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« L'ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine et la haine conduit à la violence. Voilà l'équation. »

Averroès

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13 heures 00 - Pauline

Voilà plusieurs minutes que mon garde du corps était pendu au téléphone. Je savais pertinemment avec qui il discutait mais je n'osais pas y penser. Rien que l'évocation de son nom me procurait des sensations incontrôlées et je n'avais pas besoin de ça. Non, en ce moment je devais être concentrée afin de calmer Aurore et de la préparer à ce qui allait suivre.

Nous étions toutes les deux assises sur un banc derrière le gymnase. Je pouvais entendre son souffle saccadé et irrégulier se perdre dans l'atmosphère. Elle était en état de choc et je redoutai qu'elle nous fasse une crise de panique. Mon premier réflexe en temps normal aurait été de lui apporter de l'eau, mais ça ne ferait que lui rappeler celle qui inondait les vestiaires.

Je décidai donc de tout miser sur le contact physique. Lui caressant le dos, je lui murmurais des phrases relaxantes. « Tout ira bien », « Ne t'inquiètes pas, ça va aller ». J'avais répété ces mots tant de fois que j'aurais pu en faire une chanson, mais ils avaient au moins eu l'effet attendu.

La jeune étudiante commençait à reprendre ses esprits, et bientôt ses larmes se firent plus rares.

- Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ? Demanda-t-elle d'une petite voix.

- Eh ben il y a de fortes chances pour que l'on nous demande notre témoignage ...

- On va devoir aller au poste ?

Je vis ses prunelles prendre une teinte angoissée tandis que je hochais doucement la tête. Lui mentir ne servait à rien, elle devait être consciente de la gravité de la situation et du rôle que nous avions à jouer dans cette affaire.

Ma main se déplaça sur son bras. Je pouvais comprendre ses appréhensions. Pour un humain, ce n'était jamais bon de se retrouver au poste de police, surtout dans ce genre de circonstances. Les conclusions hâtives sont de rigueur lorsque l'on est un mortel, et la prison, ou pire encore, devient une notion plus réelle.

Je ne pouvais compter le nombre de mes semblables qui aurait été victime d'injustice dans ce pays, et c'était sûrement ça le plus triste.

Je me tournai vers le vampire qui se tenait à quelques mètres de nous. Immobile, il arborait son air impassible tandis qu'il écoutait attentivement les paroles de son interlocuteur. Tout portait à croire que leur discussion était formelle et banale, mais son visage crispé et son regard tendu le trahissait. Il se faisait sûrement remonter les bretelles, ou c'était seulement l'effet que faisait notre souverain sur l'ensemble de ses hommes.

Après avoir prononcé quelques formules de politesse, il s'approcha de nous. Il abaissa la tête, une fois à notre niveau, et n'accorda aucune attention à mon amie qui se tordait de peur sous la carrure du soldat.

- Nous devons y aller, annonça-t-il respectueusement.

- Le shérif va prendre nos dépositions, avais-je déduis en prenant la main d'Aurore.

- En effet. Mais ne vous en préoccupez pas. Je ferais en sorte qu'il ne vous soit fait aucun tort.

- Et pour Aurore ? C'est avec elle que j'ai découvert les corps.

Ce n'était pas tout à fait vrai, mais ça, il n'avait pas besoin de le savoir.

- Vous serez interrogées dans la même pièce, afin de gagner du temps et que je puisse veiller sur votre sécurité à toutes les deux.

The Big Bad Vampire [BP] Where stories live. Discover now