Chapitre 5

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À mon réveil, j'étais toujours seule. Je regardais fixement le plafond blanc, puis mon téléphone qui n'indiquait ni message ni appel en absence.

— Connard ! criais-je à l'écran.

La fonction automatique se mit en route, et une voix robotisée me dit :

— Je ne suis pas sûr de pouvoir répondre. Je peux lancer une recherche internet pour « connard ».

— Grrr... merde, au secours maman !!

— Envoie message « mère de se courre » à Maman. Dites annuler ou envoyer.

Désespérée par la technologie, je jetai négligemment l'appareil sur le côté. Je me redressai, je pris ma tête entre les mains et essayai de me convaincre que ce n'était rien. Après tout, il avait sans doute une obligation très importante pour m'oublier. Et puis, j'étais vraiment trop habituée à recevoir des attentions à longueur de temps. Ne pas en avoir pendant quelques heures, surtout la nuit, n'était en rien synonyme de quelconques tromperies avec sa secrétaire qui m'avait toujours paru suspecte. Petite, les cheveux châtain clair, avec un air de ne pas y toucher, je restais persuadée que son chignon impeccable cachait une accro du sexe au travail.

Je me préparai ensuite pour aller bosser.

En me dirigeant jusqu'au bureau, je passais devant le bar de mon frère ou je décidai de m'arrêter pour qu'il me fasse un capuccino lait de soja sans sucre à emporter. Pendant la nuit, j'avais trouvé une façon sympa de boucler mon article de telle manière que Sophie ne puisse rien en redire. De toute façon, vu le reste de la soirée qu'elle aura passée, je doute qu'elle ne veuille trop me faire changer puisque le prochain numéro devrait sortir pour la fin de la semaine.

— Bonjour sœurette, comment vas-tu ?

À peine avais-je franchi la porte que Thomas me serra dans ses bras avant de m'embrasser sur le front.

— Bien, merci. Tu me prépares mon habituel, s'il te plait ?

— Ismaël ? Un capuccino lait de soja sans sucre à emporter pour Émilie.

— Pourquoi tu lui demandes ? Tu pourrais le faire, raillai-je.

— Il faut bien qu'il apprenne le petit.

— OK, mais s'il n'est pas bon, tu me le paieras très cher. Tu le sais ? menaçai-je.

— Je ne m'inquiète pas, répondit-il avec un large sourire.

Mon frère reprit son activité. Il était en train d'accrocher aux murs des tableaux et des sculptures que je trouvais particulièrement moches. Tous les tableaux représentaient des espèces d'escaliers sur lequel l'artiste avait collé un genre de guimauve. L'ensemble ne me plaisait vraiment pas.

— Tu en penses quoi ? intervint Ismaël en me tendant mon gobelet en carton.

— Merci. Il y a... de la matière, finis-je par dire.

— C'est horrible si tu veux mon avis.

— Pourquoi Thomas les accroche-t-il alors ? Il a perdu un pari ? demandai-je sur le ton de la plaisanterie.

— Parce que l'artiste est un habitué.

— Mes condoléances. Bon j'y vais.

Je sortis du bar et entrai quelques minutes plus tard dans l'immeuble du magazine. Isabelle, qui d'habitude était très attentive semblait absente et absorbée par son écran d'ordinateur. Je me raclai la gorge pour lui signifier ma présence.

Marre des GrenouillesKde žijí příběhy. Začni objevovat