Chapitre 8, 2ème partie.

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- Arrêtez de réfléchir vous me donnez mal à la tête ! Gronde soudain Alister.

Je pivote sur la chaise aussi moche qu'inconfortable et tombe directement sur son visage dur. On pourrait aisément lui donner dix ans de plus : ses traits tirés creusent son visage et démontrent son épuisement.

Est-ce que j'ai la même tête ?

Sûrement.

- Et cessez d'agiter ainsi votre pied ! Vous m'agacez ! il termine.

Il grince des dents aussi tendu que moi, peut  être même plus. Le tapage incessant de mon pied s'arrête ramenant subitement la pièce au silence complet. J'entends même Alister respirer. Profondément, comme s'il tente d'aspirer tout l'air que peut contenir l'étroite pièce. Le temps me semble long et à chaque minute que passe la trotteuse de ma montre, l'envie de tordre le cou des inspecteurs se fait plus grande, plus pressente. Je me demande ce qu'ils peuvent bien trafiquer...

- Comment ça se passe avec ma fille ?

Je prends un temps pour comprendre que c'est à moi que s'adresse Alister, mais je reviens vite. Quand il est question de Salem, je ne mets jamais bien longtemps à réagir. Imperceptiblement je me raidis sur ma chaise. Son inconfort me paraît tout d'un coup insupportable au point de ne plus pouvoir rester assis dessus une seconde de plus. Cependant, je ne fais rien et reste totalement stoïque. Me mettre soudainement debout alors que cela fait déjà près de quarante minutes que je supporte la même position, serai mettre une trop grosse puce à l'oreille de mon beau-père qui justement toussote, impatient de ma réponse.

- Tout va bien. Je réponds nonchalamment, les épaules haussées.

Mais j'aurais tout aussi bien pu ne pas répondre.

Mon aîné non satisfait de ma réponse bifurque sur un côté de sa chaise me faisant directement face. Il me jauge ses sourcils broussailleux légèrement relevés et devant son air inquisiteur, je prends conscience d'avoir mit trop de temps pour répondre. Quelqu'un qui dirait la vérité aurait immédiatement répondu de façon innée, tandis que quelqu'un qui mentirai - comme moi - prendrai le temps d'analyser la situation exactement comme je l'ai fait. Alister le sait. Et évidemment il ne se gêne pas pour me le faire remarquer.

- Mais encore ? Insiste-t-il grincheux. Vous savez très bien que si je vous pose cette question, c'est pour avoir des détails ! « Tout va bien. » ce n'est pas suffisant. Ce n'est même pas une réponse ! Arrêtez votre cirque MANCINI ! Parlez !

Je n'aime aucunement recevoir les ordres pour la simple et bonne raison que je me considère comme celui qui les donne. Toutefois celui-ci ne vient pas de n'importe qui et si je veux pouvoir garder Salem auprès de moi encore longtemps je sais que je n'ai que le choix d'abdiquer. Mon ego en prend un coup mais Alister et moi étant seuls dans la pièce, loin des oreilles indiscrètes, je sais qu'il y survivra. De plus j'aurais pu sortir la même remontrance à un employé dissipé et le fait qu'Alister et moi-même ayons cette même façon de fonctionner me rassure. Lui non plus ne laissera jamais Salem, suivre sa famille biologique comme je l'ai énoncé dès le départ.

C'est vraiment une sale journée.

- Très bien. Je commence avant de moi aussi me tourner vers lui.

Les muscles de mes fesses me picotent quand je change de position. On devrai être dans un un bureau, et non dans une salle d'interrogatoire. Maintenant chacun en face de l'autre, la tension entre nous se fait pleinement sentir. Le retard des inspecteurs jouant en grande partie sur notre humeur, les murs de la pièces menacent de se fissurer. Alister qui ne m'a toujours pas pardonné d'avoir envoyé sa fille à l'hôpital me foudroie avec ses yeux bleus particulièrement claires aujourd'hui. Même si il n'a jamais été possible de déterminer d'entre FISHER et moi lequel des deux avait véritablement porté le coup à sa fille, mon beau-père n'en demeure pas moins amer et ne m'accorde aucunement le bénéfice du doute. Pour lui c'est comme si FISHER et moi avions frappés au même moment, le même endroit. Ses attaques visuelles sont fulgurantes, parfois déconcertantes tant elles sont intenses et sincères mais je tiens le coup et n'y réponds pas, d'abord par respect pour lui, mais aussi parce que je suis convaincu que ce que je vais lui annoncer sous peu lui fera reporter sa colère sur d'autres personnages. Du moins temporairement.

Plus que Tout ( tome2 )Where stories live. Discover now