Chapitre 35

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La salle était pleine à craquer, les gens criaient, dansaient et s'amusaient. Mon frère terminait son couplet. Je me souviens encore de la chanson qu'il chantait, ses paroles résonnent dans ma tête comme si c'était un vieux rêve ou comme un disque qu'on tournerait en boucle.
« Moi j'rappe pour ceux qui vont en cours, pas pour ceux qui les sèchent
J'écris pour ceux qui donnent de l'amour, pas pour les creux qui le prêchent
J'suis en studio pour ceux qui rêvent, ceux qui doutent, ceux qui souffrent
Au fond du gouffre, ceux qui s'taisent pas pour les ploucs qui s'l'ouvrent
On s'bouge, ceux qui ont les boules gloussent ils ont tous le blues à Toulouse
Choup, un petit coup de pouce, seul dans la brousse, à mes trousses une bande de ouf me coursent, soufflent, cous' »
Et puis mes souvenirs divaguent...

La salle est devenue silencieuse, autour de moi il n'y avait plus un bruit. J'avais comme l'impression d'être dans une bulle et pourtant je voyais la salle qui s'agitait encore et encore, je voyais les gens bouger et chanter. Je sentais mon frère à côté de moi, il brandissait notre disque d'or dont on était si fiers, mais je ne pouvais l'atteindre. J'ai alors entendu au loin « j'voulais » de Sully Sefil, c'est cette chanson qui nous a donné envie de faire du rap avec mon frère mais c'est également cette chanson qui m'a ouvert les yeux ce soir là.
J'voulais faire de mal à personne, j'voulais qu'on ait plus de fric
J'voulais qu'on puisse un peu kiffer, j'voulais qu'notre vie soit fantastique
J'voulais t'couvrir de cadeaux, t'offrir c'qu'il y a d'plus beau
J'voulais t'sortir de cette rengaine de merde : métro, boulot, dodo
Ce son me berçait et ma tête s'est mise à tourner de plus en plus fort, j'ai alors senti mon corps me lâcher. Je me suis effondré et mon crâne s'est fracassé contre le sol. J'ai senti le sang chaud couler sur mon visage. À cet instant, tout est redevenu bruyant.
Les gens criaient d'effroi dans la salle. J'ai vu mon frère courir jusqu'à moi et j'ai entendu le son de sa voix pour la dernière fois.
-Floooooooo...

La réalité n'est qu'illusion Où les histoires vivent. Découvrez maintenant