XVI.

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        Neven se gifla mentalement. Il venait encore d'être inexplicablement attiré par son corps ! Ce torse musclé, dont les pectoraux et les abdos étaient parfaitement formés et... Il s'asséna une deuxième gifle. Il avait un sérieux problème avec ce type qui squattait tel un virus chez lui.

Il revint enfin avec deux verres d'eau, peut-être que ça allait refroidir son corps et qu'il remettrait son t-shirt ? Il se maudit de ne pas avoir la clim.

Le bouclé se crispa en revenant se poser à côté de lui et se retint de lui jeter un coup d'œil. Ils burent leur verre entièrement et Neven prit la manette dans ses mains.

— Je veux bien jouer, mais une seule partie et, ensuite, tu pars. Compris ?

— Bah, en fait, j'ai commandé des pizzas, souffla presque timidement son invité forcé.

Neven soupira de tout son souffle. Ce mec voulait sa mort, c'était décidé. Il lui lança un regard noir pour lui faire comprendre qu'il n'était pas content, vraiment pas content.

— Hé ! Ce n'est même pas moi qui aie commandé, c'est Anna ! Quand elle a su que je venais ici, elle a pris cette initiative, se précipita-t-il de répondre pour s'innocenter.

Le bouclé roula des yeux, totalement exaspéré par ses deux voisins envahissants.

— Après la pizza, tu pars, annonça-t-il, sans équivoque.

— Oui oui, lança Ariel, déjà concentré dans leur mission.

Leur soirée avait commencé de façon plutôt tendue, mais, au final, Neven se lâchait petit à petit et allait même jusqu'à injurier son voisin, qui était mort de rire en lui lançant des bombes à répétitions. Ils s'étaient rendus à la quatrième partie quand on sonna à la porte. Ariel mit le jeu en pause et accourut vers l'entrée. C'est donc les bras chargés qu'il revint s'asseoir sur le canapé et qu'il posa les trois cartons de pizzas sur la table d'en face.

Neven partit chercher un couteau et s'affaira à couper des morceaux dans la pizza. Aussitôt, Ariel se jeta sur une part qu'il engloutit sans attendre son compagnon. Le plus vieux lança de nouveau la partie, réactivant leurs personnages, en veille.

— Hey ! Je te signale que je n'ai pas encore mangé ! s'outra le bouclé.

Il entendit Ariel pouffer, sa nourriture toujours dans sa bouche. Il avala le tout avant de répondre, un brin taquin :

— Tu peux faire deux choses en même temps, non ? Ou alors, tu es du genre à approuver les préjugés sur les hommes ?

Le plus vieux se renfrogna et reprit rapidement sa manette en main. Il avait déjà oublié la condition qu'il avait émise plus tôt, comme quoi Ariel devait partir après avoir mangé et plongea de nouveau dans leur petite bataille.

            Ils furent interrompus par une porte qui claquant et des voix s'élevaient. Surpris qu'elles rentrent si tôt, Neven regarda l'horloge murale et ses yeux s'agrandirent davantage. Il était minuit ! Il venait de passer cinq heures avec son voisin, sans vraiment s'en rendre compte ! Il était vraiment choqué. Enfin, son mal de tête était bien présent, mais il avait pensé que c'était à cause du jeu vidéo et non pas parce qu'il venait de rester plusieurs heures en compagnie d'une autre personne que Marion.

Quand les deux jeunes femmes les rejoignirent dans le salon, il put constater leur grand sourire, contentes de les retrouver à deux, l'un à côté de l'autre, leur manette en mains. Leur mission n'était pas encore terminée, mais le bouclé se sentit soudainement étouffé, comme s'il était enfermé dans un lieu étroit, avec très peu d'oxygène. Il posa une main sur son torse en lâchant sa manette et tenta de reprendre sa respiration. Ariel fut le premier à s'en rendre compte, étant donné que son personnage était inactif et se tourna pour lui lancer une vanne, avant de voir son état inquiétant.

— Neven ? demanda-t-il d'une voix basse.

Marion sembla alertée par la voix de son voisin et se précipita vers les garçons. Elle retint la main d'Ariel, qui allait se poser sur Neven.

— Non, faut pas le toucher ! annonça-t-elle, un peu trop paniquée.

Sa petite-amie regarda ses invités et d'un ton réellement désolé, elle leur dit :

— Est-ce... Est-ce que vous pouvez partir ? Je suis vraiment désolée de vous mettre à la porte mais... Il faut qu'il reste seul...

Anna s'approcha d'elle et lui donna une caresse sur la joue avant d'embrasser le haut de sa tête, étant donné qu'elle était accroupie devant Neven.

— T'en fais pas, on comprend. Viens, Ariel, lança-t-elle.

Ariel, déboussolé et se demandant ce qu'il avait fait de mal, se leva tel un zombie, jetta un dernier coup d'œil à l'Apollon et repartit chez lui.

Le bouclé vit sa compagne se relever et se diriger vers la cuisine. Il avait toujours ses mains sur son torse et essayait de reprendre sa respiration correctement, les yeux dans le vague. Son esprit s'embrouillait, lui injectant des images floues et probablement erronées, mais qui lui faisait mal à la poitrine. Il peinait énormément à reprendre une respiration normale. Marion revint avec des médicaments dans la main et un verre d'eau. Seulement, Neven ne prit que le verre d'eau, la main tremblante. Même en pleine crise, il ne voulait pas toucher à ces merdes prescrites par son médecin, c'était encore pire pour lui d'imaginer les avaler.

— Neven, s'il te plait... Prends-les, ça te fera du bien, supplia Marion, d'une petite voix.

Il réussit à ingurgiter un peu d'eau avant de lui rendre et de remonter ses jambes contre son torse, les encerclant de sa main, et posa son front sur ses genoux.

Marion éteignit les lumières, tira les rideaux, éteignit la télé, qui était allumée et qui laissait voir le jeu toujours en cours, et revint se poser devant lui, sans jamais le toucher.

Des sanglots ne tardèrent pas à se faire entendre, puis des phrases entrecoupées :

— Je suis désolée... Neven... C'est de ma faute.... Je suis désolée...

Ces phrases furent répétées en boucle, avec toute la peine et le remord du monde.

Rien de rien. [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant