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"Tout vrai regard est un désir. "
- Alfred de Musset.

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8 heures 30 - Pauline.

Non non non ! C'était mon premier jour, mon tout premier et j'étais déjà en retard ! Pourquoi ce genre de chose n'arrivait qu'à moi ? Moi qui voulais faire bonne impression et ne pas me faire remarquer, merde ! De plus, mes chaussures à talon m'écorchaient les pieds à chaque pas, je savais que je n'aurais pas dû les mettre. Mais ce matin là, après deux heures pour choisir une tenue convenable - ce qui avait d'ailleurs eu raison de mon bus -, j'avais opté pour ces escarpins marrons en cuir qui allaient parfaitement avec ma jupe crayon kaki, qui m'arrivait aux genoux, et mon pull à col roulé.

Je courais, ou plutôt essayais de courir, dans les rues bondées de monde de la Nouvelle-Orléans en direction de l'université. L'Université Loyola de la Nouvelle-Orléans était l'une des plus réputées de la ville, ce fut une chance qu'ils pussent m'accepter. Même si mon dossier était des plus honorables, il y avaiet beaucoup de gens tout aussi compétents qui se bousculaient pour y accéder, surtout que le coût des études n'y était pas donné. Heureusement que je suis boursière.

Ho, j'ai peut-être oublié de me présenter. Je m'appelle Pauline Blackell, j'ai tout juste 19 ans et là, tout de suite, je suis en retard !

Je courais toujours à travers les rues, mon sac d'une main et une pochette remplie de feuilles de l'autre. Bête comme je suis, j'avais décidé de prendre ce qu'on appelle un raccourci improvisé, mais qui en réalité m'avait fait faire plus de détours qu'autre chose. Et en plus, allez savoir pourquoi, il a fallu que ce jour là le vent se lève d'humeur taquine et souffle fortement, ce qui me poussait à tenir ma pochette tant bien que mal pour que des feuilles ne s'envolent pas - chose pratiquement impossible -. Captivée par cette mauvaise journée, je ne regardais pas devant moi et après avoir bousculé deux ou trois personnes toutes aussi pressées, je me pris quelque chose de plein fouet. J'atterris alors par terre, sur les fesses. Je poussai un gémissement de douleur avant de me rendre compte que toutes mes affaires s'étaient renversées, et que bon nombre de mes feuilles s'étaient déjà envolées vers d'autres horizons .

- Tu ne peux pas faire attention quand tu marches ?

Cette voix était dure et grave, un homme. On sentait la colère dans chacun de ses mots, mais je n'y fis pas attention. Je soufflai avant de me mettre sur les genoux et de ramasser ce qui restait de mes affaires. Mais je réalisai que la personne qui m'avait bousculé - ou que j'avais bousculé, peu importe - n'avait pas bougé. Qu'attendait-il pour continuer sa route ? Surtout qu'une de mes feuilles était coincée sous sa chaussure. Je la pris dans les mains et tentai de la retirer sans la déchirer, mais il ne me facilitait pas la tâche.

- Ma belle, t'entends pas quand on te parle ?

C'était une autre voix, là aussi un homme, mais beaucoup moins intimidante que la précédente. Je ne relevai pas pour autant mon regard et continuai de tirer sur la feuille, je n'avais pas le temps pour ce genre de chose.

- Idiote ... Grinça alors la première personne.

Alors là, c'en était trop. Mais ils se prenaient pour qui, ces deux là ? Je lâchai la feuille, me levai et me tins devant eux. Mon cœur rata un battement, l'homme qui se tenait devant moi était ... wahou. Tellement que j'en rougissais même, et en m'en rendant compte je reculai brusquement. De là je pus l'admirer, il était grand, faisait au moins une tête de plus que moi, bâti comme un dieu grec et de larges épaules. Son visage avait des traits doux mais tendus à la fois, ses cheveux étaient rouge bordeaux, décoiffés, on pouvait en deviner leur douceur avec quelques mèches rebelles sur son front. Une mâchoire qu'on rêverait de tenir entre nos mains pour l'embra-... Ho, et ai-je parlé de ses lèvres ? Mon dieu ses lèvres !

The Big Bad Vampire [BP] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant