Chapitre 4

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Après avoir fait le pied de grue pendant plusieurs longues minutes devant le bar de Thomas, mon frère, Franck et Sophie me forcèrent à entrer. Une fois à l'intérieur, le grand blond baraqué qui se tenait à côté du comptoir me souleva pour me serrer dans ses bras.

— Mais tu veux m'étouffer ou quoi ? demandai-je, à la fois énervée et triste.

— Félicitations sœurette. Je suis fier de toi !

— Tu comptes me laisser respirer ou bien tu vas continuer jusqu'à ce que tu me casses ? Je ne suis pas l'une de tes altères, non, mais ! protestai-je.

— Jamais contente. Bon, pour célébrer ça, je vous offre le champagne.

— J'adore ça, il peut être rosé, c'est mon préféré, ajouta Frank.

— Bien sûr. Ismaël, une bouteille d'Égérie Rosé pour la quinze s'il te plait.

Nous nous installâmes à une table au fond du local. Un jeune homme, la trentaine les cheveux châtains en bataille avec une barbe de trois jours vint nous apporter le breuvage et des coupes.

— Mais, il est mignon lui, déclara Frank. J'en ferais bien mon quatre heure.

— Les années quatre-vingt-dix sont terminées depuis un bout de temps, ironisais-je, en le toisant.

Il portait un jean délavé, une chemise à carreau bleu et des Converse aux pieds.

— On s'en fout, une fois à poil...

— Rho, tu es incorrigible, interrompit Sophie. Mais, remarque pour un petit coup rapide, je ne dis pas non. En plus il a l'air d'avoir un beau petit paquet.

— Vous êtes en manque ma parole, ce n'est pas vrai ! m'exclamai-je, exaspérée de leurs commentaires.

— Et ce petit cul... fit le brun.

— Les obsédés ? Vous avez fini de vous rincer l'œil, on peut trinquer ? proposai-je.

— Rabat-joie, chantèrent-ils en cœur.

Même si je m'amusais, je n'étais pas totalement dans l'ambiance. J'envoyai un SMS pour savoir ce que faisait Alessio, mais je n'obtins aucune réponse. Pendant ce temps, mes deux amis et collègues minaudaient auprès du serveur. Mon grand frère l'avait engagé en début de semaine. Ismaël Larsson voulait être musicien, ce qui rajoutait au fantasme des deux collégiennes en chaleur qui m'accompagnaient.

Pour ma part, je le trouvais ridicule. Il y avait chez lui un je-ne-sais-quoi qui m'énervait. Durant le reste de la soirée, je l'aperçus en train de me regarder et de me sourire. En guise de réponse j'émettais des soupirs de désespérassions.

— Que se passe-t-il sœurette ?

— Rien, rétorquai-je.

— Mais, si, je vois bien qu'il y a quelque chose qui ne tourne pas rond. Tu veux qu'on monte pour en parler ?

Thomas habitait juste au-dessus de son bar. Il en avait hérité d'un oncle et avait réussi à en faire quelque-chose de sympa. C'était un mélange entre local branché et un simple bar de quartier. Certains artistes venaient pour être exposés aux murs. Il avait ainsi révélé quelques nouveaux talents. Il fallait dire que la présence de la grande Sophie Avril, corédactrice en chef de Her Style magazine, faisait venir pas mal de monde.

— Non, c'est bon, rassurai-je.

— Tu es sûre ?

— Je suis un peu contrariée, mais ça va aller.

Marre des GrenouillesWhere stories live. Discover now