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J'arrive de bonne humeur au campus. Toute la nuit, je me suis monté le plan parfait. Le plan parfait pour gagner et enfin mettre fin à ce stupide jeu. Après plusieurs appels, plusieurs messages, j'ai réussit mon coup.

Je me dirige vers le hall, où j'aperçois mon groupe d'ami. Tandis que je m'approche d'eux, Grace se tourne vers moi avec un sourire moqueur sur le visage, ce qui me fait également sourire. Je salue tout le monde avant de m'arrêter face à Carl. Je lui fais signe de me suivre, et il s'exécute sans rien dire. Nous nous éloignons du groupe et je m'assois sur un banc. Il m'imite et s'assoit à mes côtés.

« Donc... Je voulais te redire encore une fois que je suis désolé de t'avoir fait peur comme ça, mais... » commence Carl.

« C'est fini Carl, on tire un trait sur cette histoire et on en commence une nouvelle, hein ? » dis-je en souriant.

« Tu m'avais manqué tu sais. »me dit-il avec un grand sourire.

« Toi aussi. »

Il me serre dans ses bras. Un sentiment de remords me ronge le coeur, et je n'ai qu'une envie à l'instant, c'est de me reculer et de lui mettre une bonne baffe dans la figure. Mais je dois gagner. Je joue la carte de la jalousie. Mais ça, Carl ne le sais pas. Un bon moyen pour se venger de ce qu'il m'a fait aussi.

Il finit par me lâcher, sans pour autant me quitter des yeux. C'est alors qu'il avance sa tête vers la mienne, et je sens rapidement le bout de ses lèvres tout contre les miennes. J'accentue le baiser, en essayant de m'imaginer chaque garçon, sauf Carl.

Ce baiser est intense, et il me parait une éternité. Et quand il se finit enfin, j'ouvre les yeux et droit devant moi, à plusieurs mètres, je peux voir une chevelure blonde me lancer un des regards les plus noirs.

Bingo.

« T'es sur que c'est une bonne idée Louise ? » me rabâche une fois de plus mon amie.

« L'autre soir Thomas s'est énervé quand je lui ai parlé de Carl, je crois que là il va vraiment péter un câble ! » souriais-je.

« Je sens les problèmes arriver.. » dit Grace.

« T'inquiète. » la rassurai-je avant de jeter un regard au professeur de philosophie.

J'ai encore fini tard ce soir, et cette journée pleine d'émotions a eu raison de moi. Après une douche, un coup d'oeil sur mes devoirs à faire, je me cuisine un bon petit plat que je mange devant un film à l'eau de rose.

De : Thomas
Tu foutais quoi avec ce connard??

A : Thomas
Ce connard est mon petit ami.

De : Thomas
Ton petit ami qui a baisé une fille en vacances alors que tu étais désespérément amoureuse de lui ?

A : Thomas
On est passé à autre chose.

De : Thomas
Il n'a pas changé.

A : Thomas
Si, les gens changent forcément.

De : Thomas
Non. Les gens restent les mêmes. Personne ne peut les changer, encore moins toi. Ce fils de pute reste un fils de pute. Je suis sur qu'à cette heure ci il est déjà au lit avec une de ces bombasses de l'université.

A : Thomas
Tout le monde évolue d'une façon et d'une autre. Il n'y a que toi qui ne change pas, parce que tu ne le veux pas. Là est la différence.

De : Thomas
Tu ne me connais absolument pas Louise.

A : Thomas
Tu ne donnes pas envie de te connaitre Thomas.

De : Thomas
Je m'en fiche, je ne veux pas qu'on me connaisse. J'ai besoin de personne t'as compris ?

A : Thomas
De toute manière personne n'est là pour toi, rend toi à l'évidence Thomas.



Et il n'a pas répondu.  Il n'a pas répondu à mon message. J'ai mal au coeur. Je lis et relis la conversation une fois dans mon lit, et je me demande si je ne suis pas allé trop loin. Parce que au fond, oui, je ne le connais pas.

Ce sont des coups sur la porte qui me sortent de mon sommeil. Il est deux heures et demi. Les coups sont forts et répétitifs. J'ai peur. Est-ce un voleur ? Je colle mon oreille à la porte.

« Louise.. Ouvre moi bordel. »

Je reconnais immédiatement la voix de Thomas, et j'ouvre la porte. Il est devant moi, les cheveux en bataille. Il a une bouteille à la main. Il est totalement déchiré, et se balance d'un pied sur l'autre. Je ne vois presque plus ses yeux sombres tellement qu'ils sont rouges et plissés.

Et c'est à ce moment, que j'ai cru, que lui, que Thomas, le mec le plus solide que je connaisse, le mec sans cœur, allait pleurer. Ses lèvres tremblotent et il reste là, sans rien dire.

« Viens. »

Je le laisse entrer et je referme immédiatement la porte.

« T'as bu Thomas ? » lui demandais-je autoritairement.

« N... Non. »

En un seul mot, sa voix tremble et déraille. Il s'en rend compte et il avale sa salive.

« Je suis un con Louise, un bon à rien, personne veut de moi. » dit-il à haute voix.

Je soupire.

« Assied toi. »

Je lui retire la bouteille des mains, et quand je la porte à mon nez, l'odeur de cette liqueur me donne la nausée. Je lui tiens le bras pour l'aider à s'assoir sur le canapé. Et je reste là, à le regarder, sans trop savoir quoi dire.

« Alissa. Elle s'appelait Alissa. » commence Thomas.

Je lève les yeux vers lui, comme pour l'encourager à continuer.

« On est resté plus de deux ans ensemble. Elle a été ma première amie, ma première meilleure amie, et ma première petite amie. C'est la seule qui a su me supporter, me comprendre, m'aider. Puis elle est partit. Elle est morte. Elle est morte putain ! »

Après derniers mots, j'entends mon cœur se briser. Je n'étais pas au courant de tout ça.  Ses yeux sont pleins de larmes. Je ne l'ai jamais vu comme ça, et je n'aurais jamais pensé avoir a faire avec un Thomas défoncé, et brisé.

Je me lève et je lui prépare un verre d'eau que je lui tends, en m'accroupissant devant lui.

Il porte le verre à ses lèvres avant de me le redonner.

« Elle te ressemblait tellement. » dit-il avant de poser ses mains sur chaque côté de ma tête.

Il me regarde droit dans les yeux, et je reste silencieuse.  Puis il prend une de mes mains pour me tirer contre lui. Je m'assois à ses côtés, et il passe son bras autour de moi. Il pose sa tête sur la mienne. Il sent cette horrible odeur d'alcool, mais je ne bouge pas. De sa main droite, il caresse mes cheveux pendant de longues minutes, si ce n'est des heures.

Puis il ne bouge plus. Il a du s'endormir. Je m'écarte le plus doucement possible de lui pour ne pas le réveiller puis je le regarde endormi. Il m'a tellement fait de la peine. Je le couche confortablement sur le canapé et le couvre d'un plaid. Inconsciemment, je passe ma main dans ses cheveux blonds et sur son front. Puis je regarde l'heure. Il est quatre heures.

P L A Y    W I T H    M E   (Thomas Sangster)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant