XXVIII. In this cold winter night

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- MAMAN ? DEMANDA JAMES, LE PLUS petit (en taille) des jumeaux.

Alexia était en train de faire les comptes dans les gens qui lui devait de grosses sommes d'argent, qu'elle devait donc éliminer, mais pour la première fois depuis longtemps, elle arrêta ce qu'elle faisait pour écouter son fils.

- Oui ?

- A l'école, expliqua l'enfant, la maitresse veut que l'on ramène une photo de famille, avec nos tontons, nos tatas, nos grands-parents et nos parents. Est-ce que tu pourrais m'en donner une s'il te plait maman ? Oh non, même deux comme ça j'en donnerai une à Sammy ! Tu ne nous as jamais parlé de papa, maman. Les autres enfants de l'école trouvent cela bizarre. J'aimerai bien leurs montrer que j'ai un papa et une vraie famille. 

Le coeur d'Alexia se brisa un peu plus. Elle ne disposait d'aucunes photos de la sorte.

- Je... Je n'ai pas de photo de ton père, dit-elle, mais en voyant l'air si triste de son fils, elle ajouta : mais, je peux peut-être trouver une vieille photo de famille.

- Et tu nous parleras de papa un jour, maman ?

- Un jour peut-être, mais pas aujourd'hui, ni demain. Un jour ou je serais prête à accepter la réalité comme elle est, James.

***

- Non, Alexia, c'est un non catégorique, commença à argumenter Sebastian, qui jonglait entre la conversation et l'écran bleu de son ordinateur. Ses fines lunettes qui reposaient sur l'arrête de son nez reflétaient les informations qui passaient à toute vitesse.

- Ça ne va pas non plus me prendre quatre heures ! Je rentre, je sors et je suis rentrée à la maison avant que tu ne puisses rajouter quelque chose.

- Tu ne peux pas risquer ta vie juste pour une photo, Alex.

- Je ne vais rien risquer, je connais cette maison comme ma poche, c'est celle de mon frère, Sebastian, dit-elle en étant déjà en train de mettre ses chaussures. 

- Justement ! Il risque de t'attendre, c'est du suicide.

- Cela fait cinq ans que je ne l'ai pas vu ! Je suis quasiment sûre qu'il ne s'est même pas rendu compte que je n'étais plus là, ajouta la brunette, qui sentait déjà sa gorge se serrer.

Puis, après avoir rassuré Sebastian, elle monta voir ses enfants, endormis.

- Sammy, James, rappelez-vous, les anges veillent sur vous.

Elle partit, et sur le pas de la porte hésita à les embrasser. Trop tard, elle le fera demain soir, après tout, elle avait tout le temps du monde.

***

Alexia n'eu aucun problème majeur à ouvrir la porte. Après tout, elle avait l'habitude de rentrer par effraction chez son frère, lorsqu'elle revenait tard dans la nuit et qu'elle avait oublié les clés. Elle rentra dans cette maison si familière plongée dans le noir profond. La brunette s'avança alors dans le hall d'entrée et un flot de souvenirs qu'elle avait enfouis refirent surface. Alexia secoua alors la tête et s'avança vers le bureau de Mycroft, ou elle s'attendait à trouver un vieil album photo au fond d'un tiroir. Mais au lieu d'un vieil album poussiéreux, elle trouva une photo, joliment encadrée, posée sur le coté droit de ce bureau impeccablement rangé, à coté d'un tas de papiers. Alexia n'en croyait pas ses yeux. Elle n'avait jamais vu son frère disposer d'autant de sentimentalisme. Alexia s'attendait à la limite de trouver un portrait de la reine dans ce joli cadre. La brunette fit alors quelques pas pour attraper la photo et l'observa. C'était une photo plutôt ancienne, étant donné que ses parents étaient avec eux. Elle avait sept ans dessus, et pourtant elle se souvenait de cette journée à la plage comme si c'était hier. En même temps, ce fut la seule fois de sa vie qu'elle quitta Londres ou sa banlieue. Cétait la surprise d'anniversaire pour Mycroft, ses vingt ans, juste avant qu'il ne quitte le nid familial pour de bon. Alors, pour cette occasion, Timothy et Wanda Holmes avaient emmenés leur ainé ainsi que leurs deux autres enfants en Californie. Alexia se souvient parfaitement de quand cette photo avait été prise, même si cela faisait maintenant dix-huit-ans. Elle s'en souvenait car, trois jours plus tard, juste après leur retour des Etats-Unis, ses parents moururent d'un stupide accident de voiture. Stupide, mais fatal. Elle se souvenait de Mycroft qui pleurait de rage sur les tombes fraichement sorties du sol de leurs parents qu'à cause d'eux, il allait devoir sacrifier sa carrière pour son pédant de frère et son idiote de soeur. Elle se souvenait de grand panneau de vente sur sa maison et de son sentiment de solitude constante. Si Alexia se souvenait si bien de cette photo, c'est car ce fut son dernier souvenir le plus heureux.

***

Steven Barnes était un homme bon. Il avait une femme et une petite fille qui venait d'avoir deux ans. Il aimait également le travail qu'il exerçait depuis maintenant cinq ans, gardien de nuit. Il vadrouillait dans la maison de son patron chaque nuit, au cas où quelqu'un rentrait par effraction. Son patron, il ne l'aimait pas beaucoup. Steven le trouvait un peu bizarre, à se trimballer partout avec un parapluie. Mais la chose la plus bizarre pour Steven, c'est que sa maison était gigantesque mais qu'il vivait seul. Comme s'il attendait quelqu'un, mais que cette personne ne viendrait jamais. Il passa alors du salon à la cuisine, armé de sa lampe torche et de son arme de service. Steven se mit soudainement à froncer les sourcils. Il avait entendu un bruit dans le bureau qui lui paraissait suspect. Il avança alors prudemment, et il trouva une femme, plongée dans l'admiration d'une photo, le visage faiblement éclairé par la lumière de son téléphone. Alors que steven allait signaler à cette personne qu'elle n'avait rien à faire ici, il remarqua les multiples armes accrochées à son pantalon. Puis, il releva la tête, son arme prête à servir, le bras gauche un peu tremblant et rencontra deux beaux yeux bleus, peut-être les plus beau qu'il n'ait jamais vu. Mais dans ses yeux se cachait une froideur, qui semblait dire bien des choses, dont le fait qu'elle avait déjà tuée des gens et quelle n'hésitera pas à le refaire. Steven Barnes aimait sa femme et sa fille, et c'est pour cela qu'il tira en plein dans la poitrine de la jeune femme, qui s'écroula à terre, faisant un bruit si fort pour cette maison d'habitude si silencieuse.

***

Alexia mourut un jeudi, par une belle nuit de pleine lune. Une nuit froide et silencieuse, le genre de nuit où les seuls bruits que l'on pouvaient entendre étaient les ronronnements des rares voitures qui passaient.

Mycroft, alerté par le bruit qui n'annonçait rien de bien, dévala les escaliers pour trouver son garde de nuit, les bras ballants et le corps entier qui tremblait. Lorsqu'il tourna la tête vers Mycroft, ses yeux étaient embués de larmes.

- Je... Je ne voulais pas, Monsieur ! J'a... J'avais peur qu'elle fasse le premier geste ! Je ne... Ne peux pas me permettre de laisser ma famille toute seule, a... Alors j'ai fait ce que j'avais à faire, trembla l'homme, qui regardait désormais la main qui tenait son arme d'un air horrifié.

Cest alors que Mycroft tourna la tête pour découvrir un cadavre, plongé dans la pénombre, avec du verre autour.

- Alors Steven, ressaisissez-vous, bon sang ! Vous n'avez fait que votre travail. Si vous pouviez allumer la lumière, nous pourrions y voir plus clair et appelez la police, d'accord ?

L'homme hocha lentement la tête, renifla bruyamment et alluma la lumière.

La première chose que Mycroft remarqua fut le sang, si abondant ! Il y en avait juste beaucoup trop. La deuxième chose que Mycroft remarqua, fut ces yeux bleus, grands ouverts et figés.

Le cœur de l'ainé Holmes rata un battement. Il aurait pu reconnaitre ces yeux entre milles, même après cinq ans d'absence.

Cette nuit-là, Mycroft Holmes pleura, chose qu'il n'avait pas faite depuis maintenant dix-huit ans. Cette nuit-là, le cœur de Mycroft Holmes perdit le peu de chaleur et de joie qu'il lui restait. Cette nuit là, Mycroft Holmes perdit une partie de lui même et son unique sœur.

ᴬᴸᴱˣᴵᴬ ᴴᴼᴸᴹᴱˢWhere stories live. Discover now