Jour - 91

13 3 0
                                    

Je sens quelqu'un me secouer par l'épaule droit...

"Hum ?..."

Je me redresse, cligne des yeux, mais je vois flou. Donc je frotte mes yeux, les rouvre...

J'aperçois Sowon assise à côté de moi. Elle me parle avec les yeux. Ses yeux me montre quelque chose qui se trouve devant moi, et l'expression de son visage me conseille de regarder.

En effet j'ai remarqué qu'une ombre me recouvrait.

Je regarde devant moi.

"On ne fait que de commencer le cours... Il faudrait se réveiller un peu non ?"

Oh, c'est M. Hartis, mon prof de maths... de 1ère.

Soudain, j'écarquille mes yeux, puis je commence à regarder dans tous les sens. Il n'y a plus Pierre, il n'y a plus Yaël, il n'y a plus mes anciens camarades de 2nde... Je suis avec ma classe de 1ère !!! J'ai fait un saut dans le temps.

ENFIN ?!

S'il vous plaît, dîtes moi qu'on est en 2018... En tout cas, qu'on a déjà passé le vendredi 22 décembre 2017...

"Vendredi 22 septembre 2017" est ce qui est marqué au tableau.

Je ne sais pas si je dois être joyeuse ou triste.

Je commence à toucher mes cheveux... Ils sont courts. Je tripote mon visage, puis...

Ah bah non. Je suis toujours dans le même corps.

Oh...

Je me laisse tomber sur la table et plonge ma tête dans mon cahier. Ça ne sert à rien d'espérer... Car finalement, on ne fait que de désespérer...

"Gabriel, ça va ? Tu veux aller à l'infirmerie ?" me demande M. Hartis.

Mais qu'est-ce qu'ils ont, tous ces profs, à toujours vouloir m'envoyer à l'infirmerie comme ça ??

"Je vais partir en folie...
- Jean, accompagne Gabriel à l'infirmerie s'il te plaît."

Et voilà. Ça recommence. Go faire un tour à l'infirmerie avec Jean notre cher délégué ! Et oui, il est encore dans ma classe, et il est encore délégué.

En fait, Jean et moi nous avons pris exactement les mêmes options, c'est pourquoi nous sommes un peu obligés d'être dans la même classe, sauf si on change de lycée. Et Sowon avait demandé une 1èreS, et elle s'était retrouvée dans la même classe que moi par hasard. Une heureuse coïncidence.

22 septembre 2017... C'est le premier jour d'automne... Je n'ai même pas pu profiter des vacances d'été ! J'ai enchaîné les heures de cours, de devoirs, de contrôles, et voilà comment on me récompense.

Je dois encore travailler... S'il vous plaît, laissez-moi rentrer chez moi. Je n'aime pas l'école.

Dès qu'on sort de la salle, et que Jean ferme la porte, je lui attrape son avant-bras gauche et retrousse sa manche. Il se laisse faire.

"Tu ne veux pas t'arrêter avec cette histoire ?
- Tu t'es arrêté !! Il s'est arrêté !!
- Chuuuut ! Ça va pas de crier comme ça ?"

Il n'y a même pas de croute. Tout à disparu. Il s'est arrêté !

Oh, en marchant, et en me comparant à Jean, je remarque que j'ai grandi. Oui j'ai grandi ! Le monde est légèrement plus petit, comme si j'avais mis des talons de cinq centimètres. Oh, je fais à peu près la même taille que lui ! Avant j'étais plus petite... Cool !

"En tout cas, commence Jean dans les couloirs, bravo d'avoir appris les 3910 premières décimales de Pi. Je n'aurais jamais cru que tu irais vraiment jusqu'à là..."

J'ai appris 3910 décimales de Pi ??? Sérieux ?? Je me suis tellement ennuyée pendant les vacances d'été ?

"Ah, merci. Moi non plus, je suis étonné d'en avoir appris autant...
- Mais j'en suis à 4581. J'ai toujours de l'avance."

Mais qu'est-ce qu'il est con lui aussi. Pourquoi ? Pourquoi il a continué à apprendre la suite ? Ça ne sert strictement à rien. C'est bête, ça fait perdre du temps, et ça va peut-être abîmer notre cerveau, à force d'apprendre par cœur comme ça...

"D'ailleurs, tu as mis ma bague aujourd'hui.
- Hein ?"

Je sentais que j'avais un truc sur mon index gauche... Ah bah ouais, j'ai mis cette bague. Mais qu'est-ce qui m'a pris ? Pourquoi j'ai mis sa bague encore ?

"Je viens de le remarquer, lui dis-je... Bref."

Il s'est passé des choses entre temps. Des souvenirs que je n'ai jamais vécu me remonte à l'esprit... Le futur a changé. Avant, je n'étais ni amie avec Sowon, ni amie avec Jean. C'était deux parfaits inconnus... Et ils sont actuellement mes meilleurs amis en quelque sorte.

Sowon a intégré dans un groupe. Elle parle beaucoup plus, elle s'exprime plus. Parmi les nouvelles timides de notre classe, Sowon a réussi à se faire des amies. Cette fois-ci, c'est elle qui a fait le premier pas. J'ai été très fière d'elle.

Mais alors pourquoi suis-je encore dans ce maudit corps ? Pourquoi ce n'est pas fini ?

J'ai modifié le passé. Le futur en a reçu les conséquences.

"D'ailleurs, on est d'accord, c'est bien Emmanuel Macron le président de la République ? J'ai un doute...
- Euh oui... Tu t'es cogné la tête quelque part ? T'es amnésique ?
- Un peu je pense."

Il doit me prendre pour une cinglée. J'espère qu'il ne va pas appeler un asile pour que j'y fasse un tour. Je décide de couper cette conversation.

"Bref ! Euh... bonjour.
- Bonsoir.
- Mais on est le matin !
- Oui, et toi tu mas déjà dit bonjour tout à l'heure.
- C'est juste."

Je suis originale, okay ?

...

Sowon et moi avons beaucoup avancé pendant les vacances d'été sur notre projet de BD. Je n'en ai pas cru mes yeux : j'avais l'impression de lire une vraie BD. Le titre est Je ne suis pas une FEMME et nous en sommes presque à la fin. Tout a été organisé...

C'est l'heure de déjeuner. Au fond du couloir, entourée de ses nouvelles amies, Sowon se dirigeait vers les escaliers. Elle parlait. Elle riait.

Cela m'a fait chaud au cœur.

Ensuite, j'entends la voix d'Adam m'interpeller. De nouveaux souvenirs surgissent dans mes esprits...

"Salut ! s'écrit-il. Content de te voir. On descend ?
- Oui, oui."

Ça m'a fait penser au personnage Oui-oui. Je suis toujours une gamine dans ma tête...

Moi, Gabriel Kiton, je suis devenu ami avec Adam en jouant du basket avec lui. Et à chaque pause déjeuner, j'ai joué au basket avant d'aller au réfectoire avec les autres joueurs.

Il n'y a, bien sûr, que des garçons dans ce groupe de basket. Pas étonnant. Ce qui est étonnant, c'est le pourquoi du comment j'ai fait pour accepter de jouer avec eux quotidiennement... Je n'avais jamais imaginé que je deviendrais un ami à eux...

C'est moi qui est à l'origine de tout ce changement. Mes quelques actes ont changé tout ça. Et le fait de changer de sexe aussi...

Sowon est devenue une élève ordinaire, Jean arrête de se mutiler, moi je continue ma vie...

Tout est bien qui finit bien non ?

ALORS POURQUOI JE SUIS ENCORE DANS CE PUTAIN DE CORPS ???

Et si je ne retournais jamais dans mon corps ? Rester un garçon à tout jamais... NON !! NON !!! ET NON !!!! JE NE VEUX PAS ! JE VEUX ÊTRE UNE FILLE !

Oh purée, maintenant que j'y pense, c'est possible que je reste dans ce corps. Je ne vois pas où se trouve le problème ? Qu'est-ce qui me retient ici ?

-○°☆°○-

Grande élipse. Nous avons passé la fin de la 2nde, les vacances d'été, et la rentrée de 1ère de Gabrielle sous silence.

Ceci N'est Pas Un LivreWhere stories live. Discover now