Chapitre 16 (Deuxième partie): Le pouvoir des sentiments

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On rattrapa l'armée en une matinée seulement. Elle s'était posée non loin du village pour la nuit puis avait continué sa route au petit matin. On avait quitté Sylviane, la remerciant pour sa gentillesse et son hospitalité. Nous lui avions laissé quelques sous pour qu'elle puisse vivre correctement avec son fils et son neveu. Puis nous étions partis, galopant dans les champs, Lubin courant près de nous. A ce moment nous n'étions plus qu'à deux jours de Drane.

Loup fut lui aussi impressionné par la vitesse à laquelle je m'étais rétablie. Estéban me caressa la joue et Séraphine me serra dans ses bras avec une force insoupçonnée, m'embrassant les deux joues au passage. Ils avaient l'air heureux de me revoir en pleine forme.

Un nouveau cheval m'attendait pour reprendre la route. Mon cœur se serra mais je n'avais pas le temps de penser à la mort de Kira. C'est un serpent qui l'avait mordu et faite tombée à la renverse, elle était morte en quelques secondes seulement.

On traversa les rivières, les champs, les bois sans rencontrer personne. Les routes étaient désertes, pas un messager, pas un marchand, pas une famille migrante. La journée se passa vite pour moi et miracle non seulement je n'avais rien à mes jambes, et je pouvais gambader comme je voulais, mais en plus je n'avais aucune courbature contrairement à mes compagnons de route. A la nuit tombée les éclaireurs partirent chercher un endroit où dormir. Ils revinrent à peine trois quarts d'heure plus tard. Ils avaient trouvé sur leur chemin un village fantôme, autrement dit totalement abandonné par sa population. Ce village était une opportunité car il était bien plus agréable de dormir dans une maison plutôt que dehors.

On les suivit jusqu'à ce village où régnait un silence inquiétant, cependant il ne restait que peu de traces des villageois. Juste quelques meubles ou affaires avaient été laissées dans cet endroit. Plus nous nous rapprochions de Drane et du champ de bataille, plus nous voyions les traces que la guerre laissait sur son passage. Les gens vivaient dans la peur et laissaient leurs vies, leurs amis, leurs familles derrière eux.

Le village étant vide on s'installa pour la nuit. Tout le monde s'entassa dans les maisons. Certains purent bénéficier d'anciens matelas tandis que d'autres dormirent à même le sol dans leur duvet. Il était inespéré de dormir au chaud un soir, aussi tout le monde était content de ce qu'il avait.

Ensuite nous avions mangé un morceau de viande séchée et un potage indescriptible, puis un soldat avait sorti un petit harmonica de sa poche et un elfe avait pris un violon dans son sac pour l'accompagner. Ils commencèrent un air joyeux et entraînant tout le monde à taper dans ses mains. Certains firent même quelques pas de danse et l'Elfia accompagna l'air de sa voix mélodieuse. Kinhan me pris la main et m'emmena dans une sorte de danse de son invention assez comique tandis que Samira tapait le rythme avec son tambourin. Mais chacun y allait de son petit mouvement personnel, les loups riant face à nos acrobaties. A la fin de cette petite parenthèse musicale on partit tous se coucher, éreintés par le voyage mais revigoré par notre fête improvisée.

Mon oncle Estéban ronflait à côté de moi. Le vent soufflait faisant grincer la petite maisonnette, la pluie tapait le toit et la pleine lune brillait de façon étonnante, créant des ombres effrayantes. Je n'arrivais pas à dormir. Alors, doucement je sortis de la chambre où Estéban, Kinhan et moi étions entassés. Je marchais pieds nus sur le sol froid puis ouvrit la porte qui grinça légèrement mais ne réveilla personne. J'entrais dans la seconde pièce de la maison qui était à peine plus grande que l'autre, il n'y restait qu'une table, vestige d'une ancienne vie. Dans cette pièce Lubin dormait profondément pendant que Loup, l'air penseur, était assis face aux flammes de la cheminée. Je me servis de l'eau, que je bus avant de m'assoir près du chef de la meute. Les flammes orangées dansaient et crépitaient devant nous, nous éclairant faiblement.

Le Royaume d'Ialane (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant