La Prophétie

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J'avais pensé, à ce qu'avait dit Loup, toute la nuit. Une question se posait : pourquoi, réellement, Otis était-il venu me voir ce jour-là, à l'infirmerie ? Je sortis de ma tente déterminée à lui poser la question.

Sur mon chemin je croisais l'elfe qui avait façonné mon arc. Je l'interpellais, après tout Otis pouvait bien attendre quelques minutes. L'elfe s'approcha de moi, visiblement surpris que je lui adresse la parole. Je m'aperçus qu'il avait l'air plus âgé que les autres elfes que j'avais pu voir. Au coin de ses yeux ainsi qu'autour de sa bouche, apparaissaient quelques rides.

- Votre altesse ?

- Comment vous appelez-vous ? demandais-je gentiment.

- Jim, votre altesse, me répondit-il.

- Vous m'avez l'air plus âgé que tous les elfes que j'ai rencontré.

- J'ai deux cents ans tout pile mademoiselle. Je suis le plus vieux à me battre, mis à part les Elfides. Je pense que c'est pour ça votre altesse.

Je le regardais impressionnée. Deux cents ans. Cet elfe se tenait devant moi, comme il aurait pu se tenir devant mes arrière-grands-parents.

- Ce n'est pas tant que ça pour un elfe mademoiselle.

- Pourquoi votre armure est-elle usée Jim ?

Il n'eut pas le temps de me répondre car Kinhan près de moi, essoufflé, la mine grave.

- Méridine,...Il faut...que tu viennes.

- Où ? Calme-toi Kinhan !

Il reprit son souffle puis recommença :

- Il faut que tu viennes au poste d'observation, il y a quelqu'un qui s'avance sur la plaine.

Je jetais un regard vers Jim, qui haussa les épaules.

- Je te suis.

Le jeune comte me pris la main et m'entraîna dans le camp, tout en esquivant les soldats sur notre chemin. Il m'amena à une tour de bois, fabriquée pour voir au loin. Je grimpais les escaliers quatre à quatre, sans regarder en bas. C'était haut.

Les alliés étaient tous là, même Otis. Je les saluais d'un signe de tête, puis regardais par l'ouverture. Au début je ne vis rien du tout, puis j'aperçus quelqu'un. Derrière, venaient d'autres personnes, plus trapues, plus imposantes : des monstres. Tous avançaient rapidement vers nous. Ils étaient encore trop loin pour voir exactement qui venait en tête, mais de toute évidence, s'était un homme.

Je m'écartais pour me tourner vers mes alliés. Kinhan observa à son tour. Au bout de quelques minutes il releva la tête. Son regard était sombre, sa mâchoire serrée.

- Je crois que c'est lui.

A ces mots mon cœur fit un bond. L'Elfia observa elle aussi la plaine, puis confirma ce que venait d'annoncer Kinhan : le Destructeur venait à notre rencontre. Le silence se fit dans la pièce. Nous étions tous en train de digérer la nouvelle.

- Il ne vient pas seul, il est suivi par une escorte, nous décrivait l'Elfia. Attendez, je ne comprends pas, c'est étrange.

Un nouveau silence s'ensuivit. Nous étions tous aux aguets, attendant les explications de l'Elfia.

- Mais ce n'est pas lui qu'ils escortent ! C'est la reine Marane ! s'écria-t-elle.

L'Elfia s'écarta et je me précipitais pour voir. Kaâla s'était arrêté au milieu de la plaine. Il semblait regarder dans notre direction. Derrière lui se trouvaient ses monstres, portant une petite personne. Pas de doute c'était bien ma mère. Certes elle était amaigrie, les cheveux blanchis, mais on la reconnaissait. Elle était telle que je l'avais vu dans mon dernier rêve.

Le Royaume d'Ialane (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant