Prologue

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« Symbole du château de Fontainebleau, le célèbre escalier en fer-à-cheval est un ouvrage du règne de Louis XIII... »

Le discours pimpant de notre guide n'était plus qu'un lointain écho à mes oreilles. Un quart d'heure durant, le jeune étudiant passionné d'histoire qu'il était nous avait badiné sans ménagements des admirables rénovations de la cours Ovale, de la reproduction hors-pair de ce « célébrissime » escalier...
Que l'on ne s'y trompe pas, j'étais passionnée par ces impressionnants édifices, du raffinement de la Renaissance, de la splendeur de ces jardins...
Ah, les jardins. Une oeuvre d'art vivante et titanesque qui s'épanouissait devant moi, au pied de l'escalier. Des explosions de couleurs, des fontaines à profusions, façonnées par des artistes d'antan. L'une d'entre elle représentait cet homme aux allures de dieu grec, allongé nonchalamment sur son rocher, encerclé de toute part de puissants jets d'eau. Je l'imaginais à l'époque, orné d'or et de pierreries, représentation parfaite du faste de la renaissance...

Cette passion était héréditaire. Mon père était historien à ses heures perdues, et particulièrement amateur des intrigues de la Renaissance florentine. Les drames, le faste et la luxure italienne avaient effectivement de quoi attirer plus d'un; et cette attirance m'a valu le prénom que je porte: Léonor. Mon paternel avait été touché par l'histoire de cette dame de la noblesse florentine, Léonora de Tolède, qui, mariée à un descendant des Médicis, fini étranglée par celui-ci.

 
Les années passant, il s'était félicité de son choix, de part les similitudes physiques que Léonora et moi même partagions: une crinière brune tirant vers l'acajou, une silhouette relativement mince et élancée, un minois fin aux pommettes nettes, et une bouche en bouton de rose. Je n'étais bien évidemment pas de cet avis, trouvant mes hanches bien trop larges, et mes yeux bleus étaient à l'opposé de ses prunelles noisettes, excellemment représentée sur ses portraits.

Une fenêtre claqua, peut être une porte. Je sursautai violemment, sortant aussitôt de mes pensées... Et remarquant que je m'y étais perdue trop longtemps. Le groupe devait être parti depuis une bonne dizaine de minutes pour poursuivre la visite. Je songeai à les rejoindre. Puis, mon regard échoua sur un panneau indiquant le jardin de Diane. Mon sang ne fit qu'un tour, et telle une marionnette, je me dirigeai en direction du dit jardin. Je me retrouvais bientôt face à la fontaine de Diane.

L'eau jaillissait des têtes de cerfs, placés sur chaque côtés de la colonne. Et sur le socle, Diane, la déesse romaine de la chasse, encadrée par quelques épagneuls assis, était affublée de son habituel arc et... D'un joyau remarquable, qui venait orner le haut de son crâne.

Parfaitement transparente, la pierre était traversée par un rayon du soleil, qui illuminait le bassin d'eau d'une couleur peu commune. En effet, l'eau étincelait. Hypnotisée par tant de grâce et de beauté, je ne pu faire autrement que m'approcher. Je descendis les quelques marches, et fis face à la fontaine.

Un objet rougeoyait, au fond du bac. Je levai la tête un instant, le temps de vérifier que j'étais bien seule. Puis, sans franchement me poser de question, je plongeai ma main dans l'eau pour récupérer l'objet. Le contact fut d'abord froid. J'empoignai ce qui semblait être une pierre. En la sortant de l'eau, je n'eu pas le temps de l'étudier. Une lumière puissante éclata, le sol trembla, et je fus propulser dans l'eau. Tout alla très vite. Je ne pouvais plus penser. J'étais comme retenue sous l'eau, incapable de pouvoir effectuer le moindre mouvement pour m'en sortir. je cru mourir; mes poumons, à vif, m'imploraient de l'air; ma vue se troublait; et bientôt, le néant accueillit mon esprit et mes tourments cessèrent. 

Tome I : L'émeraude de Saint LouisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant