Sixième bonbon - 3/5

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Adrian laissa courir ses doigts le long des hanches souples d'Elendil. Le dos calé dans un énorme coussin blanc, le prince était plus assis qu'allongé, la nudité altière. Il exhala un soupir satisfait.

– J'ai eu raison de vous faire confiance, Elendil.

L'elfe sourit avec une modestie feinte. Bien sûr qu'il avait eu raison. Un petit prince était bien assez pour deux, une fois qu'on lui avait fait croquer dans le bon biscuit sablé pour lui donner un peu plus d'énergie. Il n'y avait rien de plus flatteur pour une virilité royale que d'être capable de satisfaire deux créatures affamées en même temps. Et d'être encore capable de les honorer de multiples orgasmes, comme en témoignait la colonne de chair toujours logé entre les cuisses d'Elendil, encore fièrement tendue alors qu'il ruisselait toujours de sa royale liqueur.

Chevauchant le jeune prince, suavement penché sur lui, Elendil tentait d'occulter cette sensation aussi plaisante qu'inconfortable. Il avait connu des clients bien plus endurants que ça, et qui eux, remplissaient véritablement son corps chaque fois qu'ils venaient en lui. Mais pour un humain... il devait avouer que les biscuits revigorants d'Inari s'étaient révélés efficaces.

Il ne comptait plus le nombre de potentiels héritiers qui s'étaient gâchés dans ses draps, aux creux de ses reins ou dans la moiteur de sa gorge. Peut-être qu'il aurait dû se faire surnommer Régicide, au lieu de Roi Elendil. Mais Mordigann n'aurait peut-être pas goûté à la plaisanterie graveleuse.

– Je vous l'avais dit, mon prince... deux langues valent mieux qu'une.

Il illustra ces paroles en se pourléchant les babines, dardant cette même langue, agile et rosée, qui avait combattu celle de Flocon pour la primeur de goûter au sceptre royal. Adrian semblait avoir apprécié la joute, appuyant sur l'une et l'autre de leurs nuques pour décider entre quelles lèvres roses il voulait se glisser, quand il ne se retrouvait pas coincé entre leurs joues, toutes les deux aussi douces que la peau des abricots.

– J'ignorais que cette maison contenait un tel trésor. J'accordais si peu de crédit aux racontars des courtisans...

– Parfois, les rumeurs peuvent être vraies, susurra Elendil en capturant les larges mains du prince pour l'inciter à caresser à loisir son corps tiède.

Adrian se laissa faire, envoûté. L'elfe connaissait son affaire.

Elendil savait cultiver sa beauté d'elfe, aussi masculine qu'éthérée. Il cachait sous des vêtements élégants des trésors raffinés de joaillerie et d'orfèvrerie. Avec une pince ou un peigne en or, il attachait toujours ses cheveux au-dessus de sa nuque pour la découvrir, et dégager ses longues oreilles. Sa chevelure retombait sur ses reins comme un voile brillant et soyeux, qui accompagnait avec grâce chacun de ses mouvements. Il coiffait soigneusement sa frange pour qu'elle mette en valeur les tiares en or qui ceignaient son front, serties en leur milieu d'un joyau chaque jour différent, s'il voulait faire ressortir l'éclat bleu ou vert de ses grands yeux.

Il ne portait pas de colliers ni de bagues, trouvait que ces artifices le rendaient trop féminin, alors qu'il voulait cultiver l'ambiguïté de sa beauté. Mais il ne se privait pas de porter de larges manchettes et des bracelets joncs. Et parfois d'autres bijoux plus subtils et raffinés, qui soulignaient le pouvoir érotique de ses hanches ou l'arrondi d'un téton. Il les réservait pour les occasions particulières, pour surprendre, étonner, séduire ses clients privilégiés. Toujours de l'or jaune, jamais d'autres teintes ou d'autres métaux. Il voulait être lumineux, brillant, solaire. Les autres matériaux, sur sa peau blanche, faisaient penser à la lune plutôt qu'au soleil.

Adrian était indéniablement sous le charme. Il caressa du dos de la main l'ovale du visage d'Elendil, et ce dernier happa au passage l'un de ses doigts qu'il suçota goulument.

– Sa majesté désirerait confirmer mes talents... ? ronronna-t-il en lapant la pulpe de son doigt.

Le jeune prince répondit par un rire et se laissa tomber en arrière dans l'oreiller, contredisant la vigueur de son membre, solidement planté entre les reins de l'elfe.

– Plus tard... je ne voudrais pas t'épuiser comme ce pauvre Flocon...

Ils jetèrent un regard amusé à l'intéressé, qui dormait à leur côté.

La fée dormait du soleil du juste, complètement éreintée. Les boucles de ses cheveux étaient à moitié brisées, étalées tout autour de son visage assoupi. Couché sur le flanc, il leur tournait le dos, sans doute pour ne pas être dérangé et pouvoir continuer sa sieste en paix. Un voile de soie blanche cachait à peine l'une de ses cuisses nues, et la chute de ses reins était encore humide.

– Il a l'air si pur, souffla Adrian d'un ton subjugué.

Elendil faillit s'étrangler. Le pauvre prince devait être persuadé d'avoir complètement éreinté sa pauvre petite fée fragile, qu'il croyait initier depuis quelques temps déjà aux plaisirs de la chair.

Adrian ne semblait pas vouloir admettre que Flocon était loin d'être débutant. Il ne l'était plus depuis longtemps, et ce bien avant leur première rencontre.

En attendant, le prince devait être assez fier d'avoir réussi à assommer son insatiable petite fée. Du sommeil, Elendil voulait bien croire que Flocon en avait besoin, mais sans doute pas à cause d'Adrian. Plutôt par la faute des cinq Leprechaun qui étaient venus lui rendre visite plus tôt dans la matinée. Leur arrivée avait même un peu surpris Elendil, surtout quand Lotis avait demandé, d'une voix haute et distincte, s'ils n'étaient pas seulement quatre, la dernière fois qu'ils s'étaient présentés.

– Vous l'avez vaincu, souffla Elendil en flattant du bout des doigts les pectoraux du prince.

Ce dernier eut une moue songeuse en observant la jolie fée, attendri.

– Je lui avais ramené un présent... je n'aurai même pas eu le temps de le lui... oh !

Il observa soudain Elendil, l'air ontrit, comme s'il venait seulement de se rappeler d'un insignifiant détail. De son érection toujours logée entre les cuisses de l'elfe, installé à cheval sur ses cuisses ?

– Je suis navré... je n'ai rien pour vous, bredouilla-t-il avec une naïveté touchante.

Elendil ne put s'empêcher d'éclater de rire, de sa voix chaude et chantante.

– Je ne sais pas ce qu'on vous a dit sur moi, mais ça ne devait pas être flatteur. Je ne vais pas vous faire une scène parce que vous avez un présent pour lui et pas pour moi.

Il caressa doucement la mâchoire du jeune prince, aussi tendre qu'enjôleur.

– Et j'ai déjà été suffisamment gâté, vous ne trouvez pas ? lui fit-il remarquer avec une œillade amusée, désignant tous les bijoux qui le paraient.

Adrian sourit d'un air un peu rêveur, un sourire plein de charme, dont il n'avait probablement même pas conscience.

– Aucun bijou ne serait trop beau pour honorer votre beauté.

– Alors honorez-moi d'une autre façon ? le provoqua l'elfe en se penchant pour lui mordiller la lèvre inférieure.

Adrian descendit ses mains le long de l'échine d'Elendil, en une longue caresse qui s'éternisa sur la chute de ses reins. La proposition semblait lui plaire et le sourire de l'elfe s'élargit. Il ancra ses prunelles aux yeux envoûtés d'Adrian, pour recommencer à bouger suavement sur sa hampe.

Même s'il ne se défendait pas si mal, surtout après avoir mangé sans le savoir quelques petits biscuits spéciaux, le petit prince était loin d'avoir le coup de rein sauvage de Mordigann. Être au-dessous d'Adrian après avoir été écrasé par le torse puissant du patron, c'était comme faire du trot sur un poney après avoir galopé avec un somptueux étalon. Alors Elendil préférait rester dessus, pour pouvoir mener la chose à son goût.

Et puis d'abord, pourquoi seulement penser à faire la comparaison ? Il se fichait bien des coups de rein de Mordigann.

Ils ne lui manquaient pas. Il pouvait très bien vivre sans.

oOo

Fancy CandiesWhere stories live. Discover now