L'assistante

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    Le poids sur la poitrine de Victor se mit à remuer quelque peu, puis disparu. L'inventeur, libéré, releva le buste, passant en position assise et, quelque peu hébété, se frotta doucement le crâne. Mais que c'était-il donc passé ? Qu'est-ce que c'était que cette lumière ? Et ce poids sur lui qu'est-ce que cela pouvait bien .... Chloé ! Où était Chloé ? Elle avait pourtant quitté l'atelier avec lui. En proie à la panique, l'inventeur tourna la tête de tous côtés, trop vite, ne réussissant qu'à ressentir de violents vertiges qui le forcèrent à se rallonger un instant. Il avait oublié de manger, comme d'habitude quand Chloé l'aidait dans le laboratoire et se passionnait pour un problème au point d'en oublier de faire manger son employeur qui, quant à lui, serait capable de se laisser mourir de faim pour parvenir à la conclusion de ses recherches plus rapidement. Un peu plus calmement cette fois il se releva, repérant une forme féminine aux boucles blondes et à la robe verte tachée d'encre et, désormais, de boue. Il lui fallu une demi-seconde pour comprendre que cette forme était le poids qui l'avait écrasé et une demi seconde de plus pour comprendre qu'il s'agissait de son assistante, la douce et vive Chloé Tinker. Se dépêchant de ramasser ses abattis un peu douloureux, il s'approcha d'elle et s'agenouilla à ses côtés, repoussant d'une mains les cheveux d'or étalés sur le pavé. Il l'appela alors très doucement, tentant de voir si elle était consciente. Un grognement indistinct lui répondit alors qu'elle se retournait doucement, massant son poignetendolori. Victor lui tendit la main l'attirant doucement de façon à ce qu'ellese relève. Une fois la jeune femme sur ses pieds, il lui offrit l'appui de sonbras tandis que leur regard se tournait immédiatement vers le musée. Plusaucune lumière ne l'entourait mais les vitres du musée avaient volé en éclat. Autour d'eux , les gens reprenaient lentementleur soirée, le bruit augmentant petit à petit, de joyeux rires et des chants s'enéchappant. Les vendeurs de rue recommencèrent à arranger les passants proposantà l'envi bonbons, caramels, marrons grillés et vin chaud. Des balayeurs de rue, quant-à-eux, commençaient à ramasser les débris de verre tandis que les forces de police arrivaient sur les lieux, sécurisant les fenêtres désormais béantes de British Museum.  

Au bras de Victor, la tête de Chloé lui tournait. Elle avait fait un rêve bien étrange pendant qu'elle gisait, évanouie, sur le torse de l'inventeur. Elle ne s'en souvenait plus vraiment mais elle avait l'impression qu'elle avait volé au milieu de centaines d'éclats de lumières bruissants en tous sens. Elle secoua la tête raisonnant sur les causes de ces sensations. L'impression de vol devait être due au souffle de l'explosion qui l'avait projetée sur Victor, l'arrachant du sol pendant quelques instants. Les centaines d'éclats de lumière étaient quant-à-eux le résultat de la vive lueur combinée  aux fragments de verre provenant des vitres brisées. Elle rigola doucement en pensant à ce qu'un esprit peu rationnel aurait pu déduire de ces sensations. Ils marchèrent tous deux dans les rues enneigées, les petites chaussures de Chloé s'imprégnant rapidement d'humidité. Elle secoua la tête en leur jetant un coup d'œil, se demandant comment elle avait pu être assez stupide que pour sortir de simples petits chaussons, certes assortis à sa robe mais bien trop légers pour la saison. Elle remarqua d'ailleurs qu'elle n'avait pas pensé à se vêtir d'un manteau ou d'une capeline et était en simple robe légère sous les flocons blancs tombant du ciel. Le temps qu'ils atteignent l'atelier, ses joues étaient rosies par le froid et elle frissonnait violemment, les lèvres légèrement bleues. A peine le pied mis dans la petite masure où elle vivait en compagnie de Victor depuis que le défunt père de l'inventeur l'avait tirée de l'orphelinat il y a 10 ans, elle se précipita vers l'âtre et se laissa choir sur les coussins élimés qui étaient disposés devant la cheminée. Frictionnant ses bras et ses mains frigorifiés, elle sourit avec reconnaissance à Victor lorsqu'il lui tendit une tasse de tisane bien chaude. Il retourna à l'atelier pendant que son assistante et amie se réchauffait doucement. Le temps passa doucement, le silence troublé par les sifflements des potions de l'inventeur sur l'établi. Épuisée, Chloé se laissa glisser vers le sommeil s'allongeant devant la flambée tandis qu'au loin sonnait minuit. Juste avant de s'endormir, elle chuchota "Joyeux Noël Victor ". 

Victor, depuis sa table de travail, regardait avec tendresse son amie s'endormir dans la lumière vacillante des flammes. Lorsqu'il entendit son murmure, il se rapprocha d'elle et, étendant une couverture sur la dormeuse, il lui répondit doucement "Je ne sais pas si il sera joyeux Chloé mais en tous cas, ce sera le Noël le plus intéressant que nous avons connu depuis longtemps. "

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