Chapitre XXIII

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Un doux chant d'oiseau me parvient, un peu étouffé par l'oreiller, sur lequel je suis allongée. Après quelques minutes à écouter ce son mélodieux, je me lève en étirant mes bras et mes longues jambes engourdies. 

J'ai bien dormi. Et ce constat, bien que plaisant, me serre le cœur. Pourquoi ai-je un jour eu l'idée de quitter ce paradis ? Ici, j'avais tout : une femme aimante pour m'élever, des amis, je pouvais m'entraîner à n'importe quelle heure de la journée. J'étais libre. 

Mais accepter cette liberté, c'était perdre ma véritable famille. Et je crois qu'à l'époque, je n'aurai pas pu le supporter. Pas pu, ou pas voulu ?, me chuchote ma conscience. Je l'ignore, tout en sortant du lit. 

Le soleil n'est pas encore complètement levé et le spectacle qui m'est offert est presque surréaliste : un ciel rosé, sans le moindre nuage, au-dessus d'une eau translucide dans laquelle je peux presque voir quelques poissons nager.

— Enfin réveillée ?, m'apostrophe la voix de Samantha.

Je me retourne, surprise de la voir appuyée contre le chambranle de ma porte, qui est ouverte. Pourquoi est-elle ouverte ? La jeune Banshee est déjà habillée aussi, à la mode Amazone : un top assez ample de couleur gris, avec un bas de la même couleur, suffisamment souple pour pouvoir se battre. 

Elle a relevé ses cheveux en une queue de cheval haute assez serrée et sur son poignet, je remarque le bracelet de sa mère. J'avais totalement oublié qu'elle le portait en permanence, parce qu'elle le cachait dans les manches de ses nombreux sweat. Sur son autre bras, je remarque un bandage autour de sa main et je suis obligée de tourner la tête pour ne pas m'énerver.

— Ça te surprend ?, je demande, tout en me rasseyant sur le lit.

Samantha hausse les épaules avec une petite moue. Ses bras restent croisés sur ses épaules et elle semble regarder au-dessus de moi pendant qu'elle me parle.

— Pas vraiment. Je suis plus surprise par le fait que tu aies actuellement dormi, réplique-t-elle avec un mince sourire.

Je réprime un rire. C'est vrai que depuis quelques temps, le fait de dormir ne m'a pas paru nécessaire ou vital. C'était une sorte d'activité « en plus », si je ne savais pas vraiment quoi faire d'autre. 

En même temps, gérer l'Enfer, les Enfers et essayer de retrouver Samantha sont des activités suffisamment chronophages et je n'avais pas de temps de répit pour me permettre de dormir. Il y a un nombre de morts chaque jour... 

C'est assez impressionnant. Est-ce que les Humains aiment mourir ? Franchement, en voyant certains dossiers, le doute est permis. Cependant, afin de répondre à la jeune femme, je lève les yeux au ciel.

— Et pourtant, Dieu sait comme j'en avais besoin, je murmure.

J'entends Samantha pousser un petit cri de surprise alors je me tourne vers elle, les sourcils froncés. Les muscles tendus, prête à frapper n'importe quel intrus, je tombe juste nez-à-nez avec une Samantha mi- amusée, mi- choquée.

— Est-ce que tu viens de prononcer le mot « Dieu », pour exprimer autre-chose que « Dieu n'est qu'un vieux débile égoïste » ? Qu'avez-vous fait d'Aoile ?, déclare Samantha, les yeux rieurs.

Je plaque une main sur mon cœur, faussement choquée.

— Mais enfin Samantha, on parle de mon grand-père ! Tu sais à quel point j'aime ma famille voyons, je lance d'un air presque théâtrale.

Suite à ça, nous éclatons de rire. Nos éclats de joie emplissent la pièce et ne sont perturbés que par l'arrivée soudaine d'une guerrière Amazone. Cette dernière s'arrête juste avant le pas de la porte et me fixe, ce qui me permet de me calmer et retrouver un semblant de sérieux. 

Les Chroniques d'Idan (tome 2) : La Première ReineWhere stories live. Discover now