Chapitre 2 - Danse - 2009

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La fête battait son plein dans l'appartement de Thibault dans lequel il vivait maintenant depuis deux ans, accompagné de Simon et Florian qui avaient convié plusieurs de leurs amis. Emmanuelle n'avait pas été très à l'aise au départ, comme elle l'appréhendait, mais restant impassible et après quelques efforts dissimulés, elle réussit à se mêler aux autres. Cela faisait maintenant quelques heures que la jeune femme enchaînait les verres sans vraiment en prendre la mesure, laissant les effluves de l'alcool agir sur son esprit qui peu à peu se débridait. Le rouge lui était monté aux joues, elle sentait la chaleur à la surface de sa peau. En tournant les yeux vers le balcon, elle remarqua qu'il était vide et s'adressa rapidement au jeune homme avec qui elle conversait depuis quelques minutes : « Excuse-moi je vais prendre l'air un peu. ».

Après avoir esquivé les invités qui s'entassaient dans tous les recoins du salon, Emmanuelle arriva enfin à ouvrir la baie vitrée, se jetant presque sur la rambarde après avoir senti le courant d'air fouetter son visage. Elle inspira longuement, cherchant à faire rapidement descendre sa température corporelle.

« Ça va ?, la jeune femme sursauta en entendant ces mots, son regard se posa alors sur un homme adossé au balcon en fer forgé.

- Oh ! Euh..., hésita-t-elle. Oui oui ça va merci, j'avais juste un peu chaud là-d'dans.

- Tu m'étonnes, c'pire que l'sauna...

- Clairement, puis y a personne à poil dans l'salon en plus, contrairement au sauna..., commença-t-elle. Pardon !, il était temps d'arrêter de boire pensa Emmanuelle, son interlocuteur n'avait peut-être pas le même humour. Mais un rire discret brisa le silence et indiquait alors le contraire.

- T'as qu'à lancer l'mouvement !

- J'suis pas sûre qu'ça plairait à tout l'monde, elle s'accouda à la rambarde.

- À moi déjà, c'est suffisant, dit le jeune homme en souriant malicieusement. Emmanuelle se tourna vers lui et l'observa rapidement. Il était de taille moyenne, ses cheveux bruns cachés sous une casquette noire, une cigarette coincée entre ses lèvres minces. Presque par mimétisme, elle sortit alors son tabac de son sac à main avant que sa nouvelle rencontre ne lui tendît son paquet ouvert.

- Tiens, vas-y, ça m'rend triste les gens qui roulent.

- Oh, murmura Emmanuelle. Merci. Ça t'rend triste ?

- Ouais, z'êtes en galère là avec vos feuilles, vos miettes, faut pas d'vent, pas d'pluie, pas d'neige, y a rien qui va dans vot' projet là !, la jeune brune soupira et sourit en contemplant le ciel noir, aucune étoile n'y scintillait à cause des lumières de la ville, « trop de pollution visuelle » comme lui disait son père, ses lèvres s'étirèrent un peu plus avec ce souvenir. T'penses à quoi ?

- A la pollution visuelle, répondit Emmanuelle expirant sa fumée sans quitter des yeux la nuit.

- Hein ?, le jeune homme s'installa à ses côtés.

- On voit pas les étoiles parce que y a trop d'lumière ici.

- Ah ouais... C'est l'inconvénient d'la ville lumière, c'est cocasse, la brune pouffa sans retenue. Bah quoi ?

- Non rien !

- Tu t'fous d'ma gueule en fait ?, il la poussa gentiment de son épaule.

Liberian Girl - NKFWhere stories live. Discover now