Chapitre 14 (Troisième partie): Le Ni'a

16 5 5
                                    

Vingt minutes plus tard tous les alliés étaient réunis dans le grand salon : Les Elfides, Samira, Loup, Séraphine et Estéban. Chacun était dans un fauteuil autour d'une table ronde qui avait été mise spécialement pour cette réunion. 

- Les nouvelles ne sont pas bonnes mes amis, déclarais-je. J'ai reçu, il y a exactement vingt minutes, une lettre du général Caïn en mission à Drane. Les troupes envoyées là-bas il y a trois mois s'affaiblissent et le Destructeur reprend du terrain. Malheureusement nous avons été prévenu tard car tous les messagers avaient été tués par la comtesse, nous n'avions donc aucune nouvelles de Drane.

- Que comptez-vous faire princesse ? demanda Samira.

- Je pense qu'il faut renouveler les troupes. Les soldats à Drane depuis trois mois rentreront à Olysie tandis que de nouveaux les remplaceront. Ils seront frais et forts, nous reprendrons l'avantage sur l'armée du Destructeur, qui elle, aura été au front depuis trois mois.

- Je suis d'accord, c'est une idée fantastique, commenta mon oncle.

- Oui, vous aurez besoin des elfes dans cette nouvelle armée, intervint l'Elfi.

- Bien évidemment des soldats de chaque allié seront envoyés à Drane. Nous avons besoin de tout le monde, répondis-je.

Les autres approuvèrent, je repris la parole :

- Bien, le départ se fera dans trois jours. Quarante loups, trois cent elfes, cent cinquante Saribains et cinq régiments des soldats de Risseta partiront avec l'armée blanche, de soldats à pied, d'Ialane.

Tous acquiescèrent.

- Pendant mon absence je veux que l'entraînement quotidien perdure ainsi. Il faut que les loups continuent d'apprendre aux autres leur unité organisée de combat.

- Il n'est pas question que vous quittiez Olysie princesse, désapprouva Habib.

- Ah oui ? Ne vous inquiétez pas conseiller, je ne prends pas trop de place, répliquais-je.

- Il en va de votre sécurité princesse, ajouta Séraphine.

Je bouillonnais. Je me levais de mon siège, posais les mains sur la table et les regardais un à un.

- Vous croyez ? veuillez m'excuser mais je pense être autant en sécurité là-bas qu'ici. Nous sommes en guerre compagnons et j'ai parfaitement conscience d'être aujourd'hui la cible numéro de notre ennemi après avoir tué sa femme. Je suis peut-être jeune mais je reste la régente d'Ialane, c'est donc moi qui prend les décisions pour mon pays. Peu vous importe que je sois jeune pour diriger, par contre lorsqu'il s'agit d'aller se battre je deviens beaucoup plus petite ! En tant que souveraine je me dois d'aller à Drane, que cela vous plaise ou non.

Sur ces mots je me rassis. Pendant quelques minutes personne ne dit rien. Puis l'Elfia pris la parole :

- Nous n'avons toujours rien trouvé au sujet de monseigneur Kinhan, monsieur le conseiller.

- Rien du tout ? Demanda Habib.

Je ne dis rien.

- Aucune trace ni dans la forêt, ni à Saraziane. Il s'est volatilisé comme par magie.

- Vous croyez que..., commença Habib.

- Non je ne pense pas qu'il soit mort. Il sait se battre. En revanche il est possible que son père l'ait rallié à sa cause, lui répondit-elle calmement.

- NON ! m'écriais-je. C'est impossible, il ne ferait jamais ça.

- Tout est possible princesse, avança Loup.

- Non, pas Kinhan, non. Il déteste son père.

- Certes mais lorsque le désespoir vous prend on fait parfois de drôles de choix, répondit Estéban.

- Le pauvre garçon n'a plus de famille, ajouta Séraphine.

- Nous ne refermons aucune éventualité, repris l'Elfi, mais il est fort possible que le Destructeur ait pris contact avec son fils.

- Peut-être, mais Kinhan n'est pas un traître. Non, il ne me trahirait pas !

Les larmes coulaient sur mes joues. Je repris d'une voix plus faible, moins assurée :

- Jamais...

Puis je partis.

Je passais le reste de ma journée à organiser le voyage jusqu'à Drane. J'en avais même oublié les soupçons des alliés au sujet de Kinhan. Il y avait tant d'autres choses à penser. Il fallait choisir l'itinéraire le plus adapté sans être trop à découvert, il fallait prévenir tous les soldats concernés par cette expédition et préparer aussi le rapatriement des troupes envoyées à Drane trois mois auparavant. Tout cela n'était pas une mince affaire et ma journée passa à une vitesse folle. Le soir en remontant dans ma chambre, exténuée, je passais dans un couloir désert lorsqu'à une intersection j'entendis des chuchotements. Je me plaquais contre le mur pour ne pas être vue et écoutais :

- Je vais devoir partir au front à Drane avec la princesse.

Je reconnus la voix douce et chaude de Samira.

- Je sais...je ne suis pas tellement d'accord pour qu'elle parte avec vous mais quand elle a décidé quelque chose il est difficile de l'en dissuader, répondit Habib toujours en chuchotant.

- Ne t'inquiète pas, elle sait ce qu'elle fait. Et je pense qu'elle a besoin de s'éloigner du palais, tu sais ce n'est pas facile de perdre sa famille et en plus Kinhan. Il ne lui reste plus que toi.

- Oui, j'imagine. Parfois je me demande pourquoi il est parti, il avait l'air tellement attaché à Méridine.

Un court silence s'ensuivit, puis Samira reprit :

- Ne t'inquiète pas, je la protègerais.

- J'en suis sûr, mais Samira je redoute tellement de te perdre toi aussi. Je t'aime tellement, tu es la dernière famille que j'ai.

Tout cela devenait de plus en plus intime et je commençais à être de plus en plus gênée d'écouter cette conversation.

- Je t'aime aussi Habib mais je n'ai pas le choix, tu vas me manquer.

Habib pris le visage de Samira entre ses mains.

- Fais attention, promet-le moi.

Samira acquiesça puis Habib posa ses lèvres sur celles de sa bien-aimée. Il la serra fortement contre lui puis parti sans un bruit. J'attendis quelques minutes que Samira s'éloigne pour rejoindre ma chambre et pour de bon cette fois.


Le Royaume d'Ialane (EN REECRITURE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant