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« Les filles? Réveillez-vous, je dois vous parler. »

C'est la voix douce de Fanny qui me réveille ce matin. Je n'ai pas les idées en place mais je comprends bien vite que quelque chose ne va pas. Je m'étire et demande:

« Qu'est ce qu'il se passe? Quelle heure est-il? »

La mine déconfite, Fanny répond:

« Rejoignez moi en bas, c'est important. »

Elle sort et Ileana marmonne, la voix ensommeillée:

« Je suis exténuée. Qui y a t'il ?
— Je ne sais pas, mais je la connais assez pour voir que quelque chose ne va pas. Descendons"

La blonde s'étire à son tour, et nous faisons rapidement notre toilette avant de rejoindre Fanny qui nous attend en bas avec Sabrina.

« Alors? Quelle est l'occasion? » je demande.

Fanny se ronge les ongles, ou plutôt la peau étant donné que c'est tout ce qu'il lui reste. Sabrina, elle, d'habitude très bavarde ne dit rien mais ça ne m'étonne pas vù qu'elle semble être à moitié endormie. Ileana et moi nous regardons, perplexes, et nous asseyons avec elles.

« J'ai reçu un appel hier soir, commence Fanny, vous étiez chez votre amie les filles, et Sabrina, toi, tu dormais. C'est toi que ça concerne. »

Celle-ci semble surprise et écarquille les yeux.

« Moi?
_ Oui », reprend notre mère d'accueil. « C'est ta maman qui m'a appelée. »

La principale concernée s'écrie, choquée et heureuse à la fois:

« Ma maman? Oh! Ça veut dire qu'elle est rentrée de voyage? Elle peut s'occuper de moi? »

Fanny se force à sourire:

« Oui, elle est de retour. Tu sais bien qu'elle était en tournée pour le travail. Mais sa tournée est finie, elle est arrivée à Washington hier et elle veut que tu ailles habiter avec elle. C'est une bonne nouvelle! »

Sabrina saute de joie dans toute la maison. Fanny, Ileana et moi restons assises sans rien dire. Je suis contente pour Sabrina mais j'ai bien compris ce que ça veut dire. Sabrina ne va plus habiter avec nous. Elle ne sera plus là. Je ne vais plus jouer avec elle, rigoler avec elle, la rassurer quand elle en a besoin. Je n'aurais plus cette petite sœur à laquelle je me suis tant attachée en un deux ans seulement.
Je respire du mieux que je peux et tente de chasser les larmes qui menacent de couler. Je ne peux pas pleurer devant elle, ni devant Ileana ou encore Fanny qui elle, semble être au bout du rouleau. Je me dois de rester forte comme je me force à l'être depuis des années. Je me dois de montrer à ma petite sœur de cœur que je suis contente pour elle. Et je le suis. Seulement, elle va terriblement me manquer.

Je tourne la tête vers Ileana: elle a ce regard vide que je lui connais bien. En quelques semaines seulement, elle est devenue très proche de Sabrina. Cette dernière l'admire énormément et voit en elle un exemple.

Fanny essuie ses larmes et demande à Sabrina de se rassoir:

« Ma chérie, je suis heureuse pour toi. Sa voix tremble trahissant sa tristesse mais Sabrina ne semble pas le remarquer. » Elle poursuit:

«Je dois t'expliquer certaines choses. D'abord,j'ai envie que tu saches que j'ai adoré t'accueillir à la maison. C'étaitvraiment un plaisir. Ensuite, sache que tu peux passer nous faire un coucouquand tu en as envie; tu as ta place ici. Ta maman n'a pas encore récupéré savoiture, je vais te déposer chez elle dans quelques heures. Il faut rangertoutes tes affaires et je suis sûre que les filles seront ravies de t'aider. Je vais me charger de préparer le petit déjeuner.»

Fanny se lève et se précipite vers la cuisine. Le sourire de Sabrina laisse place à une petite moue. Elle semble prendre conscience qu'elle s'apprête à nous dire adieu. Qu'habiter chez sa mère revient à se séparer de nous. Sa lèvre inférieure tremble et elle commence à pleurer:

« Oh non! Je n-ne veux p-pas vous l-laisser! J-je, j-je ne veux p-pas! Non! »

Cette fois, j'ai beaucoup trop de mal à retenir mes larmes. Je n'arrive pas à parler. J'aimerais rassurer Sabrina, lui dire que tout ira bien mais je n'y arrive pas. Ileana le fait à ma place:

«Ma belle! Tu ne dois pas pleurer. Tu vas retrouver ta maman et vous allez bien vous amuser toutes les deux! Elle va être impressionnée par toi! Tu dois être forte Sab! Et de toute manière, on se verra souvent. Rien ne va changer! Tu auras toujours Fanny, Katherine, les jumeaux et moi. Et en plus de nous tous, tu auras ta maman. Tu en as de la chance!»

Les mots d'Ileana font leur effet, comme à leur habitude. Sabrina sèche ses larmes et nous demande:

« Est-ce qu'on peut se faire un grand câlin toutes les trois? Un câlin entre soeurs... »

Je souris malgré ma gorge nouée et nous nous enlaçons fort toutes les trois. Dans les bras l'une de l'autre, Sabrina murmure:

« Je vous aime. »

Je suis presque sûre que la voix d'Ileana tremble lorsque celle-ci répond:

« Je t'aime aussi ma belle.
_ Moi aussi, je t'aime Sab, je souffle. »

Katherine (tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant