Dixième bonbon - 1/1

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Laè s'était beaucoup plus à la maison. Il était resté de longues années sans se soucier de rien. Mais très vite, ses complexes étaient apparus. Il s'était trouvé trop rude, trop rustre pour ses nouvelles fréquentations, pour les salons précieux de la maison et ses pâtisseries délicates. Il n'avait jamais été aussi raffiné que ce groupe auquel il voulait tellement appartenir. Et de la peine de ne pas pouvoir vraiment être comblé par cette nouvelle vie, était née la nostalgie de l'ancienne.

Il était certain maintenant que sa place n'était pas ici. Il n'y avait plus rien pour lui dans cette maison, à part un peu plus de regret et de ressentiment.

Les lucioles s'agitèrent dans les airs, avant de s'envoler, effrayées par l'arrivée de Purr.

Le loup-garou s'était débarrassé de ses beaux vêtements lui aussi, torse nu dans la nuit fraiche. Il s'assit sans rien dire à côté de Laè et ce dernier l'observa en poussant un soupir. Il se doutait que le lycan viendrait le rejoindre. Mais il ne pensait pas qu'il aurait un regard aussi dur.

– Purr... dit-il à voix basse.

– Depuis quand t'avais l'intention de t'en aller ?

Le lycan l'avait coupé sèchement, ramenant ses genoux vers lui pour observer les lucioles revenir flotter dans les airs. La surprise passée, Laè recommença à glisser les doigts dans l'herbe verte.

– Ça faisait quelques mois que j'y réfléchissais.

– Et t'as pas pensé que ça m'intéresserait de le savoir ?

Laè ne dit rien, prit en faute. S'il n'avait rien dit à personne, c'était précisément pour éviter ce genre de réactions. Cela faisait pourtant quelques jours qu'il s'était glissé dans le bureau de Mordigann pour lui parler de sa décision. Contrairement à ce qu'il avait redouté, le patron n'avait rien dit, avait accepté son choix avec un calme étonnant. Comme si ça le soulageait. Ses provocations incessantes avaient peut-être eu pour but de le pousser plus vite au départ. Laè ignorait pourquoi, et n'avait dans le fond aucune envie de le savoir.

– Qu'est-ce que tu vas faire, dehors ? demanda Purr d'une voix plus basse.

Le Selkie haussa doucement les épaules.

– Chercher ma peau... Jusqu'à ce que je puisse rentrer chez moi.

Purr renifla, les bras enroulés autour de ses genoux, fixant obstinément la forêt à la pâle lueur jaune des lucioles.

– C'est ici chez toi, dit-il d'un ton presque boudeur.

Le voir faire l'enfant aurait sans doute profondément agacé Laè quelques temps plus tôt, mais il se contenta d'esquisser un petit sourire.

– Ça l'a été... un peu. Mais ça ne pourra jamais vraiment l'être.

Il poussa une profonde inspiration et leva les yeux pour observer le ciel. Comme Purr ne répondait pas, sans doute aussi boudeur que vexé, il continua.

– Et puis si jamais je ne retrouve pas ma peau... ça sera l'occasion de voir le monde.

Changer d'air, quitter les murs de la maison pour découvrir ce qui se cachait ailleurs. Il n'était plus le Selkie terrifié à la recherche de sa peau, qui s'était réfugié dans la maison pour fuir cet univers inconnu dans lequel on l'avait propulsé. Il avait mûri, grandi, appris des choses. Le monde extérieur ne lui faisait plus peur. Il était même devenu curieusement attirant.

– Je vais aller revoir la mer.

Laè ferma doucement les yeux. La vraie mer, sans limite, pas les illusions brumeuses de la salle de bain de la maison. Ça allait sûrement être douloureux mais il sentait qu'il en avait aussi profondément besoin. Les paupières closes, il pouvait presque entendre le roulis des vagues à la place des sons tranquilles de la nuit.

Fancy CandiesWhere stories live. Discover now