qu'il tenait à ce que l'on rentre le plus vite possible. Pour que je sois là lorsque son patron arrivera. En me tournant, je remarquai que l'homme en question avait les yeux rivés sur ma bouteille de vodka, qui était fièrement posée sur mon plan de travail.

The Big Bad Vampire [BP] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant