XXX.

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— En fait, je suis ton esclave, lança Ariel en maniant plusieurs alcools.

En se tournant vers Neven, il l'aperçut esquisser un sourire. Il bloqua quelques secondes dessus, jusqu'à ce que son voisin le remarque et reprenne un visage fermé.

— Travaille, esclave, répliqua le bouclé.

Ariel pouffa et se remit à la confection des boissons. Il s'y connaissait grâce aux nombreuses soirées auxquelles il avait participé lorsqu'il était plus jeune. Anna était une grande fêtarde depuis le jour où elle avait compris qu'elle pouvait plaire à des hommes, elle s'était alors mise à sortir sans cesse. Soucieux, Ari l'avait suivi partout où elle allait. Elle s'était cependant calmée le jour où ils s'étaient mis ensemble.

— La vue te plaît ? taquina Ariel.

— Tourne-toi pour voir ?

Le plus vieux prit un air faussement choqué et posa une bouteille rien que pour lui lever son majeur au nez. Neven fit un mince sourire amusé et répliqua.

— Alors non, la vue ne me plaît pas.

— Je t'emmerde, rit Ariel.

Ari était heureux, il avait l'impression que son voisin se laissait plus aller. Il lui montrait d'autres parties de lui, celles plus joyeuses et joueuses. Le galeriste en était ravi. C'était le début de leur amitié.

Il prit un plateau et mit quelques boissons dessus, pour ensuite le refiler à Neven.

— Faut bien que tu serves à quelque chose, non ? sourit Ariel.

Neven roula exagérément des yeux et partit avec le plateau sur les mains. Cependant, il revint quelques minutes après, celui-ci vide de boissons.

— Tu dois recommencer, j'ai tout fait tomber.

Le brun mit un temps avant de comprendre et râla contre son voisin.

— Tu ne pouvais pas faire attention ?

— Pas ma faute, c'est ton pote qui m'a bousculé.

— Aurél ?

Le bouclé haussa les épaules et Ariel soupira. Il reprit les bouteilles et de nouveau verres, tandis que son voisin se rassit sur le plan de travail, un peu plus loin. Alors qu'il se concentra pour faire de nouveaux cocktails, il fut gêné par le regard fixé sur lui, scrutant tout ce qu'il faisait.

— Arrête de me regarder comme ça, lança Ariel, mal à l'aise.

— Comment je te regarde ?

— Tu me fixes.

— Et alors ? souffla Neven, désinvolte.

— On ne t'a jamais dit que c'était malpoli ?

— Pas comme si j'en avais quelque chose à foutre.

Ari se mordit la lèvre pour ne pas sourire. Il aimait bien son côté indifférent aux normes sociales. C'était tout le contraire d'Anna, qui, elle, était énormément sur le superficiel une fois en dehors de cette maison. Elle savait bien se tenir, elle avait toujours les dernières fringues à la mode, elle parlait correctement, bref, elle avait tout de la femme parfaite. Enfin, pas vraiment pour lui, mais il devait avouer qu'il était assez fière d'avoir une femme pareille à ses côtés. On l'avait jalousé tant de fois.

— C'est bon, j'ai fini ! annonça Ariel.

Neven s'approcha pour reprendre le plateau, mais Ariel le stoppa et le prit lui-même.

— Hors de question que tu le prennes.

Il entendit son voisin souffler et le suivre. Il ne voulait pas prendre le risque de tout refaire, encore. Il prit donc le soin de distribuer les boissons à chaque invité, ne s'oubliant pas.

Le plus vieux partit se rasseoir aux côtés de sa chérie et glissa la paille entre ses lèvres, aspirant distraitement tout en essayant de se réintroduire dans la conversation de ses amis. Après quelques minutes, il n'arrivait toujours pas à reprendre la discussion et écouta d'une oreille ce qui se disait autour de lui. Son regard se tourna vers le côté, sentant des yeux sur lui.

Neven. Ariel fronça les sourcils, mais celui-ci garda son regard gris sur lui et ce, tout le reste de la soirée. Le brun s'était d'abord sentit extrêmement gêné, puis il s'en était amusé. Il avait retiré son t-shirt pour lui exposer ses pecs et ses abdos impeccables, prétextant une soudaine chaleur. Enfin, il avait vraiment eu chaud. Il ne savait pas vraiment pourquoi, mais le fait de savoir que ses yeux le scrutait le mettait dans tous ses états. Il finissait même par en être flatté, il aimait qu'on l'observe, surtout lorsque c'était son mannequin de voisin qui le faisait. C'était tellement gratifiant qu'un homme aussi parfait physiquement, puisse le regarder, lui, ce faux bad boy commun. Ari avait juste l'habitude d'attirer un type bien précis de fille, celles qui aimaient les mauvais garçons. Il avait déjà vu des regards d'homme sur lui, mais personne qui l'intéressait.

Quand tout le monde partit, Ariel chercha Neven pour lui dire au revoir, mais celui-ci avait déjà déserté les parages. Un peu déçu, il rentra chez lui et se coucha, les idées plein la tête.

         Le lendemain, Ariel eut la surprise de sortir de chez lui en même temps que son voisin et, alors qu'il s'apprêtait à le saluer, celui-ci le regarda et mit son casque sur ses oreilles, l'ignorant royalement. Le brun ne comprit pas ce qu'il lui prenait. La veille encore, ils avaient bien parlé et, là, il faisait comme s'ils étaient revenus au début de leur relation !

Il se reprit, peut-être que Neven était dans une mauvaise phase ? Tout allait s'arranger.

Malgré sa tentative d'auto-persuasion, il y repensa toute la journée, se torturant l'esprit. Il n'avait pas envie qu'ils redeviennent comme avant ! Il voulait qu'ils soient amis, qu'ils s'entendent bien, pas qu'ils s'ignorent. Jim le harcela pour qu'il aille parler avec lui. Il lui avait même suggéré de " coucher avec le voisin une bonne fois pour toute ". Selon lui, ça le décoincerait, car sa " frustration sexuelle le rendait mauvais au travail " et qu'il faisait fuir tous les clients.

         Le jour d'après, de nouveau, Neven ne lui prêta pas attention, même si son regard sur lui montrait bien qu'il avait remarqué sa présence. Complètement frustré, il décida d'attendre le soir pour aller le voir.

Nerveux, Ariel sonna chez le voisin. Il crut ne pas avoir de réponse quand on vint enfin lui ouvrir. Cependant, Neven tenta de refermer la porte, mais Ariel fut plus rapide et poussa la porte pour rentrer, avec ou sans l'accord du propriétaire de la maison. Cela lui rappela quelque chose.

— Alors là, rêve ! Tu vas me dire pourquoi tu me fous des vents alors que je n'ai rien fait ! s'exclama Ariel, énervé.

Neven, qui lui faisait face, lui lança un regard las. Ariel ne put s'empêcher de glisser son regard sur son corps, seulement vêtu d'un short court. Il ne savait pas ce qui se passait dans sa tête en ce moment, mais c'était le feu. Inconsciemment, ses dents mordirent sa lèvre inférieure et ses yeux furent obnubilés par ce torse, offert devant lui.

— Voilà pourquoi, Ariel.

Ledit Ariel releva la tête, ne comprenant pas ce que voulait dire Neven.

— Quoi ?

Neven lui lança un petit sourire malicieux, avant de s'approcher à pas lent de son voisin, rompant la distance entre eux. Ariel frissonna, mais laissa faire le bouclé. Celui-ci leva sa main lentement et la posa sur la base de son cou, sans jamais serrer.

— Ce n'est pas toi qui disais qu'on devait arrêter ?

Le brun comprit immédiatement de quoi il parlait : les baisers. Neven pencha son visage vers le sien, rapprochant leur bouche l'une de l'autre. Ariel ressentit une multitude de choses dans son ventre et, à l'heure actuelle, plus rien ne comptait, à part ses lèvres qui l'appelaient.

— Tu es conscient que ça va déraper, là, maintenant ? souffla le bouclé.


Rien de rien. [BxB]Dove le storie prendono vita. Scoprilo ora