Toc, Toc, Toc...

- Mademoiselle TAYLOR, c'est Cannelle. Je vous apporte un thé.

Je me redresse pour venir m'assoir sur le rebord du lit.

- Une minute. J'arrive.

J'inspire un grand coup et tamponne mes yeux rougis avec le col de mon tee-shirt. Je refuse de regarder dans la direction de ma commode de peur de rencontrer mon reflet dans la glace. Je le sens, rien qu'à ma vue légèrement diminuée, que mes yeux doivent être gonflés et rouge d'avoir trop pleurés. Je dois avoir le visage cerné et moche. Inutile de m'infliger ça.

- Tout va bien ? retentit à nouveau la voix enfantine de Cannelle.

Le temps d'un instant j'hésite à répondre, et me demande quelle faute elle aurait bien pu commettre pour mériter de subir la vision de mon visage de déterrée, mais j'oublie vite lorsque je me rappelle qu'elle a avec elle un thé que ma gorge sèche d'avoir trop dégluti, réclame avec vigueur. Je me lève donc du lit et vais lui ouvrir.

- Bonjour mademoiselle. Me salut-elle en s'engouffrant aussitôt dans la chambre, plateau à la main. Monsieur s'est absenté et m'a demandé de... Elle n'arrive pas à s'empêcher d'écarquille les yeux quand elle rencontre mon visage mais se reprend vite. Eh bien, Monsieur MANCINI m'a demandé de m'assurer que tout va bien pour vous. Je vous ai fait du thé. Permettez-moi, mais j'ai entendu les éclats de voix, et je me suis dit que vous en auriez peut-être besoin.

Cette petite femme arrive presque à raviver mes larmes tellement sa bienveillance envers moi me touche. En même temps un rien serait capable de le faire, je suis tellement à fleur de peau ces temps-ci que regarder le café dégoûter suffirait à m'émouvoir.

- Merci Cannelle. C'était une bonne idée.

Je récupère la tasse fumante qu'elle me tend mais refuse la petite assiette de biscuits, l'estomac encore trop noué pour penser à avaler quelque chose de solide. Après les deux premières gorgées chaudes et sucrées juste comme il faut je me sens légèrement mieux. Cannelle qui s'éclipse très rapidement pour finir le déjeuner avant le retour des hommes, me laisse à nouveau seule avec mes songes. Postée devant la fenêtre qui donne sur le jardin et la petite maison, j'observe, enfilant chacun de mes souvenirs comme des perles dans leur file. J'ai provoqué tout ce qui m'arrive en ce moment ce n'est pas la peine de rejeter la faute sur les épaules d'une tierce personne. Toute cette semaine, je n'ai fait que me renfermer sur moi-même ce qui m'a valu l'inquiétude de mon entourage entier, le docteur HANS comprit et de Jamie. Je ne peux décemment pas lui en vouloir quand tous ses agissements, il les fait seulement dans le but de me sécuriser contre les démons qu'il perçoit dans la détresse qu'inévitablement je dois renvoyer. Surtout lorsque je sais qu'il m'aime aussi fort que je l'aime en retour. De cet amour presque trop dangereux et à l'équilibre encore trop précaire pour être vécu sainement. Avec Jamie, c'est tout ou rien, il n'y a pas d'entre-deux. Et plus il aime, plus il se fait intrusif dans la vie de la personne qui fait l'objet de son intérêt.

Bien sûr qu'il a été trop brusque lorsqu'il m'a affirmé qu'il me ferait toujours passer, moi avant Yiéva, quitte à la laisser mourir. C'est d'ailleurs pour cette raison que je lui en veux le plus. Parce que même si profondément je sais qu'il pense vraiment ce qui m'a dit, je sais qu'il aurait pu le formuler autrement. Il s'est simplement contenté de laisser parler sa colère, qui est hargneuse et souvent possède des attraits vindicatifs inimaginables. Il m'a broyé en-dessous d'elle d'abord, avant de se rétracter trop tard. Je suis surtout en rogne contre lui pour ce comportement que je croyais que maintenant il maîtrisait. C'est d'ailleurs ce qu'il m'avait affirmé le soir du gala. Et je l'ai cru parce que je l'aime profondément et j'ai besoin de lui dans ma vie.

Plus que Tout ( tome2 )जहाँ कहानियाँ रहती हैं। अभी खोजें