Rien de rien. [BxB]

XIV.

       Neven ressortit de sa première consultation en se massant les tempes. Emmerdant, voilà ce qu'avait été le temps passé avec cette femme, mais, après tout, c'était sa première séance. Il ne devait pas s'attendre à des miracles, surtout après avoir vu six spécialistes, qui pensaient tous réussir à le guérir.

Et puis, il n'avait fait que penser aux mots de son stupide voisin. À quoi jouait-il ? Est-ce qu'il le prenait pour un défi ? Ça l'avait mis en rogne, son petit ton condescendant et ses yeux provocateurs. Le bouclé s'était trop laissé approcher, il devait remédier à cette prise de confiance qu'avait Ariel à son égard. Il n'aimait pas du tout ça.

Les jours suivants, Marion ne l'embêtait pas avec leurs voisins, elle se contentait de parler avec sa copine par message ou elles se voyaient quelques minutes, en rentrant du travail.

Tout se corsa le vendredi soir, il fallait s'y attendre, le moment tant redouté : la fameuse sortie entre " amis ".

Il allait se rendre chez son voisin pour lui dire de faire aller ses petits neurones pour le sortir de cette impasse, mais, étonnamment, le jeune homme avait pris les devants.

— Ariel m'a dit que vous aviez déjà prévu une soirée jeu vidéo pour ce soir ? demanda Marion, le dérangeant dans sa contemplation de l'écran TV.

Neven fronça les sourcils un quart de seconde avant de se souvenir de leur compromis et il hocha la tête, comprenant que l'autre avait utilisé cette excuse bidon. Il remonta un tant soit peu dans son estime.

Sa petite-amie le regarda avec un petit sourire joyeux. Il savait ce qu'elle pensait : elle était fière et heureuse de voir qu'il commençait à bien s'entendre avec Ariel, qu'ils allaient devenir amis et que tout allait être comme dans ses rêves, une vie parfaite où ils auraient des amis et où Neven serait redevenu le type social d'antan.

Pas de bol, tout ça n'était que supercherie.

Que fera Marion quand elle se rendra compte qu'il ne changerait jamais ? Ce genre de chose... Ça marquait l'âme au fer rouge, personne ne pouvait l'effacer.

Il se retrouvera tout simplement seul. Il n'avait qu'elle.

— Je ne savais pas que vous vous étiez rapproché, avec Ari, lança sa petite-copine en s'asseyant à ses côtés.

Neven se contenta de hausser les épaules pour toute réponse. Il reçut un baiser sur sa joue et se sentit coupable quand elle poursuivit :

— Ça me rend heureuse.

Son malaise grandit davantage lorsqu'il l'entendit soupirer de bien-être et poser sa tête contre son épaule. Il la connaissait assez pour dire que, quand elle lâchait ce petit soupir, c'était qu'elle se sentait vraiment bien.

Mais, après tout, c'était de sa faute. Elle le poussait à mentir pour se préserver.

À l'heure du rendez-vous, Anna vint sonner à la porte et Marion cria à Neven d'aller ouvrir, car elle n'était pas encore prête. Il traîna donc le pied jusqu'à l'entrée et découvrit Anna, mais aussi Ariel, face à lui. Il fronça les sourcils en voyant le garçon, se demandant ce qu'il foutait là.

— Salut Neven ! s'exclama la jolie Italienne en lui claquant les deux bises.

Le brun lui serra la main à son tour et le bouclé ne put s'empêcher de dire :

— Qu'est-ce que tu fais là ?

Ariel se tourna et récupéra un sac de sport derrière lui, avant de le regarder de nouveau et de lui lancer un grand sourire complice.

— C'est pour notre soirée jeu vidéo ! J'ai ramené ma play, étant donné que j'ai vu que tu n'en avais pas. J'ai pris Bo2, GTA et aussi un autre jeu de combat, mais je ne me souviens plus de son nom, répondit-il naturellement, comme si tout ça était vrai.

Neven les laissa entrer et pria pour que son complice souhaite seulement rendre leur soirée réelle aux yeux des filles, mais qu'il allait déguerpir dès qu'elles partiraient.

Il monta les escaliers et tambourina à la porte.

— Marion, grouille-toi.

La jeune femme sortit enfin, toute pimpante. Elle portait une jolie robe bleue électrique, qui mettait ses formes en valeur, du maquillage un peu plus prononcé que d'habitude et était grandie par des chaussures à talon. Ses cheveux, eux, demeuraient détachés, mais étaient légèrement ondulés. Elle était très jolie, comme ça.

— Tu me trouves comment ? demanda-t-elle en souriant et en tournoyant sur elle-même, faisant voler doucement le bas de sa robe.

Le bouclé la regarda de la tête aux pieds, admiratif de sa copine.

— Très jolie, avoua-t-il.

Marion sourit encore plus. Depuis quand ne l'avait-il pas vu aussi heureuse ? Mais, le pire, c'est que ce n'était pas lui qui la mettait dans cet état, mais bien la voisine. Il était content que Marion ait trouvé une amie en Anna.

Elle lui sauta soudainement dans les bras et le serra contre elle un instant, avant de se reculer et lui murmurer un " merci ". Ils se sourirent et descendirent rejoindre les deux autres.

— Amusez-vous bien, les garçons ! lança Marion en refermant la porte derrière elles.

Neven se précipita dans son salon, là où Ariel avait commencé à connecter la télé et sa play en trifouillant les fils derrière.

— C'est bon tu peux remballer, elles sont parties, lui informa-t-il.

Ariel se tourna vers lui avec un petit sourire pas très sûr de lui.

— J'étais sérieux avec cette soirée jeu vidéo.

Le bouclé ouvrit la bouche, surpris. C'était une blague, c'est ça ?

— Hors de question ! s'exclama-t-il.

Cette fois-ci, le sourire de celui au prénom de princesse changea, se transformant en un rictus provocateur.

— Alors vas-y, mets moi à la porte, répliqua-t-il, confiant.

Deux petits mots dans sa tête lui faisait serrer les dents : quel enfoiré !