Prologue - un halo mauve

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Un halo mauve embrassait chaque visage, se reflétait dans chaque œil, faisait paraître chaque expression haineuse.

Et dire que, pour la première fois de toute ma vie, je m'étais enfin sentie chez moi.

La Colonie des Sangs-Mêlés était un endroit fabuleux : nous étions une immense famille. Et pour cause : chacun de nous était un peu lié à l'autre -après tout, tous nos parents étaient frères, sœurs, cousins, cousines, oncles et tantes...

Moi qui avais toujours eu un mal fou à m'intégrer à la société, j'avais eu la délicieuse surprise de rencontrer des gens qui me ressemblaient, et qui m'accueillaient à bras ouverts. Certes, certains étaient moins agréables que d'autres... Rien n'est jamais parfait.

Je n'avais pas eu de mal à oublier ma vie d'avant. Les familles d'accueil par lesquelles j'étais passée ne m'avaient pas manqué. J'avais même caressé l'espoir, en apprenant ma véritable nature, d'enfin rencontrer ma mère, ou mon père. Car même si l'un des deux était un dieu ou une déesse, il n'était pas impossible que nos routes se croisent un jour, si ?

Mais c'était fichu. Complètement fichu. Mes idées de belle famille s'étaient évaporées en un instant.

J'espérais qu'Il s'amusait bien. Ouais, Il devait bien rigoler, où qu'il soit... Pouvait-Il me regarder, d'une façon ou d'une autre ? Si j'en avais eu la certitude, je n'aurais pas hésité à lui adresser un levé de majeur bien senti. Seulement, je ne voulais pas que les sang-mêlés qui m'entouraient prennent ça pour eux... Je me contentai donc d'étouffer un juron.

D'une seconde à l'autre, ils allaient sortir de leur hébétude et réaliser ce que cette apparition impliquait. Ils n'allaient pas saluer, comme le voulait l'usage - car j'avais déjà assisté à la détermination d'un demi-dieu. Personne, pas même Chiron, le centaure, n'allait dire : "Salut à toi, fille de... "

J'en savais assez pour déjà commencer à regretter le passé. On m'en avait bien parlé, de celui qui venait d'envoyer cette forme brillante voler au-dessus de ma tête... Je savais ce qu'Il avait fait. Ce qu'Il faisait. Et ce qu'Il s'apprêtait à faire.

J'étais mal barrée.

Je fermai les yeux : je ne voulais plus la voir. Jamais je n'ouvrirai de nouveau les paupières tant qu'elle serait encore là, au-dessus de ma tête.

« Déterminée. »

Une faux violette tournait dans les airs. Une voix moqueuse démentit ma précédente supposition :

« Salut à toi, fille de Cronos ! »


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La Treizième OlympienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant